La «banque du Vatican» n' a pas d'argent russe

L’Institut pour les œuvres de religion (IOR) « ne reçoit ni n’investit d’argent de la Russie », dément un communiqué de la banque d’investissements du Saint-Siège publié le 9 septembre 2023. L’organisme financier du Vatican se défend après des allégations du conseiller du président ukrainien, Mykhailo Podolyak, à la chaîne nationale 24TV. 

Dans un entretien traduit dans la presse italienne le 8 septembre, Mykhailo Podolyak avançait l’existence « d’investissements que la Russie est en train de faire dans la banque du Vatican » et incitait à enquêter à ce sujet. Et de se demander « pourquoi un positionnement si étrange dans un pays appelé Vatican ».

Ces déclarations « ne reposent sur rien », affirme l’IOR, rejetant « avec force » les « conjectures » du haut conseiller, qui ne correspondent pas « à la vérité ». Une telle activité d’investissement serait « impossible » étant données « les politiques strictes de l’IOR et les sanctions internationales qui s’appliquent aussi au secteur financier », souligne le communiqué.

La note précise en outre que l’IOR « n’accepte pas parmi ses clients d’institutions ou de personnes physiques qui n’ont pas de lien étroit avec le Saint-Siège ou l’Église catholique ». Et que l’organisme « est un intermédiaire financier soumis à des contrôles, qui opère à travers des banques correspondantes internationales de très haut niveau et de réputation irréprochable, soumises aux normes internationales ». 

Si l’IOR gère bien les fonds financiers du Saint-Siège, il n’a pas le statut de « banque centrale » du Vatican à proprement parler, cette fonction étant confiée à l’Administration du patrimoine du Siège apostolique (APSA).

Dans son passé, l’IOR été au centre de nombreux scandales financiers depuis la faillite de la banque Ambrosiano dans les années 1970 jusqu’à la condamnation d’Angelo Caloia, directeur de l’institut entre 1989 et 2009, condamné en dernière instance à 8 ans de prison le 5 mars 2022. L’entité a lancé à partir du pontificat de Benoît XVI un chantier de modernisation, de transparence et de professionalisation.

Des relations bilatérales tendues

Ces déclarations de Mykhailo Podolyak surviennent alors que les relations entre le Saint-Siège et l’Ukraine se sont tendues après des propos du pape se référant à la « grande Russie » et à Catherine II et Pierre le Grand lors d’une visioconférence avec des jeunes catholiques russes. Après le tollé provoqué par ces paroles, le Saint-Siège avait dû publier une clarification le 29 août, assurant que le pontife n’avait pas eu l’intention de justifier le discours impérialiste utilisé par les autorités de la Fédération de Russie afin de justifier l’invasion de l’Ukraine.

Dans le même entretien le 8 septembre, Mykhailo Podolyak a aussi rejeté l’idée d’une médiation du Saint-Siège dans le conflit russo-ukrainien, taxant la politique du pape François de  « pro-russe et non crédible ». 

Reçus en audience le 6 septembre dernier, les évêques du Synode de l’Église gréco-catholique ukrainienne (UGCC) ont exprimé au pape « la souffrance » de leur peuple et « une certaine déception » pour les « malentendus » entre Kiev et Rome.