L'indulgence, une grâce divine | © Marcos Ferreira/Unsplash
Vatican

Jubilé 2025: pourquoi et comment obtenir une indulgence plénière

Le Jubilé 2025 sur l’espérance offre à tous les fidèles l’opportunité d’obtenir une indulgence plénière pour eux-mêmes ou pour des âmes du purgatoire. Quelles sont les conditions préalables requises, définies par l’Église, pour recevoir cette grâce divine? Décryptage.

La concession d’indulgence durant les années jubilaires est une pratique ancienne, auquel le Jubilé 2025 ne déroge pas. Dans la bulle d’indiction du Jubilé signée par le pape François le 9 mai 2024, celui-ci indique que l’indulgence jubilaire «permet de découvrir à quel point la miséricorde de Dieu est illimitée».

Parler d’indulgence, c’est, en effet, se référer à l’indulgence de Dieu, qui relève pleinement de la grâce. Si certaines conditions sont requises pour obtenir une indulgence, celle-ci reste toujours du ressort de Dieu. Elle est un don du Miséricordieux.

De quoi parle-t-on?

L’indulgence – partielle ou plénière – est une remise des peines qui attendent chacun après sa mort terrestre, du fait des péchés qu’il a commis durant sa vie sur Terre. Concrètement, une indulgence réduit le temps qu’une âme doit passer au Purgatoire. Car si l’indulgence plénière peut théoriquement exempter le pécheur de tout passage par le Purgatoire, et le mener donc directement au Paradis, cela reste extrêmement rare dans les faits, sauf si elle est accordée sur le lit de mort. Car le pécheur qui reçoit une indulgence plénière va, selon toute probabilité, recommencer à pécher après avoir reçu cette grâce… C’est pourquoi il est possible de recevoir plusieurs indulgences plénières au cours de sa vie, voire chaque jour durant le temps du Jubilé.

Selon la foi catholique, l’indulgence ne peut être reçue par le fidèle que si ses fautes ont déjà été pardonnées dans le cadre du sacrement de réconciliation (confession, sacrement pénitentiel). Mais si la faute a été pardonnée, pourquoi faut-il en plus une indulgence? Parce que la confession n’a pas le pouvoir d’annuler le «désordre» causé par le péché: la faute pardonnée reste commise et ses conséquences ne peuvent être effacées. L’indulgence de Dieu, pour sa part, permet d’effacer toute trace du désordre commis par le péché et offre une réparation totale. (Voir encadré.) Elle est donc plus qu’un ‘simple’ pardon du péché. C’est une grâce qui débarrasse l’être humain de tout ce qui l’empêche d’être en relation avec Dieu. Elle le lave de tous ses péchés et restaure celui qui en bénéficie dans l’état de son baptême.

Comment obtenir l’indulgence plénière lors du Jubilé 2025

Dans le cadre du Jubilé 2025, le processus d’obtention de l’indulgence plénière a été précisé dans une note, le 13 mai 2024, par le cardinal Angelo De Donatis, pénitencier apostolique.

La Pénitencerie apostolique
C’est l’un des trois tribunaux de la Curie romaine. Elle s’auto-définit comme ‘un tribunal de la miséricorde’. Depuis 1917, elle concède les indulgences, en fixe les conditions et les usages. La doctrine dogmatique des indulgences, par contre, reste l’apanage de la Congrégation de la doctrine de la foi.

Outre le pardon sacramentel, les autres actes habituellement demandés aux fidèles pour bénéficier d’une indulgence restent de mise, soit participer à une messe et communier, et prier selon les intentions du pape. «Les fidèles réellement repentis, hormis l’attachement au péché et animés d’un esprit de charité qui, au cours de l’Année sainte, purifiés par le sacrement de pénitence, et nourris de la sainte communion, prieront aux intentions du Souverain pontife, obtiendront du trésor de l’Église, une pleine indulgence.»

La note recommande aux évêques de faciliter l’accès au sacrement de réconciliation, en étendant les horaires de disponibilité des prêtres pour les confessions. Elle souligne également l’importance de poser des actes de pénitence, comme se priver les vendredis «de distractions futiles ou de consommation superflue». La Pénitencerie cite spécifiquement celles véhiculées par «les médias et les réseaux sociaux».

Le pèlerinage, chemin de conversion

Cependant, d’autres voies s’ouvrent aux fidèles durant l’année jubilaire: le pèlerinage, la visite à un lieu sacré et les actes de miséricorde ou de pénitence.

Les ‘pèlerins d’espérance’ sont invités à se rendre en pèlerinage en un lieu lié au Jubilé – à Rome bien sûr, mais aussi en Terre Sainte ou en tout autre lieu choisi par l’ordinaire du lieu – et à participer dans ce cadre à une messe ou une célébration.

Sont nommément identifiés dans la note: les quatre basiliques majeures pourvues d’une Porte sainte ouverte pour l’occasion – Saint-Pierre au Vatican, Saint-Jean de Latran, Sainte-Marie-Majeure et Saint-Paul-hors-les-Murs – et les trois basiliques de Terre Sainte – de l’Annonciation, à Nazareth, de la Nativité, à Bethléem, et du Saint-Sépulcre-Anastasis, à Jérusalem.

Le pèlerinage, une voie pour obtenir l’indulgence plénière. Photo: jubilé de la miséricorde, 2016 | © Bernard Hallet

Le pèlerinage doit conserver «sa force symbolique, de telle sorte que soit manifesté le besoin ardent de conversion et de réconciliation», insiste la note.

La visite d’un lieu jubilaire

Pour bénéficier de l’indulgence, en dehors des pèlerinages, la visite individuelle ou en groupe dans un lieu jubilaire sacré est aussi possible, toujours sous certaines conditions. Les fidèles y «vivront un temps convenable d’adoration eucharistique et de médiation, conclu par le Notre-Père, le Credo et l’invocation à Marie, Mère de Dieu», précise le cardinal De Donatis.

Outre les lieux de pèlerinage cités ci-dessus, sont inclus une dizaine d’églises romaines, les deux basiliques d’Assises, les sanctuaires nationaux et internationaux, ainsi que toute cathédrale désignée par un évêque ou une conférence épiscopale comme lieu lié au Jubilé. Sont ainsi encouragées, à Rome, les visites du sanctuaire du Divin Amour, de l’église Santo Spirito in Sassia (le sanctuaire de la Divine Miséricorde), de l’église Saint-Paul aux Trois Fontaines (lieu du martyre de Paul) et des catacombes chrétiennes.

Ceux qui ne peuvent se déplacer «pour de justes motifs», comme les moines et les moniales, peuvent bénéficier eux aussi de l’indulgence en s’unissant spirituellement aux fidèles présents sur place, grâce aux transmissions radiophoniques, télévisées ou en streaming.

Œuvres de miséricorde

Durant le temps du Jubilé, les fidèles peuvent encore acquérir l’indulgence plénière en accomplissant des œuvres de miséricorde à la suite des commandements du Christ: nourrir les affamés, donner à boire à ceux qui ont soif et des vêtements ‘à ceux qui sont nus’, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers et ensevelir les morts. Voilà pour les œuvres de miséricorde qui concernent le corps.

La formation et les œuvres de miséricordes spirituelles ne sont pas oubliées. «Les fidèles pourront recevoir l’indulgence jubilaire en participant pieusement aux missions populaires, aux exercices spirituels ou à des rencontres de formation sur les textes du Concile Vatican II et du Catéchisme de l’Église catholique», indique la note de la Pénitencerie apostolique.

Ils pourront aussi «conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts».

À noter que ces gestes de miséricorde peuvent être accomplis à l’envie, ce qui peut permettre aux fidèles de recevoir à plusieurs reprises l’indulgence plénière. Dans le cadre du Jubilé, elle peut même être acquise deux fois dans la même journée, une fois pour soi-même et une fois pour les défunts, si le fidèle accède «légitimement au sacrement de la communion une seconde fois le même jour». (cath.ch/lb)

Les indulgences et la communion des saints
Dans son message à propos des indulgences du 12 décembre 2024, Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève, Fribourg, éclaire le lien entre l’indulgence et la solidarité spirituelle. Extrait.
«Si je brûle la maison de quelqu’un, il peut me le pardonner, mais il reste à reconstruire la maison. D’autres peuvent m’aider dans cette tâche. Or Dieu nous vient en aide en tenant compte de ce que nous sommes. Nos actes, positifs et négatifs, ont un impact sur d’autres. Des effets positifs peuvent compenser des effets négatifs, aussi dans le domaine spirituel. Évidemment que le Christ n’a pas besoin de nous pour nous sauver, mais il associe ses disciples à la diffusion de ses dons. Jésus n’envoie pas des disciples passifs. Le pape Paul VI parlait de cette solidarité en présentant les indulgences: «Dans le secret et la bonté du mystérieux dessein de Dieu, les hommes sont unis entre eux par une solidarité surnaturelle par laquelle le péché d’un seul nuit aussi aux autres, de même que la sainteté d’un seul profite également aux autres. C’est ainsi que les fidèles s’aident les uns les autres à parvenir à leur fin surnaturelle» (Constitution Apostolique Indulgentiarum Doctrina, 1er janvier 1967, § 4).
Il existe désormais seulement des indulgences plénières. L’entraide dans la communion des saints ‘compense’ la totalité des effets restants des péchés de la personne pour laquelle on obtient l’indulgence.» LB

L'indulgence, une grâce divine | © Marcos Ferreira/Unsplash
10 février 2025 | 17:00
par Lucienne Bittar
Temps de lecture : env. 6  min.
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