Einsiedeln: Pour Mgr Werlen, l’Eglise a oublié sa dimension prophétique

L’Eglise ne doit pas rester muette

Einsiedeln, 23 mai 2011 (Apic) Mgr Martin Werlen, Abbé d’Einsiedeln, déplore la perte de la dimension prophétique de l’Eglise. Dans une conférence donnée à la haute école des bénédictins d’Indiana, aux Etats-Unis, Mgr Werlen regrette que l’Eglise reste muette face aux défis de notre temps.

La dimension prophétique du Concile Vatican II est négligée. Certes, il y a eu depuis de nouveaux documents prophétiques tels que l’encyclique «Populorum progressio» du pape Paul VI ou la lettre apostolique de Jean Paul II «Novo millienio ineunte», reconnaît Mgr Werlen. Mais on a oublié ce que disait «Lumen Gentium» sur la participation des laïcs à la fonction prophétique du Christ et au témoignage (No 35).

L’Eglise occidentale est en danger de «sur-institutionnalisation». «Ce n’est pas la vocation de l’Eglise de défendre des systèmes ou des positions de pouvoir». Ce n’est pas sa vocation non plus de former une société parallèle, mais d’être le levain dans la pâte humaine.

Citant les paroles de Jean Paul II dans «Novo Millenio ineunte» (No 1) : «»Duc in altum» (Avance au large). Cette parole résonne aujourd’hui pour nous et elle nous invite à faire mémoire avec gratitude du passé, à vivre avec passion le présent, à nous ouvrir avec confiance à l’avenir», Mgr Werlen s’interroge «Où est cet enthousiasme aujourd’hui, où est cette confiance ?»

Au moins en Europe, cette dimension est vraiment oubliée, y compris dans les documents de Rome, estime Mgr Werlen. Cette dimension prophétique n’est pourtant pas nouvelle. «Il ne s’agit pas alors d’inventer un ’nouveau programme’. Le programme existe déjà: c’est celui de toujours, tiré de l’Évangile et de la Tradition vivante.» (Novo Millenio ineunte no 29). Le concile Vatican II, avec sa claire revendication pour la réforme liturgique, appartient précisément à cette tradition vivante, souligne l’Abbé d’Einsiedeln.

Une bonne nouvelle pour les femmes et les divorcés remariés

«Comment est-il possible que comme Eglise, nous restions muets face à tant de défis de notre temps ?» L’Evangile n’est pas seulement une bonne nouvelle pour le passé, mais aussi pour le temps présent. «Aussi pour les femmes, aussi pour les divorcés remariés aussi et surtout pour les pécheurs», insiste Mgr Werlen.

En août 2005, le pape Benoît XVI avait admis que l’approche de l’Eglise de la question des divorcés-remariés était insuffisante. «Que s’est-il passé depuis ? Est-il étonnant que les hommes de notre temps ne nous considèrent plus comme compétents et crédibles sur de telles questions ?»

Saint Benoît a beaucoup à dire sur l’oubli de cette dimension prophétique. Il était persuadé que Dieu parle volontiers à travers des personnes insignifiantes, rappelle l’Abbé. C’est pourquoi selon la méthode bénédictine, on accorde une attention particulière aux personnes dont a priori on n’attend rien. C’est précisément dans les affaires importantes que les jeunes doivent être écoutés.

Saint Benoît rappelait aussi que lorsqu’un hôte émet une critique, celle-ci doit être soigneusement analysée, car Dieu pourrait avoir envoyé cette personne justement pour cela. «Ce n’est pas notre manière habituelle de traiter les critiques. C’est aussi peut-être une raison pour laquelle la dimension prophétique est occultée», conclut Mgr Werlen. (apic/pem/mp)

23 mai 2011 | 14:53
par webmaster@kath.ch
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