Sarajevo: La rencontre interreligieuse se termine par un appel à la paix
La guerre s’est arrêtée à Sarajevo, mais la paix n’est pas encore en place
Sarajevo, 12 septembre 2012 (Apic) C’est par une procession, une prière et un appel à la paix adressé à toutes les religions que s’est terminé, mardi 11 septembre, la rencontre interreligieuse de Sarajevo en Bosnie-Herzégovine. Des centaines de leaders politiques et religieux venus de 60 pays se sont rassemblés durant trois jours à l’invitation de la communauté Sant’Egidio.
Depuis la Journée mondiale pour la paix d’Assise en 1986, à l’invitation de Jean Paul II, la communauté de Sant’Egidio organise des rencontres internationales annuelles dans l’esprit d’Assise. Elles visent à mettre les religions au service de la paix. Depuis 2002, ces rassemblements ont lieu en septembre, notamment en référence aux attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.
L’analyse de Mgr Zovkic, vicaire général du diocèse de Sarajevo de 1981 à 2008, sur l’état de la cohabitation effective entre les religions dans une cité où d’innombrables façades gardent la trace des tirs d’obus, est sans concessions, rapporte le quotidien français La Croix. «La guerre s’est arrêtée mais les conditions d’une paix juste n’ont pas été mises en place», tranche-t-il. Et il le dit sans ambages: à Sarajevo, ville majoritairement musulmane, les catholiques souffrent de discriminations, notamment à l’embauche. Beaucoup ont d’ailleurs fui : leur nombre, estimé à 35’000 pendant la guerre, s’élèverait à 11’000 sur une population totale de 420’000 habitants.
Le traitement qui leur est infligé tient moins à leurs convictions religieuses qu’à leur nationalité croate. Ici, la confusion est mise en évidence par tous, quelle que soit la religion. L’identité ethnique se confond avec l’identité religieuse: les Sarajéviens sont d’abord bosniaques, croates ou serbes.
Présence du patriarche orthodoxe de Serbie
Dimanche 9 septembre, lors de la soirée inaugurale, le cardinal Vinko Pujlic, archevêque de Sarajevo, le grand mufti de Bosnie-Herzégovine Mustafa Ceric, et le président de la communauté hébraïque Jacob Finci, siégeaient à la tribune aux côtés de Irénée Ier, patriarche de l’Église orthodoxe de Serbie, dont la venue revêtait une forte charge symbolique, indique La Croix. Dans leurs discours, tous ont témoigné de leur volonté de poser les bases d’une société pacifique et harmonieuse, qui donne à chaque communauté les moyens de vivre ensemble.
Dans un message adressé aux participants, le pape Benoît XVI a souligné que la négation de Dieu et l’instrumentalisation de la religion représentent le double risque d’entraîner une violence sans limite, relève l’agence I.Media à Rome. «Les effets de la convergence de ces deux forces négatives se sont, entre autres, faits sentir de façon dramatique dans la ville de Sarajevo», a déclaré le pape. Cette guerre, débutée il y a 20 ans, a apporté la mort et la destruction dans les Balkans. Dans son message, envoyé par le cardinal secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone, le dialogue est présenté comme la solution pour la paix, contre la «culture de l’affrontement».
Le siège de la ville de Sarajevo avait débuté le 5 avril 1992 par le contrôle de l’aéroport international par l’armée yougoslave. Il a pris fin le 29 février 1996. Avec une durée 1’425 jours, il est le plus long siège du 20e siècle. Près de 11’500 habitants de toutes ethnies, dont 1’600 enfants, y ont connu la mort. (apic/kna/imedia/lacroix/bb)