Fribourg: Conférence du professeur Alphonse Borras sur la mission de l’Eglise diocésaine
L’adhésion à la foi n’est plus la raison première de l’appartenance à l’Eglise
Fribourg, 4 mars 2013 (Apic) Invité à Fribourg pour une série de cours et une journée de formation pastorale, le professeur de droit canonique Alphonse Borras a donné une conférence publique le 4 mars à l’Université de Fribourg. A partir du thème «Quelle mission pour nos Eglises diocésaines?», le prêtre belge a estimé que les paroisses devaient donner la priorité à l’accueil des demandes, et pratiquer un «accueil gratuit».
Le conférencier, qui est également vicaire général du diocèse de Liège, a souligné devant une trentaine d’auditeurs que la paroisse, contrairement aux mouvements, abrite le tout-venant. Elle ne se réduit pas au territoire qui la définit, mais concerne aussi le terroir. Dans ce sens, la paroisse implique la réalité historique séculière et religieuse, socio-culturelle et politique, etc.
Avant de définir la mission dévolue aux communautés paroissiales, Alphonse Borras a insisté sur l’identité des catholiques. Selon une enquête menée en 2006 sur la pratique dominicale en France, à la question «Pour quelle raison principale vous définissez-vous comme catholique?», 56% des interrogés justifiaient leur appartenance par leur naissance dans une famille catholique, 21% parce qu’ils avaient la foi, 14% en raison des valeurs auxquels ils étaient attachés et enfin 9% par attachement à la culture et à l’histoire du pays. «L’adhésion à la foi n’est de loin pas la raison première de l’appartenance à l’Eglise, ni le seul facteur dans l’élaboration d’une identité», souligne le vicaire général de Liège.
Chaque paroissien a quelque chose à nous apprendre
A partir de ce constat, le conférencier conseille aux paroisses de donner la priorité à l’accueil des demandes, et de pratiquer un «accueil gratuit». «Les gens s’adressent encore à la paroisse. D’où l’importance de les accueillir et de les accompagner pour découvrir avec eux le trésor de la foi», suggère le professeur Borras, en proposant de casser le schéma traditionnel qui voit les agents pastoraux et autres personnes actives dans le rôle des dispensateurs de la bonne parole et les fidèles dans celui des enseignés. «Ils ont peut-être quelque chose à m’apprendre», lance-t-il.
Le conférencier a fait référence au message de Carême de Mgr Morerod, dans lequel l’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg propose notamment aux communautés paroissiales de se regrouper autour d’un seul lieu de culte le dimanche dans les unités pastorales. «Cela évite entre autres que des enfants ne se découragent en découvrant dans une trop petite assemblée qu’ils sont les seuls de leur génération et ne veuillent plus venir à la messe», a-t-il souligné. «L’Eglise ne se conçoit qu’en chemin. Et ce n’est que chemin faisant avec leurs contemporains que les paroissiens lui donnent corps, ici et maintenant. Car l’Eglise n’émerge que dans ce processus relationnel. Aujourd’hui comme hier, l’Eglise est présente là où il y a des baptisés qui la font émerger en un lieu», explique l’abbé Borras.
Moins d’autocratie et plus de collaboration
En conclusion, Alphonse Borras a cité ce que le jésuite O’Malley dit de l’héritage de Vatican II, et en particulier du «style» que cet événement induit dans la vie de l›Église, que ce soit dans les diocèses, les paroisses et les autres réalités qui les composent: «Un style moins autocratique et plus enclin à la collaboration, un style désireux d’écouter et de rechercher les différents points de vue et d’en tenir compte, un style soucieux de trouver un terrain d’entente avec «l’autre», un style ouvert, qui joue carte sur table, un style moins unilatéral dans la prise de décision, un style engagé dans un jeu franc, et un travail de collaboration avec des personnes et des institutions extérieures à la communauté catholique, un style qui fait le pari de l’innocence jusqu’à preuve du contraire, un style qui évite les serments secrets, les dénonciations anonymes et les manoeuvres inquisitoriales»
Interrogé au terme de la conférence sur la taille idéale d’une paroisse, le professeur Borras a renoncé à répondre en terme de chiffres. «Une paroisse doit rester une communauté chrétienne ouverte à tous et qui offre le nécessaire. Chacun doit s’y sentir chez soi, tout le monde doit y être le bienvenu pour faire un bout de chemin dans la foi, que ce soit dans la liturgie, la catéchèse, les sacrements, ….». Plus important que sa grandeur, c’est l’éventail des offres que la paroisse est en mesure de proposer, a-t-il affirmé. (apic/bb)