Saint-Maurice: L’archevêque de Cantorbéry se dit plein d’espérance pour l’avenir de l’Eglise

Justin Welby a donné le coup d’envoi de la Rencontre St-Nicolas et Dorothée de Flüe

Saint-Maurice, 30 novembre 2013 (Apic) Né dans une famille non pratiquante, ancien cadre dans l’industrie pétrolière, Justin Welby était loin d’être destiné à tracer son chemin dans l’Eglise. Lors de la conférence d’ouverture de la Rencontre St-Nicolas et Dorothée de Flüe, à Saint-Maurice (VS), le 29 novembre 2013, l’archevêque de Cantorbéry est revenu sur le parcours hors du commun qui l’a amené vers Jésus, et qui lui a donné une grande espérance dans l’avenir de l’Eglise. S’exprimant en français, le primat de l’Eglise anglicane a conquis, avec son humour typiquement britannique, les quelque 500 personnes venues l’écouter.

Invité à Saint-Maurice (VS) par son ami et père spirituel Nicolas Buttet, principal organisateur de la rencontre, Justin Welby a voulu témoigner à travers son parcours des leçons apprises et de son espoir dans l’avenir de l’Eglise. A l’ouverture de la conférence, l’archevêque de Cantorbéry, francophile de 57 ans, marié et père de six enfants, commence par s’excuser de ses éventuelles fautes de français avant de plonger dans ses racines. Naissance à Londres dans un milieu individualiste où «l’on déteste son voisin», des parents divorcés, un père alcoolique. La cadre est posé.

La première rencontre de Justin Welby avec la foi a lieu juste avant son entrée à l’Université de Cambridge. Parti sept mois au Kenya, il y rencontre un autre Anglais, un chrétien pratiquant. «Il avait une Bible avec lui. J’ai commencé à la lire. J’ai alors pensé: Ce sont de bonnes histoires …», se souvient-il. «La première leçon que j’en ai tirée est que ceux qui ont une passion pour Jésus peuvent convertir n’importe qui».

De retour en Angleterre, le jeune homme fait d’abord des études de droit, puis d’histoire à Cambridge. C’est là qu’un ami le convertit à la religion chrétienne et qu’il rencontre sa future femme, Caroline. A la fin de ses études, Justin Welby est embauché par la compagnie pétrolière française Elf Aquitaine, basée à Paris. Il y restera cinq ans. La mort de son premier enfant dans un accident de la route le rapproche encore plus Jésus. «Dans le noir, il y a toujours une lumière», relève-t-il.

L’appel de Dieu

En 1984, retour à Londres, où il devient chef des finances du groupe d’exploration pétrolière Enterprise Oil PLC. Sentant que Dieu l’appelle à Son service, il quitte son poste de direction en 1989. Il demande son ordination, mais il se voit répondre «qu’il n’a pas d’avenir dans l’Eglise d’Angleterre». A force d’obstination, Justin Welby finit par être ordonné prêtre en 1992 et devient vicaire dans une paroisse très pauvre, plombée par 80% de chômage. «Les fidèles étaient durs, critiques. Lors de mon premier office, un dimanche, l’un d’eux est venu me dire que la cérémonie était de la merde!», raconte-t-il. «J’ai beaucoup appris là-bas. Chaque personne doit être considérée comme le Seigneur lui-même. Comme c’était difficile! C’est pour cette raison que je crois qu’une Eglise qui voit le Seigneur dans chaque fidèle a de l’espoir».

Chanoine de la cathédrale de Coventry en 2002, puis doyen de la cathédrale de Liverpool en 2007, Justin Welby est ordonné évêque de Durham en 2011. «Je ne voulais pourtant pas devenir évêque!», affirme-t-il. Le 9 novembre 2012, il est nommé archevêque de Cantorbéry par la reine Elisabeth II.

Désormais responsable de 80 millions d’anglicans dans le monde, Justin Welby s’est fixé trois priorités: Le renouveau de la prière et de la vie religieuse, la réconciliation dans les communautés, et l’évangélisation. «Il faut croire qu’une société basée sur les valeurs chrétiennes, c’est la réponse», relève-t-il. A ce sujet, Justin Welby s’est fait remarquer à la Chambre des Lords, dont il membre de droit, pour ses questions concernant l’éthique des banquiers, critiquant les prêteurs à court terme utilisant de hauts taux d’intérêt.

Encadré:

Un éclairage nouveau sur le monde économique, politique, social et culturel

La «Rencontre», qui se déroule sur trois jours, est organisée chaque année depuis 1996 par le groupe St-Nicolas et Dorothée de Flüe. Au fil des années se sont joints à la démarche l’Institut Philanthropos (www.philanthropos.org) et la Fondation Ecophilos (www.ecophilos.org). Grâce aux témoignages de personnalités, la «Rencontre» a pour but de proposer un éclairage nouveau sur le monde économique, politique, social et culturel ainsi qu’une démarche spirituelle aux participants, avec une messe et des offices liturgiques.

L’un des organisateurs, le Père Nicolas Buttet, a voulu cette année que le Révérend Justin Welby vienne témoigner de cette espérance qui naît à travers les confessions chrétiennes. «J’ai été bouleversé par son parcours», dit-il. «Justin et moi pensons que l’Eglise mondaine, celle des grandes théories, n’a plus d’avenir. Une Eglise du printemps, celle où on vit la joie d’être chrétien, est en train de se lever».

(apic/cw)

30 novembre 2013 | 15:10
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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