Juan Carlos Cruz nommé à la Commission pour la protection des mineurs

Le pape François a nommé Juan Carlos Cruz comme membre de la Commission pontificale pour la protection des mineurs le 24 mars 2021, communique le Bureau de presse du Saint-Siège le même jour. Ce Chilien est une ancienne victime de pédophilie, très engagée dans la lutte contre les abus sexuels et connue pour ses prises de parole sur l’homosexualité.

En avril 2018, le pape François avait rencontré des victimes du Père Fernando Karadima, prêtre chilien qu’il choisit de renvoyer de l’état clérical quelques mois pour tard en raisons d’actes pédophiles commis dans les années 1980-1990. Parmi les hommes reçus par le pape, figurait Juan Carlos Cruz, un Chilien aujourd’hui très engagé pour combattre les abus notamment au sein de l’Église chilienne, traumatisée par les affaires.

Avec d’autres victimes, Juan Carlos Cruz a en effet joué un rôle fondamental pour lever le voile sur des années de silence dans l’Église chilienne. Il a notamment alerté le pape François dès 2015 lorsque celui-ci a nommé Mgr Juan Barros à la tête du diocèse d’Osorno, lui adressant une lettre, dans laquelle il décrivait les abus subis par le père Karadima, affirmant que Mgr Barros y avait assisté. Mais à l’époque et jusqu’au voyage du pape au Chili en janvier 2019, François affiche son soutien à l’évêque.

Juan Carlos Cruz fait désormais partie de la Commission pontificale pour la protection des mineurs dont il a été nommé membre par le pape le 24 mars 2021. Il rejoint ainsi un panel de professionnels et religieux engagés sur le sujet et reconduits le même jour par le pape François à l’instar du Père Hans Zollner, président du Centre pour la protection de l’enfance de l’Université pontificale grégorienne de Rome.

Un militant homosexuel

Juan Carlos Cruz est également connu pour son militantisme en faveur de l’homosexualité. Lors de son entretien avec le pape François en avril 2018, il avait rapporté au quotidien espagnol El País des propos que lui aurait tenus le pape au sujet de son orientation sexuelle. Selon lui, le pontife lui aurait assuré que Dieu l’avait créé ainsi. À l’époque, le Bureau de presse avait refusé de commenter ces propos, soulignant le caractère strictement confidentiel des échanges entre le pape et les victimes chiliennes.

Le Chilien est également l’un des protagonistes du documentaire Francesco – du réalisateur Evgeny Afineevsky paru en octobre dernier – dans lequel le pape s’exprime sur l’homosexualité. Dans ce film, il réitère que selon le pape, Dieu l’a créé homosexuel.

La nomination de cette ancienne victime chilienne du Père Fernando Karadima au sein de la Commission pontificale pour la protection des mineurs est à mettre en perspective avec la situation de l’Église au Chili, pays gravement marqué par les abus sexuels.

Le 18 mai 2018, les 34 évêques de la Conférence des évêques du Chili avaient présenté leur démission au pape François, reconnaissant leur responsabilité collective face aux graves cas d’abus de pouvoir, de conscience et sexuels, commis au sein de l’Eglise au Chili. Depuis mai 2019, le pape François a recommencé à nommer de nouveaux évêques. (cath.ch/imedia/cg/bh)