«La Lettre», le documentaire sur «Laudato si'» en ligne sur YouTube
Au Vatican a eu lieu le 4 octobre 2022 la première projection du film «La Lettre», un documentaire diffusé par YouTube Originals et consacré au message de l’encyclique Laudato Si’. Le film d’1h20 met en scène quatre témoins du dérèglement climatique dans une conversation avec le pape François.
C’est le jour de la fête de saint François d’Assise qu’a été projeté en avant-première le film ›La Lettre’ devant des responsables de la Curie, dont le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, des ambassadeurs ou bien encore l’équipe du film, tous réunis dans la Salle du Synode du Vatican. Le film, désormais disponible sur la plateforme YouTube, a été produit par la société Off the Fence, et sponsorisé par des donateurs privés et des chaînes nationales.
Au-delà des images spectaculaires d’une nature qui se dérègle, le documentaire veut incarner ces bouleversements à travers le portrait de quatre personnalités singulières.
Ainsi, le film emmène le spectateur sur les pas du chef indigène brésilien Cacique Odair Dadá Borari, de l’activiste indienne de 14 ans Ridhima Pandey, d’un couple de scientifiques des États-Unis ou bien de l’étudiant sénégalais Arouna Kandé, réfugié climatique. Ce dernier, né dans un petit village du Sénégal, travaillait à la ferme, au beau milieu des chèvres et des poules. Mais la destruction progressive de son environnement a poussé ce musulman à quitter son village.
1,2 milliard de réfugiés climatiques en 2050
À propos de la ville côtière de Saint-Louis, il raconte que la montée des eaux a déjà contraint des milliers de personnes à fuir leur maison. Selon les experts, alerte alors le documentaire, 1,2 milliard de personnes seront déplacées à cause du changement climatique d’ici à 2050.
Au début du film, Arouna Kandé, tout comme Ridhima Pandey et les autres acteurs du documentaire, reçoivent tous une invitation personnelle du pape François, «La lettre».
«Une tour de l’arrogance»
En les recevant au Vatican, le pape commence par les écouter. Puis, donnant une lecture du récit biblique de la Tour de Babel, il se désole: «Nous érigeons une tour de l’arrogance humaine, avec les briques du pouvoir, les briques de l’économie. Et des milliers de personnes travaillent comme des esclaves à cette construction. Si un esclave tombe, il ne se passe rien. Mais on fait un pas de plus. Si la nature s’écroule, il ne se passe rien».
L’auteur de l’encyclique Laudato Si’ accuse encore cette «arrogance économique, l’arrogance du pouvoir d’une minorité qui se sert de tout, des gens, de la nature. Ils se servent et ils détruisent».
Dans une autre séquence du film, le pape explique la façon dont a germé l’idée de son encyclique. «J’ai senti que je devais parler. J’ai réuni des scientifiques et je leur ai demandé d’identifier clairement les problèmes; puis j’ai rencontré des théologiens et je leur ai demandé: «Que peut-on dire dessus? C’est grave». Et ainsi est née Laudato Si’».
François «a bien pressenti le moment»
Lors d’une conférence de presse organisée le même jour au Vatican, le réalisateur du film, Nicolas Brown, a confié que l’humanité était désormais dépassée par le changement climatique. Avec son encyclique, le pontife «a bien pressenti le moment», a ajouté le vainqueur d’un prix Emmy, souhaitant tirer la sonnette d’alarme pour la survie de la planète.
Pour le cardinal Michael Czerny, préfet du dicastère pour le Service du développement humain intégral, partenaire de l’initiative, le film veut renvoyer chacun à sa conscience et à sa responsabilité personnelle. En matière d’écologie, a-t-il affirmé, «l’unique étape que je dois considérer, c’est ma prochaine étape».
Invitant à démasquer ses propres résistances à une vraie conversion écologique, le prélat canadien a estimé que «l’un des ennemis de Laudato Si’» était le mot «vert». Un adjectif selon lui réducteur, qui risque de relayer le document à «quelque chose qui ne nous concerne pas».
Réagissant de leur côté, les deux plus jeunes protagonistes du film, ont exprimé leur ferme volonté d’agir. «Ma famille au Sénégal n’a rien fait pour causer la sécheresse de notre village et les inondations en ville. Nous cohabitons avec les choix faits par d’autres personnes. Mais le futur est en train d’arriver, il est à moi et je le conduirai bien», a ainsi assuré Arouna Kandé dans un communiqué.
«Nous les jeunes, nous disons ›ça suffit’, a appuyé Ridhima Pandey. Les adultes doivent faire mieux. Et je n’ai pas l’intention d’attendre que vous trouviez une solution. Croyez-moi, mes efforts ne font que commencer». (cath.ch/imedia/ak/hl/bh)