«La finance risque de finir en pyramide de Ponzi»
«Au cours des dernières décennies, l’économie a été engendrée par la finance, et la finance risque de finir comme la pyramide de Ponzi*, où l’on croit qu’il y a beaucoup et finalement il n’y a rien», a déclaré le pape François. Il s’exprime ainsi dans un vidéomessage adressé le 30 juin 2021 aux participants de la XXIVe réunion de l’Association chrétienne des dirigeants d’entreprise (ACDE).
Le système de Ponzi ou «Pyramide de Ponzi» est un montage financier frauduleux qui consiste à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants. Lorsque les nouveaux arrivants se raréfient, la dynamique de la chaîne se brise et la bulle éclate: les derniers et nombreux investisseurs sont spoliés.
Dans la vision chrétienne de l’économie et de la société, la communauté, pour être juste, doit intégrer tout le monde, a ainsi souligné le pape «Les syndicalistes et les hommes d’affaires, les travailleurs et les dirigeants». Pour cela, «nous devons emprunter la voie de l’économie sociale», a-t-il insisté. Il a invité pour cela à revenir à «l’économie du concret», synonyme d’économie sociale.
«Investir, c’est donner la vie»
Saluant l’attitude exemplaire du fondateur de l’ACDE Enrique Shaw, entrepreneur chrétien du 20e siècle reconnu vénérable par l’Église catholique le 24 avril dernier, le 266e pape a encouragé les petites et moyennes entreprises (PME), véritables sources de la créativité, à «tendre vers le bien commun» et «générer des emplois».
«Investir, c’est donner la vie, c’est créer», a-t-il poursuivi. Fidèle à son attachement pour les petites entreprises, le pontife argentin a critiqué les «grands investisseurs» qui, au moment où tous «trinquent à l’accord», «en font un autre sous la table», entre eux. Dans son message, le pape a toutefois reconnu que les choses étaient plus «compliquées» et qu’il les simplifiait.
L’entreprise pour le bien commun
Au sortir de la crise sanitaire, l’évêque de Rome a jugé plus important que jamais de rappeler une conviction déjà formulée par Benoît XVI dans Caritas in veritate, et exprimée avec force dans Laudato si’ (§ 129): «L’activité d’entreprise, qui est une vocation noble orientée à produire de la richesse et à améliorer le monde pour tous, peut être une manière très féconde de promouvoir la région où elle installe ses projets; surtout si on comprend que la création de postes de travail est une partie incontournable de son service du bien commun». (cath.ch/imedia/at/rz)
*L’expression espagnole employée, celle de «chaîne de saint Antoine», est retranscrite par celle de la «pyramide de Ponzi».