Jura: décès de l’abbé Jacques Oeuvray… «Dûe vôs voidgeuche!»
«Que Dieu vous garde!» adressent les patoisants jurassiens à «leur» abbé Jacques Oeuvray, décédé le 9 octobre 2024 au Cameroun, dans sa 81e année. Figure joviale du Jura pastoral, l’Ajoulot passait quelques jours dans son pays d’adoption.
«Il voulait aller dire au revoir à ses amis du Cameroun, car il sentait que sa santé déclinait», déclare la déléguée épiscopale Marie-Andrée Beuret au Quotidien Jurassien. «Il a eu des ennuis de santé qui ont nécessité son hospitalisation rapide, à laquelle il n’a pas survécu», précise la théologienne en pastorale, confirmant les termes publié par RFJ (Radio Fréquence Jura).
En 1996, l’abbé Jacques fonde l’Association des Amis de l’Institut Populorum Progressio d’Elig-Mfomo (IPPE) pour promouvoir une école créée par l’abbé Emile, prêtre camérounais, en 1989 près d’Obala, au nord de Yaoundé, capitale du pays. Avec l’appui de divers soutiens jurassiens – politiques, publics, agricoles et religieux –, Jacques Oeuvray développe ensuite un institut agricole, à Obala.
Depuis 2009, le chanoine émérite était devenu le gardien de la chapelle de Lorette à Porrentruy, accueillant toutes les personnes de passage. cath.ch l’avait rencontré en période de pandémie.
Depuis une trentaine d’année, Jacques Oeuvray célébrait la messe en patois jurassien plusieurs fois par année, afin de perpétuer cette véritable tradition orale régionale.
L’Ajoulot savait utiliser son talent d’orateur lors de ses homélies, particulièrement lors des messes en patois où il paraphrasait les passages de la Bible, en racontant régulièrement des histoires drôles, en français comme en patois, provoquant parfois des éclats de rire, voire des applaudissements de l’assemblée. Sa dernière messe radio sur RTS-Espace 2 a eu lieu à Boncourt en 2021.
Jacques Oeuvray était aussi engagé dans de nombreuses organisations. Il fut notamment membre initiateur de la Fondation du Secours d’hiver – Jura et de l’Œuvre Jurassienne de Secours, de 1980 à 2015. Dans les dernières années de sa vie, il était également engagé comme conseiller spirituel du Mouvement Chrétien des Retraités (MCR), l’aumônier d’hôpital et auprès des malades. Il fut également encore présent pour le 100e Pèlerinage romand de printemps à Lourdes. Sans oublier ses services de prêtre auxiliaire dans le nouvel Espace pastoral Ajoie – Clos du Doubs.
Lors de la fête de ses 50 ans d’ordination presbytérale à Cœuve, célébrée en mars 2024, de nombreuses personnes lui ont rendu un vif hommage. Ces témoignages d’amitié et de reconnaissance ont ” été son plus beau cadeau «, avait-il confié à son auditoire à la fin de la messe, rapporte le Pôle de communication du Jura pastoral.
Né à Cœuve le 4 décembre 1943, Jacques Oeuvray a d’abord effectué un apprentissage de conducteur typographe à La Bonne Presse à Porrentruy, puis de rotativiste au journal Le Pays. C’est sur les bancs de l’église de Cœuve qu’il répond à un appel vocationnel et prend la route du séminaire diocésain de Fribourg. Ordonné prêtre dans son village en 1974, il est ensuite nommé vicaire à Moutier (1974-1978) puis doyen de Porrentruy (1978-1985) entouré d’une équipe pastorale qu’il a contribué à mettre en place.
Jacques Oeuvray poursuit son ministère à Delémont (1985-1998) et revient en Ajoie, en sein de l’équipe pastorale de l’Eau-Vive à Boncourt (1998-2009), avant d’être installé comme chapelin de Notre-Dame de Lorette à Porrentruy, jusqu’à la fin de sa vie.
En mai 2014, il a présidé une messe TV sur RTS 1 à Porrentruy:
Il est également nommé chanoine de la République et Canton du Jura en 1992, poste qu’il occupera jusqu’à 2011, avant de passer le témoin au chanoine Jean-Marie Nusbaume. Ce poste de chanoine unique sert à faire le lien entre l’Église catholique dans le Jura et les autorités cantonales, ainsi qu’avec les autres chanoines du diocèse de Bâle, notamment lorsqu’un nouvel évêque est choisi. (cath.ch/gr)