Uri: la destitution de Martin Kopp provoque la consternation
Les fidèles du diocèse de Coire réagissent avec consternation à la destitution du délégué de l’administrateur apostolique pour les cantons d’Uri, Schwytz et Unterwald, Martin Kopp. «En tant que chrétien, je ne comprends pas la décision de l’administrateur apostolique», réagit Werner Inderbitzin, vice-président de la Conférence de Biberbrugg qui réunit les Eglises cantonales.
Kath.ch traduction et adaptation Carole Pirker
La destitution de l’abbé Martin Kopp, révoqué le 17 mars par Mgr Pierre Bürcher pour ne pas avoir respecté son devoir de réserve à propos de l’élection du prochain évêque de Coire, a fait l’effet d’une bombe dans le diocèse.
Une décision choquante
Vice-président de la Conférence de Biberbrugg, regroupant les églises cantonales du diocèse de Coire, Werner Inderbitzin a qualifié le licenciement de Martin Kopp de «nouveau grand dommage pour notre Eglise et surtout pour le diocèse de Coire». Cette décision «choquante» est probablement unique en son genre au cours des dernières décennies. «Avec un homme aussi méritant, qui a travaillé avec un engagement surhumain pour l’Eglise de Dieu, on tourne le dos au 21ème siècle».
«Martin Kopp n’a rien dit de faux dans la NZZ am Sonntag. Je ne comprends pas que l’on puisse qualifier ses déclarations de déloyales»
Dans l’hebdomadaire «NZZ am Sonntag», Martin Kopp n’a rien dit de faux. Il a seulement confirmé ce qui était clair depuis longtemps pour beaucoup. «Je ne comprends pas que l’on puisse qualifier ses déclarations de déloyales, comme le fait la direction du diocèse. En tant que chrétien, je ne peux pas admettre la démarche de Pierre Bürcher, l’administrateur apostolique». Par ailleurs, pour Werner Inderbitzin, l’abbé Martin Grichting, l’homme fort de Coire, a «tactiquement choisi le bon moment pour éliminer son adversaire». La décision a montré «que Coire n’a pas seulement besoin d’un véritable berger comme évêque, mais aussi de quelqu’un qui le courage de remplacer Martin Grichting». Il espère que la crise liée au coronavirus fera rapidement oublier cette «affaire».
Il manquera beaucoup au canton d’Uri
Selon lui, cette décision montre «une fois de plus que la direction du diocèse de Coire pense et agit toujours de manière cléricale» et qu’une participation et une réflexion engagée et critique des laïcs ne sont en outre pas souhaitables. «Nous ne sommes plus au Moyen Age, où les clercs étaient presque les seuls à savoir lire et écrire», poursuit Werner Inderbitzin, avant d’enfoncer le clou: «Qui est encore prêt à s’engager pour l’Eglise, s’il doit s’attendre à une telle approche non chrétienne en raison de déclarations critiques?»
Le président du Conseil des Eglises du canton d’Uri, Gunthard Orglmeister, regrette la fin de l’activité de Martin Kopp, en tant que responsable d’Eglise pour la Suisse centrale. «Il s’est engagé toute sa vie et de tout cœur à l’annonce de l’Evangile». Il manquera beaucoup à l’église du canton d’Uri, où il avait fait beaucoup de bien.
«Le diocèse de Coire montre qu’il est davantage préoccupé par lui-même que par la situation d’urgence sociale liée au coronavirus»
Censure de l’opposition
La révocation du délégué de l’administrateur apostolique arrive à un moment tout-à-fait inopportun, déclare un prêtre du vicariat général de Coire qui souhaite garder l’anonymat. La Suisse est confrontée au coronavirus et le diocèse de Coire montre avec cette décision qu’il est davantage préoccupé par lui-même que par la situation d’urgence sociale, à laquelle il n’accorde pas l’attention nécessaire. De plus, la décision est incompréhensible, car le diocèse est sur le point de repourvoir le siège de l’évêque de Coire. Dans le diocèse, il y a encore de profondes dissensions à ce sujet et il aurait été opportun de ne pas les accentuer avant l’élection.
Prêtres de la commune de Bürglen, dans le canton d’Uri, Wendelin Bucheli et René Deiss se montrent solidaires, mais le diocèse censure toute opposition. «L’interdiction de se réunir a été décrétée par le Conseil fédéral. On ne peut pas organiser de manifestation». Mais celle-ci ne s’applique pas à l’espace numérique.
Un jeu de pouvoir clérical scandaleux
Présidente du Conseil synodal de la corporation ecclésiastique du canton de Zurich, Franziska Driessen-Reding n’hésite pas à qualifier la décision de «jeu de pouvoir clérical scandaleux». Un homme d’Eglise engagé, qui se tient à ses convictions, a été «froidement licencié». Cette «démonstration du pouvoir clérical détruit l’Eglise», assène-t-elle. Selon elle, Martin Kopp a été congédié pour son «attitude inflexible» et son engagement en faveur du système dual au sein de l’Eglise catholique en Suisse.
«Cette décision est un jeu de pouvoir clérical scandaleux qui détruit l’Eglise»
L’Eglise n’est pas en marge du droit, avertit Franziska Driessen-Redin, elle n’est pas engagée que par ses propres règles. Il existe des règles de droit de l’Etat et de l’Eglise «que même un évêque doit accepter». Parce que Martin Kopp les a défendues publiquement, il est maintenant puni par la direction du diocèse : «Je suis consternée», a-t-elle réagi.
La révocation du vicaire général montre de manière toujours plus claire que la direction actuelle du diocèse entend abolir un système dual éprouvé et mis sur pied avec la participation démocratique des fidèles de l’Eglise. La solidarité des autres prêtres avec Martin Kopp est nécessaire de toute urgence, a déclaré Franziska Driessen-Redin. (cath.ch/kath.ch/ gs/cp)