Devant l'ampleur qu'a pris l'affaire du "massacre de Shakahola", le président du Kenya, ici à Berlin en mars, a décidé de réviser la loi sur le culte | © Keystone/Sueddeutschs Zeitung/J. Heinrich
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Kenya: le président veut réviser la loi régissant le culte

William Samoei Arap Ruto, le président du Kenya a créé, le 4 mai 2023, une «task force présidentielle» chargée de réviser la loi régissant le culte au Kenya. Cette décision fait suite à la découverte, fin avril, de dizaines de corps de victimes de la «Good News International Church» dans une forêt, au sud-est du pays.

Dans le cadre de ce qu’on appelle maintenant «le massacre de Shakahola», vingt autres corps ont été retrouvés dans la forêt de Shakahola dans le sud-est du Kenya. Cette découverte porte à 133 le nombre de fidèles morts dans le suicide collectif par jeûne forcé ordonné par le «prédicateur» Paul Nthenge Mackenzie, chef de la «Good News International Church». Certaines victimes, dont le corps présentent des signes de strangulation, ont été assassinées, précise l’agence Fides.

Réforme de la loi régissant les organisations religieuses

Le président William Samoei Arap Ruto a créé, le 4 mai, une «task force présidentielle» spéciale chargée de réviser la loi régissant le culte au Kenya, le Legal and Regulatory Framework Governing Religious Organisations in Kenya (cadre juridique et réglementaire régissant les organisations religieuses au Kenya).

Composée de 17 membres, dont Mgr Maurice Muhatia Makumba, archevêque de Kisumu, cette task force aura notamment pour mission «d’identifier les lacunes qui ont permis aux organisations religieuses extrémistes de s’établir au Kenya, ainsi que la formulation d’un cadre juridique qui empêchera les entités religieuses radicales d’opérer localement».

Ezekiel Odero libéré sous caution

Entre-temps, Ezekiel Odero, un autre «téléprédicateur» accusé d’avoir aidé Paul Nthenge Mackenzie dans son entreprise et pour certains décès suspects survenus au sein de son «église», le «New Life Prayer Centre and Church», a été libéré sous caution.

Environ 65 personnes trouvées en train de jeûner dans la forêt ont été sauvées et transportées à l’hôpital. L’opération de recherche dans la forêt de Shakahola, qui a débuté à la mi-avril, a été suspendue pendant plusieurs jours en raison du mauvais temps. Des centaines de personnes sont toujours portées disparues.

«Il y a encore plusieurs tombes dans la forêt, ce qui nous amène à conclure que nous avons affaire à un crime très organisé», a déclaré à la presse le ministre de l’Intérieur, Kithure Kindiki. Les autorités espèrent retrouver d’autres corps dans les jours à venir.

Pas de trafic d’organes

Le ministre de l’Intérieur a ensuite démenti un rapport de la Direction des enquêtes criminelles (DCI), la police criminelle kenyane, selon lequel certains des corps retrouvés avaient été privés de plusieurs organes, ce qui laissait supposer un trafic d’organes (probablement pas pour effectuer des transplantations mais pour accomplir des «rites magiques»).

L’État, a assuré le ministre, s’engage à défendre la liberté de religion et traquera ceux qui abusent de l’influence religieuse à des fins inavouées. «L’État n’est pas en guerre contre la religion, mais concentre ses activités sur l’élimination des bandits qui promeuvent l’extrémisme et les activités criminelles sous le prétexte de la liberté religieuse», a déclaré le ministre. (cath.ch/fides/bh)

Devant l'ampleur qu'a pris l'affaire du «massacre de Shakahola», le président du Kenya, ici à Berlin en mars, a décidé de réviser la loi sur le culte | © Keystone/Sueddeutschs Zeitung/J. Heinrich
10 mai 2023 | 16:23
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 2  min.
Corps (15), Kenya (119), massacre (18), Secte (33)
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