Kinshasa: le pape appelle à une «grande amnistie du cœur»
Jésus «connaît tes blessures, il connaît les blessures de ton pays, de ton peuple, de ta terre!» a déclaré le pape François à une foule de plus d’un million de fidèles congolais lors de la messe célébrée à l’aéroport Ndolo de Kinshasa le 1er février 2023. Il les a invités à orienter leur vie vers le pardon, la communauté et la mission, afin de contribuer à la réconciliation dans leur pays fracturé par les guerres et les conflits ethniques.
Hugues Lefèvre, à Kinshasa pour cath.ch
C’est dans une atmosphère de grande joie que le pape François a fait son entrée sur le tarmac de l’aéroport de Ndolo de Kinshasa. Accompagné par le cardinal Fridolin Ambogo, archevêque de Kinshasa, il a sillonné en papamobile les quelque 850’000 m2 de ce terrain sur lequel des milliers de Congolais ont dormi pour assister à la célébration.
Près de 38 ans après la venue du pape Jean-Paul II, le pontife argentin est venu encourager une population blessée par des années de conflits et en soif d’espérance. «J’ai tant désiré ce moment», a commencé par dire le pape François, lui qui avait dû renoncer à se rendre en RDC et au Soudan du Sud en juillet dernier, pour des raisons de santé et de sécurité.
Jésus «nous tend la main lorsque nous sommes sur le point de sombrer, il nous relève quand nous touchons le fond», a assuré le pape dans son homélie, comparant le désespoir du peuple congolais à celui des disciples du Christ après sa crucifixion. Il a évoqué les «blessures qui brûlent, continuellement infectées par la haine et la violence» et a reconnu que «le remède de la justice et le baume de l’espérance ne semblent jamais arriver».
Mais le chef de l’Église catholique a tout de même invité les chrétiens de RDC à avoir «le courage d’accomplir une grande amnistie du cœur». «Toi qui t’affirmes chrétien dans ce pays mais qui commets des violences […]: dépose tes armes, embrasse la miséricorde», a-t-il exhorté, invitant à une purification des cœurs «de tout ressentiment et de toute rancœur».
«Les différences ethniques, régionales, sociales et religieuses viennent après»
«Bien-aimés, que ce jour soit un temps de grâce pour accueillir et vivre le pardon de Jésus!» a exhorté le pape François. «Alors que dans le cœur des disciples, ce sont des ruines, Jésus proclame la paix; alors qu’ils ressentent en eux la mort, Il annonce la vie», a-t-il proclamé.
Le pontife argentin a invité les Congolais à entretenir l’esprit de communauté en partageant avec les pauvres. «L’humilité est la grandeur du chrétien et la fraternité sa vraie richesse», a-t-il insisté.
«Les différences ethniques, régionales, sociales et religieuses viennent après et ne sont pas des obstacles», a aussi proclamé le pape dans ce pays marqué par l’engagement de nombreux laïcs catholiques en faveur de la démocratie et de la justice sociale.
Le pape les a enfin appelés à être des «missionnaires de paix» pour «briser le cercle de la violence» et «démanteler les complots de la haine». «Jésus dit aujourd’hui à chaque famille, communauté, groupe ethnique, quartier et ville de ce grand pays: la Paix soit avec vous», a-t-il assuré.
Lors de cette messe festive, célébrée avec certains éléments du «rite zaïrois», le pontife s’est exprimé à plusieurs reprises en français. Le président de la RDC, Félix Tshisekedi, était présent à la messe, avec son épouse. Baptisé catholique, le chef d’État est devenu chrétien évangélique. (cath.ch/imedia/cv/hl/cd/bh)
Le pape François effectuera son 40e déplacement à l’étranger depuis son élection en Afrique, du 31 janvier au 5 février 2023. Il visitera d’abord la République démocratique du Congo (RDC), atterrissant à Kinshasa le 31 janvier.