La communauté cofondée par M. Rupnik a un an pour se dissoudre
Le Vatican a donné un an à la Communauté de Loyola, cofondée par Marko Rupnik et la religieuse Ivanka Hosta, pour achever sa dissolution. De graves problèmes de gouvernance sont à l’origine de cette décision. Le prêtre et mosaïste slovène Marko Rupnik a été accusé d’abus sexuels par plusieurs femmes, adultes au moment des faits.
Le dicastère pour les Instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique avait déjà émis, le 20 octobre 2023, un décret de dissolution de la Communauté de Loyola en raison de graves problèmes concernant l’exercice de l’autorité et la coexistence communautaire. La décision faisait suite à une visite au sein de la communauté, réalisée en 2019 par Mgr Stanislav Zore, archevêque de Ljubljana, la capitale de la Slovénie. Le dicastère romain compétent a été informé des résultats en février 2020.
La Communauté de Loyola ayant sa maison générale à Rome, le dicastère a lui-même saisi le diocèse de Rome, qui a envoyé sur place un commissaire. Après plusieurs entretiens avec l’ensemble des sœurs, le commissaire, en la personne du jésuite Daniele Libanori, a rédigé un rapport final envoyé au dicastère en septembre 2022.
Un style de gouvernement «préjudiciable à la dignité»
Le texte mentionnait notamment la responsabilité de Sœur Ivanka dans «la confusion des fors internes et externes» au niveau de la gouvernance de la communauté. Le for interne concerne le ministère spirituel ou sacramentel relatif à la conscience d’un individu, tandis que, dans ce contexte, le for externe se réfère à la direction extérieure d’une institution ou d’une communauté ecclésiastique. Daniele Libanori a aussi déploré «un style de gouvernement préjudiciable à la dignité et aux droits» des religieuses qui composent la communauté.
Suite au décret d’octobre 2023, le dicastère pour les Instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique a ainsi décidé de poursuivre le processus de fermeture de la communauté, établissant notamment un délai de fermeture en octobre 2024, rapporte le média catholique italien Avvenire. La décision a été annoncée dans une déclaration publiée le 15 décembre 2023 sur le site web de l’archevêché slovène.
Une quarantaine de religieuses concernées
La Communauté de Loyola a été fondée au milieu des années 1980 par Marko Rupnik et Ivanka Hosta. Elle été approuvée canoniquement comme communauté religieuse féminine de droit diocésain en 1994, dans l’archidiocèse de Ljubljana. La communauté compte aujourd’hui une quarantaine de sœurs consacrées.
Elle avait été fondée dans le but de donner une expression féminine au charisme de saint Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus, dont faisait alors partie le Père Marko Rupnik. En 1993, le célèbre mosaïste et Ivanka Hosta se sont cependant brutalement séparés. Accompagné de plusieurs sympathisants, Marko Rupnik s’est alors installé à Rome, où il a créé le Centre Aletti, un lieu censé allier art et spiritualité.
Le Père Rupnik sous enquête canonique
La Compagnie de Jésus avait jugé «très crédibles» les accusations selon lesquelles le mosaïste a abusé de dizaines de femmes adultes, dont des religieuses de la Communauté Loyola, dans les années 1980 et 1990. Leurs témoignages avaient été révélées par la presse fin 2022. Des mesures conservatoires lui avaient été appliquées par son ordre. Suite à son refus d’obéissance, Marko Rupnik a été définitivement exclu des jésuites en juillet 2023.
Fin octobre, le pape François a ordonné le lancement d’un procès canonique contre le prêtre slovène. Ce dernier était jusque-là protégé par la prescription canonique couvrant habituellement les affaires d’ordre sexuel entre personnes majeures.
Plusieurs victimes présumées de Marko Rupnik ont affirmé que Sœur Ivanka avait refusé d’agir contre lui après avoir eu connaissance des accusations. (cath.ch/avvenire/ag/arch/rz)