JRS: «Ceux qui attendaient notre aide dans le camp se sont retrouvés démunis»
Dans une déclaration publiée le 6 février 2025, le Service jésuite des réfugiés (JRS) lance l’alerte: le gel de l’aide étrangère par le gouvernement américain a un impact dramatique sur des populations vulnérables du monde entier. En ce qui concerne les programmes du JRS, ils sont d’ores et déjà gravement compromis dans neuf pays.
En l’espace d’une semaine, l’administration américaine s’est employée à démanteler le système d’aide humanitaire international. Le 24 janvier 2025, l’administration Trump a ordonné la suspension de l’aide étrangère américaine, le temps de redéfinir sa stratégie en la matière: des milliards de dollars dévolus aux programmes humanitaires sont ainsi gelés pour 90 jours. Puis, le 10 février, l’administration américaine a fermé l’USAID, l’Agence américaine pour le développement.
Ces décisions ont de très lourdes et immédiates répercussions humaines dans le monde entier, s’alarme le JRS: «Les programmes de soins vitaux qui permettent de sauver certaines des communautés les plus vulnérables et les plus menacées du monde ont été plongés dans une profonde incertitude.»
Une crise vitale sans précédent
La suspension de l’aide internationale américaine a ainsi, presque instantanément, interrompu l’assistance vitale destinée aux réfugiés et aux autres personnes déplacées de force. Il s’agit là d’une situation sans précédent, témoigne Michael Schopf sj, directeur international de cette œuvre jésuite engagée depuis 45 ans auprès de ces populations marginalisées.
Présent dans 58 pays, le JRS voit ainsi ses programmes lourdement impactées dans neuf d’entre eux: l’Afrique du Sud, la Colombie, l’Éthiopie, l’Inde, l’Irak, le Soudan du Sud, la Thaïlande, l’Ouganda et le Tchad. Ses activités devaient y être assurées grâce au financement du Bureau de la population, des réfugiés et des migrations (PRM) du Département d’État américain, pour un montant total de plus de 18 millions de dollars en 2025.
La «suspension des travaux» pourrait avoir des conséquences néfastes pour plus de 100’000 réfugiés et personnes déplacées, s’alarme le JRS, «des individus qui ont déjà tant perdu et vivent en marge de la société et qui ne pourront pas accéder aux services vitaux au cours des trois prochains mois». Leur vie même est en danger.
Conséquences dramatiques en cascade
Le choc a été grand, tant auprès des populations aidées que des accompagnants. «Je venais de me préparer à rencontrer les nouveaux arrivants au centre d’accueil de Doro pour animer des sessions de premiers secours psychologiques et de psychoéducation lorsque j’ai reçu l’instruction de cesser nos activités», témoigne Elizabeth Nyapito, responsable de la Santé mentale et du soutien psychosocial (SMSP) pour le JRS à Maban, au Soudan du Sud. «Ceux qui attendaient notre aide se sont retrouvés démunis, remplis de questions, sachant que le JRS avait toujours été la bouée de sauvetage sur laquelle ils pouvaient compter dans le camp.»
Le gel des fonds empêchera les enfants déplacés d’aller à l’école, compromettra l’avenir des jeunes réfugiés dont les programmes de développement des compétences ont été suspendus et imposera un stress immense aux femmes privées de soutien psychosocial, précise le JRS.
«L’impact potentiel est énorme», affirme de son côté le directeur national du JRS en Irak. «De nombreuses communautés restent en détresse en raison des conséquences des attaques de l’EI, du soutien limité du gouvernement et de la diminution de l’aide humanitaire. Cet arrêt brutal des financements risque d’aggraver les vulnérabilités, en accentuant la pauvreté, le travail des enfants, l’isolement, la détérioration de la santé mentale et le besoin de migrer à nouveau.» (cath.ch/jrs/lb)