Jura pastoral: deux consultants pour accueillir les victimes d’abus
Mgr Felix Gmür, évêque de Bâle, a nommé pour la partie francophone du diocèse deux consultants chargés d’accueillir les victimes d’abus de toutes sortes dans un contexte ecclésial. Le diocèse s’est imposé des règles destinées à garantir un accompagnement sans ingérences de ces personnes.
Pierre-Yves Erard, médecin, et Marco Lorenzini, assistant social, seront chargés d’accueillir les personnes demandeuses dans le Jura pastoral. Les deux consultants, ainsi que ce concept inédit, ont été présentés à la presse le 5 novembre 2021, à Delémont. Ils ont pour tâche d’accueillir et de conseiller les personnes qui ont été, dans le contexte ecclésial, victimes d’abus sexuels, ou personnes de confiance, personnes ayant eu connaissance des faits, témoins, ou personnes mises en cause (ou auteurs présumés). Les consultants proposent un maximum de trois rencontres pour exposer les possibilités de la suite de la procédure à la personne demandeuse.
Pas de rapport avec la CIASE
Depuis des années, le diocèse de Bâle s’applique à lutter contre les abus sexuels dans le contexte ecclésial, rappelle un communiqué du Service de communication du Jura pastoral du 6 novembre. Des documents ont notamment été publiés et des affiches «Tolérance zéro» placardées.
Comme pour l’Itinéraire synodal, le vicariat épiscopal s’est attaché à ce que la partie francophone du diocèse soit pleinement impliquée dans ce concept mis en place par Mgr Gmür.
La nomination des deux «consultants contre les abus sexuels dans le diocèse de Bâle», et plus spécialement pour la partie francophone du diocèse, n’est pas une réponse à la remise à la Conférence des évêques de France, le 5 octobre 2021, du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE), assure le communiqué. «C’est l’aboutissement d’une démarche qui a débuté avec la 4e édition des directives de la Conférence des évêques suisses (CES) sur les abus sexuels dans le contexte ecclésial, qui date de mars 2019». Ces directives prennent toujours plus en compte les besoins et les attentes des victimes, l’évolution des exigences de l’Église universelle, l’intégration des règles du droit suisse.
Sur cette base, le diocèse de Bâle a publié le 1er juillet 2020 son concept «Abus sexuels dans le contexte ecclésial: Prévention et intervention». Un concept qui prévoit la nomination de «consultants contre les abus sexuels dans le diocèse de Bâle», qui ont la tâche d’accueillir, d’écouter et de conseiller les victimes ou les témoins d’abus sexuels dans le contexte ecclésial. Il prévoit également la nomination d’une coordinatrice indépendante externe. Il s’agit d’une juriste qui reçoit les signalements et s’engage pour que les cas soient complètement clarifiés.
Indépendance des procédures garantie
Afin de garantir une procédure sans risque d’ingérences, le diocèse de Bâle s’est imposé trois règles pour l’accueil, l’écoute et la prise en charge des victimes: Il s’agit tout d’abord de l’indépendance de la procédure vis-à-vis des responsables ecclésiaux. Toutes les personnes amenées à intervenir auprès des victimes (consultants, coordinatrice) sont extérieures aux responsables ecclésiaux et ne sont pas des agents pastoraux nommés par l’Église. Les responsables du diocèse (évêque, vicaire général, vicaire épiscopal) directement contactés par une victime, redirigent cette personne vers la coordinatrice, sans entrer en matière.
Il y a ensuite une obligation de donner suite aux annonces d’abus, contrairement à ce qui avait court précédemment, quand le choix d’engager ou de ne pas engager une procédure judiciaire était laissé à la personne qui s’annonçait. Le nouveau concept du diocèse de Bâle oblige les consultants à annoncer à la coordinatrice les infractions présumées poursuivies d’office, même contre la volonté de la personne qui les consulte. Cela signifie que les consultants ne sont pas tenus au secret professionnel.
Enfin, la procédure est menée exclusivement par les autorités judiciaires étatiques. Il ne revient pas aux responsables ecclésiaux de mener une enquête, d’établir s’il y a prescription ou non, d’évaluer le type d’infraction dont il s’agirait.
Ces procédures et décisions relèvent de la justice étatique, avant tout du ministère public. Le diocèse de Bâle s’en remet aux autorités judiciaires de chaque canton.
Pour rencontrer les consultants, il suffit d’envoyer un simple courriel de demande de rendez-vous (adresses sur le site internet …). Une réponse sera rapidement donnée pour trouver une date et le meilleur cadre pour la rencontre.
Les consultants du diocèse pour la partie alémanique devraient être prochainement nommés. (cath.ch/com/rz)