18e Journée mondiale pour l'abolition de la peine de mort
Suisse

Journée mondiale pour l'abolition de la peine de mort

A la veille de la célébration, le 10 octobre 2020, de la Journée mondiale contre la peine de mort, le rappel du pape François de l’opposition de l’Eglise à la peine capitale tombe très opportunément. L’ACAT-Suisse invite les chrétiens à se mobiliser à cette occasion.

Pour les personnes qui risquent la peine capitale, l’accès à un avocat peut faire la différence entre la vie et la mort, rappelle cette année la Coalition mondiale contre la peine de mort. Relayée en Suisse par l’ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) la campagne souligne l’importance de la défense des personnes qui risquent une condamnation à mort.

Le droit à la défense est fondamental

A partir d’exemples du Japon, d’Iran, du Kenya, des Etats-Unis ou du Malawi, la campagne relève que dans nombre d’Etats, les avocats, souvent commis d’office, n’ont pas les moyens ni les ressources pour défendre correctement les accusés. Ils n’ont pas assez de temps pour s’entretenir avec leur client et préparer leurs dossiers avant le procès. Mal rémunérés, ils travaillent dans des environnements hostiles. D’autres n’ont pas l’expérience requise pour des cas difficiles…  Le droit à la défense, bien qu’inscrit dans les traités internationaux comme dans les constitution des Etats, reste ainsi lettre morte, dénonce la coalition.  

Tout en oeuvrant pour l’abolition totale et rapide de la peine de mort partout dans le monde et pour tous les crimes, la coalition estime crucial d’alerter la société pour qu’à tous les stades de la procédure pénale une défense juridique efficace soit assurée.

Pétition au président biélorusse

L’ACAT-Suisse ponctue sa campagne avec un appel urgent au président biélorusse Alexandre Loukachenko pour un moratoire sur la peine de mort. La pétition réclame aussi qu’il commue la peine de mort imposés aux frères Stanislau et Ilia Kostseu, âgés de 19 et 21 ans, condamnés en janvier 2020, pour le meurtre d’une voisine.

Le texte exige enfin la levée du secret entourant les exécutions et le lieu d’inhumation des condamnés afin que leurs proches puissent s’y recueillir.  

La peine de mort selon le pape François

Dans son encyclique Fratelli tutti, le pape François revient assez longuement sur la peine de mort (nos 263-270) jugeant impossible «d’imaginer qu’aujourd’hui les États ne puissent pas disposer d’un autre moyen que la peine capitale pour défendre la vie d’autres personnes contre un agresseur injuste.»

«Aujourd’hui, nous disons clairement que la peine de mort est inadmissible et l’Église s’engage résolument à proposer qu’elle soit abolie dans le monde entier», écrit d’entrée le pape François (no 263).

«Les peurs et les rancunes conduisent facilement à une conception vindicative, voire cruelle, des peines, alors qu’elles doivent être comprises comme faisant partie d’un processus de guérison et de réinsertion dans la société», avertit le pontife (no 266). «Aujourd’hui aussi bien dans certains secteurs de la politique que dans certains moyens de communication, on incite parfois à la violence et à la vengeance, publique et privée», déplore-t-il.

Inadéquate sur le plan moral et pas nécessaire sur le plan pénal

Pour le pape, «les arguments contraires à la peine de mort sont nombreux et bien connus. L’Église en a opportunément souligné quelques-uns, comme la possibilité de l’existence de l’erreur judiciaire et l’usage qu’en font les régimes totalitaires et dictatoriaux qui l’utilisent comme instrument de suppression de la dissidence politique ou de persécution des minorités religieuses et culturelles, autant de victimes qui, selon leurs législations respectives, sont des ‘délinquants'(no 268). «Saint Jean Paul II a affirmé de manière claire et ferme qu’elle est inadéquate sur le plan moral et n’est pas nécessaire sur le plan pénal.» (no 263)

«Le rejet ferme de la peine de mort montre à quel point il est possible de reconnaître l’inaliénable dignité de tout être humain et d’accepter sa place dans cet univers» poursuit le pape.

«Tous les chrétiens et les hommes de bonne volonté sont donc appelés à lutter non seulement pour l’abolition de la peine de mort, légale ou illégale, et sous toutes ses formes, mais aussi afin d’améliorer les conditions carcérales, dans le respect de la dignité humaine des personnes privées de la liberté», conclut le pontife. (no 268). (cath.ch/com/mp)  

18e Journée mondiale pour l'abolition de la peine de mort
6 octobre 2020 | 15:37
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 3  min.
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