Le roi du Maroc Mohammed VI | © gouvernement marocain
Vatican

«La diplomatie spirituelle est un devoir», juge l’ambassadrice du Maroc

«La diplomatie spirituelle est devenue un devoir aujourd’hui dans un monde qui a perdu ses valeurs», a déclaré Rajaa Naji Mekkaoui, ambassadrice du Royaume du Maroc lors d’une conférence sur les relations entre le Saint-Siège et son pays, organisée par sa représentation à Rome, le 16 mai 2022.

Vantant les mérites du «modèle marocain» de coexistence des croyances, plusieurs représentants du royaume chérifien – dont le conseiller du roi Mohammed VI, André Azoulay – ont appelé à s’inspirer de cette «terre de religiosité» pour agir en faveur des grands défis du siècle, notamment en matière de paix. 

La rencontre était présidée par le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État, qui a rendu hommage au Maroc devant une trentaine d’ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège, le décrivant comme une terre «de rencontre des civilisations» et comme un «pont naturel entre l’Afrique et l’Europe». Évoquant aussi sa «tradition de tolérance», il a assuré que les «valeurs spirituelles et morales» que le Saint-Siège et le Maroc avaient en commun pouvaient aider le monde, au contraire des «idéologies et slogans».

Le «bras droit» du pape François a aussi souligné la nécessité de lier la question de la paix à celle du développement, donnant en exemple l’organisation en mars dernier du 9e Forum mondial de l’eau à Dakar, et évoquant des sécheresses qui frappent actuellement les zones rurales du Maroc. Évoquant le conflit ukrainien, il s’est réjoui de l’action de Maroc pour «un monde plus uni et plus engagé dans un dialogue qui respecte les spécificités de chaque peuple et de chaque citoyen». 

Enfin, le cardinal Parolin a déclaré qu’il y avait «presque toujours» eu des chrétiens au Maroc – ils sont 50.000 catholiques aujourd’hui, principalement des expatriés européens et des migrants subsahariens. Il a évoqué le séjour au Maroc de saint Charles de Foucauld, canonisé la veille par le pape François et grande inspiration pour l’Église catholique en matière de dialogue interreligieux, «notamment avec les musulmans».

Le conseiller du roi Mohammed VI, André Azoulay, est lui aussi revenu sur le séjour marocain de l’ermite du Sahara, rappelant qu’il avait été «initié au rites juifs par un rabbin» lors de son passage à Mogador. Lui-même juif appartenant à la communauté de l’actuelle Essaouira, il a affirmé que les trois spiritualités présentes sur le sol marocain étaient «un atout, pas une difficulté».

Le conseiller a déploré la réapparition de «fractures qui ne sont plus de notre temps» aux cœurs de toutes les sociétés, évoquant en particulier l’Occident. Il a incité la communauté internationale à regarder de plus près le fonctionnement de la société marocaine et a mis en avant le rôle personnel joué par le Commandeur des croyants, le roi Mohammed VI. (cath.ch/imedia/cd/mp)

Chronologie des relations entre le Saint-Siège et le Royaume du Maroc
XIIe siècle : Premier contacts officiels entre l’Église et la dynastie Almoravide.
1468 : Le bénédictin Nunius Álvarez est nommé premier évêque du Maroc.
1888 : Le sultan Moula Hassan envoie une délégation au pape Léon XIII pour lui présenter ses vœux à l’occasion de son anniversaire sacerdotal. 
1960 : Le président du Conseil du gouvernement de Mohammed V rencontre le pape Jean XXIII au Vatican.
1976 : Ouverture des relations diplomatiques entre le Maroc et le Saint-Siège.
1980 : Hassan II rencontre Jean Paul II au Vatican, devenant le premier chef d’État musulman reçu par un pontife.
1983 : Par un décret royal, Hassan II reconnaît l’existence de l’Église catholique au Maroc et lui donne un statut légal. 
1985 : Voyage du pape Jean Paul II au Maroc : à son arrivée à l’aéroport, il embrasse le sol marocain. Accueilli par le roi Hassan II, il s’exprime dans le stade de Casablanca devant une audience composée de 80.000 jeunes musulmans. 
1988 : Le Saint-Siège inaugure sa nonciature apostolique à Rabat. 
1997 : Le Maroc ouvre une ambassade près le Saint-Siège à Rome.
2000 : Mohammed VI est reçu au Vatican par Jean Paul II.
2006 : Après la controverse autour du discours prononcé par Benoît XVI à Ratisbonne, le Maroc rappelle son ambassadeur, jugeant les propos du pontife allemand «offensants».
2018 : Nomination d’un nouvel ambassadeur en la personne de Rajaa Naji Mekkaoui, théologienne et juriste de formation. 
2019 : Voyage du pape François au Maroc. Il signe avec Mohammed VI l’Appel d’Al-Qods pour défendre la coexistence des religions à Jérusalem. 
2019 : Le pape François élève à la pourpre cardinalice, l’archevêque de Rabat Mgr Cristobal Lopez Romero, salésien espagnol. Il devient le premier cardinal du Maroc. 

Le roi du Maroc Mohammed VI | © gouvernement marocain
17 mai 2022 | 14:25
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 3  min.
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