Gaza: Mgr Michel Sabbah lance un appel à l’unité entre musulmans et chrétiens palestiniens
L’ancien patriarche présente la vision chrétienne des rapports entre musulmans et chrétiens
Gaza/Jérusalem, 1er septembre 2011 (Apic) L’ancien patriarche latin de Jérusalem, Mgr Michel Sabbah, a lancé un appel à l’unité entre chrétiens et musulmans palestiniens lors du congrès intitulé «Entente entre musulmans et chrétiens à Gaza». Organisé par l’Association de la Réconciliation Nationale, cette rencontre s’est tenue dans la Bande de Gaza le 27 août.
Le patriarche émérite a demandé aux chrétiens et aux musulmans de «ne pas se laisser aller aux divisions qui peuvent provenir des différences religieuses et surtout, éviter de tomber dans la trappe de ceux qui veulent en faire une sédition (fitna) et qui feraient ainsi de la religion un facteur d’affaiblissement et de division dans le pays».
Mgr Sabbah a relevé qu’au niveau de la rue, il y avait une augmentation de heurts entre musulmans et chrétiens, citant la récente attaque contre le quartier chrétien de Bethphagé-Jérusalem. Une bande de jeunes musulmans a agressé des habitants chrétiens logés par les franciscains de la Custodie de Terre Sainte.
Le patriarche émérite a rappelé, lors du Congrès de Gaza, que les conditions d’une «bonne entente» et de la coexistence entre chrétiens et musulmans passe par «le courage de faire un examen de conscience en profondeur, plein, à la fois, d’amitié et de vérité».
Le chrétien à Gaza a peur
Après avoir demandé «à Dieu de nous envoyer des gouverneurs serviteurs de leur peuple, qui aiment leur pays et tous les citoyens dans ce pays, et leur assure une vie humaine digne», Mgr Sabbah a salué tous les participants à ce congrès: chrétiens et musulmans, et tous les courants islamistes représentés à la rencontre: Hamas, Jihad, Salafistes et les «gens de la Mission».
Saluant tous les chrétiens de Gaza, dans leurs différentes Eglises, il leur a lancé: «Prenez courage, n’ayez pas peur. Nous tous, toute la Palestine et tout Gaza, nous vous portons dans notre sollicitude. Restez des croyants forts, remplis de la force et de l’amour de Dieu».
Merci aux autorités du Hamas pour avoir fait cesser les troubles
Mgr Sabbah a relevé qu’à Gaza, des chrétiens ont émigré à cause de différentes pressions subies. «Le chrétien à Gaza a peur, a-t-il insisté. Des événements se sont passés que tous connaissent. Nous disons, c’est un accident et nous espérons que ça passera. Les autorités Hamas ont fait le nécessaire, nous le reconnaissons et nous les remercions. Il faut cependant beaucoup de sensibilisation afin que tout citoyen à Gaza et en Palestine comprenne qu’il y a des citoyens chrétiens et qu’ils sont frères, et objets de solidarité et de respect (…) Une nouvelle éducation est nécessaire afin que pareils événements ne se répètent plus».
Le patriarche latin émérite de Jérusalem a encore souligné que la survie des chrétiens palestiniens, en Palestine et à Gaza même, est «une exigence fondée sur la nature même de la Palestine: c’est la Terre Sainte où est née le christianisme».
«On ne peut donc la laisser se vider de l’une de ses plus importantes religions qui y est née. C’est un devoir qui incombe au chrétien et au musulman. La survie des chrétiens est certes une question chrétienne, mais elle est aussi une question palestinienne et arabe : c’est pourquoi, toute autorité palestinienne en porte la responsabilité et l’une de ses premières obligations est celle de faire tout le possible pour assurer la survie des chrétiens palestiniens. Ici à Gaza, il est du devoir du Hamas de défendre la présence chrétienne et d’en assurer la survie. A ce sujet, je dis à toutes les forces et courants islamiques à Gaza: soyez fidèles à l’islam, mais il est de votre devoir de garder les chrétiens (en tant que) chrétiens et non pas d’en faire des musulmans ! «.
«Entre nos deux religions, il y a des différences»
Le patriarche émérite a reconnu qu’»entre nos deux religions, il y a des différences. Il ne faut pas avoir peur de les reconnaître et d’y regarder franchement et sans crainte. Mais, ne faisons pas de ces différences un mur qui nous sépare de tout ce en quoi nous sommes d’accord. Ne faisons pas de nos différences religieuses une barrière entre nous, ni une cause qui nous incite à rendre la vie difficile les uns aux autres. Dieu, dans le mystère de sa volonté, a voulu que chacun de nous appartienne à une religion différente. Il est le Guide, il guide qui il veut de la manière qu’il veut. Entre nos deux religions il y a des différences, mais dans le cœur du musulman comme dans le cœur du chrétien ce n’est pas la différence qui doit demeurer, mais l’amitié et la fraternité. La fidélité du musulman à son islam et du chrétien à son christianisme consiste, pour chacun de nous, à voir, dans son cœur, le Dieu Créateur, et, en toute personne humaine, la créature de Dieu et son successeur sur la terre».
Mgr Sabbah a cité les trois relations qui fondent l’unité dans la société palestinienne: «1. L’unité nationale dans un seul pays. 2. La foi en un seul Dieu en deux religions différentes. 3. Nous sommes tous créature de Dieu, la même création avec une dignité égale». Il a demandé, en rappelant certains actes d’hostilité dans la rue, «des sermons clairs et nets, dans les mosquées et dans les églises et une éducation religieuse saine dans nos écoles, qui avertissent les gens et les invitent à prendre conscience de leur propre dignité, de leur fraternité et de leur unité: il faut que tous prennent conscience que nous sommes tous ›ou bien frères en religion ou bien semblables en tant que créatures de Dieu’. Nous sommes tous des personnes humaines, des croyants et des citoyens». (apic/lpj/be)