Kurdistan: Consécration d'une église pour les chrétiens chassés de la Plaine de Ninive
Paris/Erbil, 05.11.2015 (cath.ch-apic) A un peu plus d’un an de la prise, par les djihadistes de Daech, des localités chrétiennes de la Plaine de Ninive, près de Mossoul, qui a chassé ses habitants vers le Kurdistan irakien, l’espoir d’un retour rapide s’amenuise.
La nouvelle église construite dans le camp de réfugiés d’Ashti, à Erbil, consacrée le jeudi 5 novembre 2015, est pourtant un signe qui remonte le moral d’une population chrétienne fortement tentée par l’émigration vers l’Europe occidentale et l’Amérique du Nord.
Grâce à l’ONG française «Fraternité en Irak», les familles chrétiennes hébergées dans le camp de réfugiés d’Ashti, à la lisière d’Ankawa, la banlieue chrétienne d’Erbil, disposent désormais de leur église: Sayedat el Bichara, Notre-Dame de l’Annonciation. Le début du chantier avait été béni le 15 août dernier par Mgr Petros Mouché, l’archevêque syriaque catholique de Mossoul et Qaraqosh, en exil dans la capitale du Kurdistan irakien.
Dans l’attente du départ des terroristes de Daech
Cette église a repris le nom de celle de Mossoul dont le Père Emmanuel, responsable de ce camp, était le curé. «Nous espérons que par l’intercession de Notre-Dame de l’Annonciation nous aurons bientôt l’annonce de la libération de la plaine de Ninive», lançait Mgr Mouché lors de la bénédiction des travaux.
Grâce aux donateurs français, qui ont permis de rassembler plus de 100’000 dollars, «les chrétiens déplacés qui vivent dans ce grand camp d’Erbil vont pouvoir retrouver un lieu décent et adapté pour vivre leur foi et, par là, retisser des liens de communauté», explique Faraj Benoît Camurat, président de «Fraternité en Irak».
Les chrétiens, qui ont dû fuir précipitamment les djihadistes de Daech dans la nuit du 6 au 7 août 2014, se retrouvent majoritairement autour d’Erbil. Installés provisoirement dans des caravanes ou des immeubles en construction, ils ont pendant longtemps refusé d’aménager leur campement, persuadés qu’ils pourraient rentrer dans leurs maisons, ou trouver refuge dans un pays qui les accueillerait, note l’ONG française.
«Mais cette perspective s’éloigne, et ils aménagent à présent un village provisoire avec le soutien des ONG qui, après avoir paré au plus pressé, tentent à présent d’améliorer leurs conditions de vie».
Le lieu de culte est central pour les chrétiens d’Orient
Depuis leur fuite, il y a plus d’un an, les 1’200 familles qui vivent dans le camp d’Ashti se contentaient d’une tente de l’UNICEF pour dire la messe, un lieu étouffant l’été et inadapté au froid de l’hiver très rude dans la région. Or, le lieu de culte est central pour les chrétiens d’Orient. «Les paroissiens se sont inquiétés de voir que certains enfants de 4 ans ne connaissaient plus le Notre Père», relève Faraj Benoît Camurat.
A la demande du Père Emmanuel et de Mgr Petros Mouché, l’ONG a décidé, au mois de juillet 2015, de s’engager pour la construction de cette église. «Fraternité en Irak» a également aidé à l’établissement d’une boulangerie dans le camp, ce qui donne du travail à une dizaine de personnes déplacées. Une bonne quarantaine de réfugiés ont participé à la construction de cet important lieu de culte.
La nouvelle église, située au milieu du camp, peut accueillir 600 personnes assises par office. Elle est partagée entre les communautés syriaques et chaldéenne. En plus des messes, on y donnera des cours de catéchisme pour les enfants. «L’édifice permet de combler le manque de structures paroissiales, qui remplissent un rôle social de premier plan chez les chrétiens d’Orient», relève «Fraternité en Irak». (apic/com/be)