L’agence du Père Gramunt ne fait que son travail d’information

Bolivie: L’agence de presse «Fides» accusée de faire campagne contre le gouvernement Morales

La Paz, 20 août 2012 (Apic) La polémique se poursuit en Bolivie après les menaces lancées contre l’agence de presse Fides (Agencia de Noticias Fides ANF) accusée d’avoir «déformé» les propos du président Evo Morales prononcés mercredi 15 août 2012 à Tiahuanaco. Fides avait cité le chef de l’Etat bolivien déclarant que dans la partie orientale de la Bolivie, ce sont seulement les «flemmards» qui souffriraient de la faim. Dans ces régions de plaines, contrairement à l’Altiplano, il est en effet possible de produire toute l’année.

Les sensibilités sont à fleur de peau concernant la fracture croissante séparant la Bolivie de l’Altiplano, les hautes terres, fief du président Evo Morales, de la Bolivie plus riche des plaines, «l’Oriente», qui revendique son autonomie.

«Campagne de discrédit basée sur des mensonges et des calomnies»

Le ministre du gouvernement bolivien Carlos Romero a accusé dimanche 19 août l’ANF – l’agence de presse fondée à La Paz en août 1963 par le Père jésuite José Gramunt de Moragas, qui en est aujourd’hui encore le directeur – d’alimenter une soi-disant «campagne de discrédit» contre le président Evo Morales.

Cette campagne serait «basée sur des mensonges et des calomnies», avec l’intention présumée de provoquer de l’hostilité avec la population de Santa Cruz, métropole de l’Oriente, opposée au président Morales. Le ministre estime que ce sont des «opposants politiques» qui sont derrière cette campagne.

Raviver l’opposition entre l’Altiplano et l’Oriente

Carlos Romero a annoncé que le gouvernement bolivien allait étudier cette affaire avec ses avocats dans le but de porter plainte contre l’ANF, accusée de calomnier le président Evo Morales «de manière préméditée, perfide, couarde, sans scrupule, contraire à l’éthique». Il a toutefois reconnu, sur les ondes de la Radio Panamericana, que l’agence de presse Fides était «un patrimoine de la communication en Bolivie», «une agence très ancienne, très professionnelle».

Le Père Gramunt a déploré pour sa part les «agressions verbales injustes» du ministre Carlos Romero, soulignant que son agence n’a fait que «résumer» le passage polémique du discours présidentiel. «Nous ne falsifions rien, nous n’inventons rien, nous disons la vérité, toute la vérité et rien de plus que la vérité».

Le journaliste jésuite rappelle que son agence a déjà eu des ennuis sous les diverses dictatures qu’a connues la Bolivie ces 50 dernières années. «Malheureusement, le ministre Romero s’exprime comme le faisaient les gouvernements dictatoriaux, sous lesquels l’ANF, au cours du demi-siècle de sa vie, a souffert le harcèlement et la persécution. C’est l’ANF, et non le gouvernement, qui a le droit de réclamer, étant donné que c’est elle qui est offensée et insultée», écrit le Père Gramunt.

Ce dernier a reçu dimanche 19 août 2012 l’appui du cardinal Julio Terrazas. L’archevêque de Santa Cruz de la Sierra a déploré dans son homélie les menaces qui pèsent sur «les personnes qui ont travaillé durant tant de temps dans le pays pour la démocratie et la liberté», en allusion évidente aux attaques de plusieurs ministres contre l’agence de presse Fides. (apic/afn/be)

20 août 2012 | 16:40
par webmaster@kath.ch
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Bolivie (60), Evo Morales (18)
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