La Famille Marie Jeunesse accusée d'abus
La Cour supérieure du Québec a autorisé un recours collectif contre la Famille Marie-Jeunesse (FMJ). Toute personne, domiciliée au Québec, qui aurait été victime d’abus physiques, spirituels ou psychologiques au sein de cette communauté peut joindre cette action collective.
Présence Information Religieuse
La Famille Marie Jeunesse est une communauté nouvelle fondée au Canada dans les années 1980. Membre de la FMJ durant 17 ans, Pascal Perron, qui a quitté le groupe en 2014, à l’âge de 36 ans, a porté plainte contre elle pour abus, rapporte le site présence information religieuse.
Il reproche notamment à la communauté et à ses dirigeants d’avoir mis en place des règles «à ce point strictes et rigoureuses» qui ont eu pour effet de «détruire l’identité des individus qui en faisaient partie», «d’empêcher leur développement» et de rendre «leur réintégration dans la société civile extrêmement difficile ». Il se déclare aussi victime d’abus spirituel, qui eu comme conséquence «une perte de foi».
Le fondateur de Marie-Jeunesse, Réal Lavoie, ordonné prêtre en 2005, à l’âge de 57 ans, est mentionné à de nombreuses reprises dans le jugement publié le 13 septembre 2021. Le document lui reproche d’avoir «élaboré et mis en application un système fermé ou un stratagème sectaire qui a eu pour effet de rendre les membres du groupe complètement vulnérables et asservis à ses dirigeants et à la secte».
Liberté de choix?
Le jugement admet que «la vie en communauté est un choix de vie qui peut comporter des règles rigoureuses et strictes». Certaines congrégations, notamment les monastères cloîtrés, ont des règles encore plus sévères que celles adoptées par la Famille Marie-Jeunesse. Le rôle d’un tribunal n’est pas d’évaluer ces règles puisque toute personne adulte a le droit fondamental et la liberté d’adhérer à des règles imposées par un groupe religieux. La justice devra plutôt «examiner la question de l’existence ou non d’un système ayant privé le demandeur de sa liberté de choix».
Le tribunal devra décider en outre si les autorités de l’archidiocèse de Sherbrooke qui ont reconnu la FMJ en 2002, ont pris les mesures raisonnables afin de mettre un terme aux abus que les victimes leur auraient rapporté ou si elles ont consciemment choisi de les ignorer.
Seuls les membres internes québécois
Le jugement précise que seuls les membres ›internes’ de la FMJ pourront rejoindre l’action collective. La FMJ comporte en effet trois types de membres: les internes qui vivent dans les maisons de la communauté, les externes qui conservent la gestion de leurs biens et les prêtres et qui relèvent de l’autorité ecclésiastique compétente.
Le groupe proposé doit se limiter aux membres internes québécois et non pas aux membres qui ont joint la communauté à l’Île de la Réunion, en Belgique ou à Tahiti, où la FMJ avait des maisons jusqu’en décembre 2017.
Fondée en 1982, la FMJ a été reconnue comme une association publique de fidèles de type communauté nouvelle par l’archidiocèse de Sherbrooke en 2002. Actuellement la communauté compte 21 membres qui vivent à sa maison de Sherbrooke, explique son porte-parole Jean-François Pouliot. Des membres, en nombre non précisé, vivent toutefois à l’extérieur de la communauté. Depuis sa fondation, la FMJ a compté plus d’une centaine de membres qui auraient prononcé des ›engagement définitifs’, notamment au Québec et en Belgique.
En février 2019, un nombre inconnu de membres à engagements temporaires ou définitifs, dont les départs de la FMJ «ont pu se vivre plus douloureusement», ont reçu de l’archidiocèse de Sherbrooke une invitation à une démarche de soutien et de médiation.
Selon les avocats, une dizaine de personnes les ont déjà contactés en vue de se joindre à l’action collective. L’archidiocèse de Sherbrooke compte de son côté maintenir ses efforts de collaboration avec la justice. Plusieurs étapes judiciaires devront encore être franchies avant que l’action collective contre la FMJ soit définitivement approuvée ou rejetée. (cath.ch/pir/mp)