La Floride interdit l’avortement après six semaines
L’interdiction de l’avortement après six semaines est entré en vigueur le 1er mai 2024 en Floride qui rejoint ainsi les Etats les plus stricts en matière d’interruption de grossesse aux Etats-Unis. Mais un référendum en novembre risque de faire basculer la situation.
Avec l’interdiction de l’avortement après la sixième semaine de grossesse, la Floride rejoint le cercle des Etats américains le plus restrictifs en matière d’IVG. Comme l’avortement n’est plus autorisé dès qu’un battement de cœur de l’enfant peut être constaté, on parle également de «lois sur les battements de cœur» (Heartbeat Bills) Cette même interdiction existe par exemple en Géorgie ou en Caroline du Sud.
Les seules exceptions à ce délai de six semaines concernent les grossesses consécutives à un abus sexuel, à un inceste ou une urgence médicale mettant en danger la vie de la mère.
Le gouverneur républicain de Floride Ron DeSantis avait déjà signé la loi en avril 2023. Mais elle a été contestée par des groupements pro avortement devant la cour suprême Floride à Tallahassee. La cour a rejeté ces recours et autorisé sa mise en vigueur à partir du 1er mai 2024.
Critique de la Maison Blanche: «interdiction extrême»
Les milieux ›pro-life’ ont salué la nouvelle législation comme une «raison de se réjouir», tandis que les partisans de l’avortement ont qualifié la loi de «terrible restriction des droits reproductifs des femmes».
La Maison Blanche a également réagi de manière critique: la porte-parole du président américain Joe Biden, Karine Jean-Pierre, a parlé d’une «interdiction extrême» et a fait remarquer que de nombreuses femmes ne savaient même pas qu’elles étaient enceintes après six semaines.
Jusqu’à présent, la Floride était considérée comme un point de chute pour les femmes de plusieurs États du Sud voisins, dans lesquels des interdictions de l’avortement sont déjà en vigueur. Plus de 6’000 femmes en provenance de l’Alabama et de la Géorgie se seraient rendues chaque année en Floride pour avorter. Les cliniques d’avortement de l’Etat affirment qu’au moins 40’000 personnes devraient désormais être refusées chaque année.
Un référendum pourrait conduire à une modification de la Constitution
Cette situation n’est toutefois pas définitive. En novembre, les citoyens de l’Etat se prononceront par référendum sur l’opportunité d’inscrire dans la Constitution un droit à l’avortement jusqu’à la viabilité du foetus soit la 24e semaine de grossesse (12 à 14 dans les pays d’Europe NDLR). Pour aboutir, ce référendum doit obtenir une majorité qualifiée de 60% des voix. Ce seuil, considéré comme élevé, n’est cependant pas insurmontable. Les tentatives d’empêcher le référendum ont échoué devant les tribunaux.
Depuis l’invalidation par la Cour Suprême des Etats-Unis en 2022 de l’arrêt Roe vs Wade de 1973 autorisant le droit à l’avortement sur l’ensemble du territoire américain, plusieurs États ont déjà voté pour inclure un droit à l’avortement dans leur constitution. Les partisans de l’avortement l’ont toujours emporté, même dans des États conservateurs comme l’Ohio. Dans la plupart des cas, l’avortement n’est soumis à aucun délai ni condition. (cth.ch/ag/mp)