Suisse: Malgré les révoltes arabes en Afrique du Nord, aucune hausse des mouvements migratoires observée en Suisse
L’OSAR s’inquiète de l’exploitation électoraliste de la question des réfugiés
Berne, 16 mars 2011 (Apic) Malgré les révoltes des peuples en Afrique du Nord, aucune hausse des mouvements migratoires n’a été observée pour l’instant en Suisse. C’est ce qu’a déclaré mercredi 16 mars 2011 au Parlement à Berne la conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey, en charge des Affaires étrangères. De son côté, l’OSAR s’est inquiétée mercredi de l’exploitation électoraliste de la question des réfugiés d’Afrique du Nord.
Au début du mois, l’Union Démocratique du Centre (UDC), avec un ton alarmiste, demandait si le Conseil fédéral était prêt «en cas d’augmentation de l’immigration illégale», à réintroduire immédiatement les contrôles aux frontières. Le parti de droite suggérait alors que les autorités fédérales envisagent un recours à l’armée pour renforcer le Corps des gardes-frontière afin de garantir la sécurité des frontières suisses.
L’UDC a préconisé le recours à l’armée pour garder les frontières
Le groupe parlementaire UDC avait alors approuvé une interpellation urgente sur les possibles flux migratoires en provenance d’Afrique du Nord. Pour l’UDC, il s’agit surtout d’empêcher les passages frontaliers illégaux par une surveillance de frontières nationales ainsi que d’appliquer rigoureusement l’accord de Schengen.
Mercredi, la ministre fédérale des Affaires étrangères a assuré que le système de Schengen-Dublin fonctionnait et qu’il n’était pas nécessaire d’affecter du renfort militaire aux gardes-frontière. La chambre basse du Parlement à Berne tenait à cette occasion un débat urgent de deux heures et demie sur les migrations liées aux soulèvements en Afrique du Nord
S’exprimant au nom du groupe parlementaire des Verts, le Genevois Ueli Leuenberger a appelé le Parlement à placer la solidarité, les droits humains et la paix au-dessus des intérêts économiques. Il a également demandé que l’on renonce à toute forme de collaboration avec les dictateurs. Le conseiller national a estimé que la Confédération doit réviser sa politique d’exportations d’armement. Il a souligné que la Suisse devait soutenir la jeunesse arabe qui se révolte et devait également être prête à accueillir des réfugiés.
Au début du mois, le Vert genevois Antonio Hodgers interpellait le Conseil fédéral en soulignant qu’au cours des dernières années, plusieurs régimes peu démocratiques, notamment arabes, ont pu acheter des armes qu’ils ont ensuite utilisées contre leurs propres citoyens. Mais la droite parlementaire a soutenu le point de vue du gouvernement fédéral, à savoir privilégier l’aide sur place et limiter l’afflux migratoire en Suisse. Fidèle à la position du groupe parlementaire, le député UDC vaudois Jean-Pierre Grin a demandé, afin de prévenir «l’invasion de réfugiés», de réactiver les contrôles aux frontières comme le prévoit le système de Schengen-Dublin. Il a demandé également le renforcement de l’effectif des gardes-frontière.
La protection des réfugiés s’applique aussi aux réfugiés d’Afrique du Nord
A l’occasion du débat de mercredi 16 mars sur les réfugiés de l’Afrique du Nord, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) a lancé un appel au Conseil national pour qu’il respecte la Convention de Genève relative au statut des réfugiés et qu’il fasse preuve de solidarité avec les pays européens voisins.
«Cela signifie que chaque demande d’asile doit être examinée individuellement et qu’en cas d’afflux massif de réfugiés provenant de l’Afrique du Nord, la Suisse devra également entrer en matière sur les demandes d’asile de personnes qui sont arrivées en passant par l’Italie».
L’OSAR a rappelé au Conseil national que la Suisse est tenue par le droit international public d’accueillir et d’aider les personnes persécutées ainsi que celles qui ont besoin de protection. En outre, elle fait appel aux autorités pour qu’elles se montrent solidaires en cas d’afflux massif de réfugiés provenant d’Afrique du Nord et pour qu’elles soient prêtes à accueillir également des réfugiés qui relèveraient, selon l’accord de Dublin, de la compétence d’un autre pays. «Cela serait d’autant plus impératif qu’aujourd’hui déjà l’Italie, la Grèce et Malte sont extrêmement dépassées et que les réfugiés y vivent dans des conditions misérables.
Pas de politique sur le dos des réfugiés
A l’instar des déclarations de Micheline Calmy-Rey, l’OSAR relève qu’à ce jour en Suisse il n’y a quasiment pas d’augmentation du nombre de réfugiés provenant des pays de l’Afrique du Nord. «Provoquer la panique et affirmer, comme cela a été le cas à de nombreuses reprises, que pour la situation des Africains du Nord il s’agirait exclusivement de ’réfugiés économiques’, répond en premier lieu à des motivations politiques.
L’OSAR demande au Conseil national de faire preuve vis-à-vis des réfugiés «de la décence et du respect qui leur sont dus». «Ces valeurs ne sauraient s’accommoder d’une exploitation électoraliste de la crise des réfugiés d’Afrique du Nord. Ce qu’il faut à présent c’est une politique mesurée qui prépare la Suisse à une possible augmentation des demandes d’asile, celle-là devant être basée sur une estimation réaliste – ainsi qu’elle a déjà été esquissée par les autorités fédérales compétentes», conclut l’OSAR. (apic/com/be)