Le pasteur Gottfried Locher, président du Conseil de l’Eglise évangélique réformée de Suisse, et Mgr Markus Büchel, évêque de St-Gall, dans un camp de réfugiés syriens à Zahlé, au Liban | @  Jacques Berset)
Suisse

Journée des droits de l’homme: les Eglises appellent à plus d’humanité

A l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme du 10 décembre 2019, les trois Eglises nationales de Suisse appellent à davantage d’humanité face aux personnes en détresse. EIles déplorent qu’apporter de l’aide aux réfugiés «peut aujourd’hui être qualifié d’infraction».

Le texte «Faire de la place», une contribution des trois Eglises – catholique-romaine, catholique-chrétienne et protestantes – et des Eglises libres de Suisse suscite et nourrit la réflexion sur la promesse divine d’une vie en abondance et sur l’idée d’une seule et même famille humaine. Publié à l’occasion de la Journée des droits de l’homme 2019, ce texte relève que qui défend les réfugiés et les requérants d’asile pour des motifs jugés insuffisants par l’Etat entre en conflit avec la loi.

Pas de statut particulier pour les ecclésiastiques

Mais en réalité, selon les Eglises, «il s’agit d’une variante de la longue pratique de l’asile ecclésiastique qui accorde aux milieux ecclésiastiques un statut protecteur particulier. Celui-ci ne se trouve pas hors de la loi, mais constitue toutefois une interruption de son application».

Les personnes réfugiées ou demandant l’asile ont besoin en Suisse de protection et de soutien. Sous l’effet de l’esprit de concurrence et du manque de ressources, leurs besoins, pourtant, sont vus par beaucoup comme une menace envers leurs propres intérêts. La rencontre entre les personnes devient alors une confrontation.  

Aider les réfugiés peut être une infraction

«Répondre à la détresse des êtres humains par la seule loi n’est pas permis. Laisser de la place à notre humanité est l’unique option pour prendre au sérieux les besoins des hommes et des femmes et y répondre». Les Eglises déplorent qu’apporter de l’aide aux réfugiés «peut aujourd’hui être qualifié d’infraction». Ce fut le cas du pasteur Norbert Valley, condamné le 15 août 2018 par la justice neuchâteloise pour avoir hébergé et nourri un Togolais en situation irrégulière en Suisse.

La Bible tient un autre langage. Elle promet une vie en abondance – pour tous les humains. A l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme du 10 décembre, l’Eglise évangélique réformée de Suisse (EERS) – ancienne Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) – ainsi que l’Eglise catholique-chrétienne de Suisse et la Conférence des évêques suisses (CES) veulent laisser place à la notion d’une seule et même famille humaine. Les Eglises plaident pour «être ensemble plutôt qu’en concurrence, en confiance plutôt qu’animés de défiance».  

A cet appel vient s’ajouter, pour la Journée internationale des droits de l’homme 2019, une pétition de l’ACAT-Suisse exigeant une politique plus humaine envers les requérants d’asile érythréens. Les paroisses sont invitées à soutenir par une collecte l’engagement de l’ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) contre la torture et la peine de mort. (cath.ch/com/be)

Le pasteur Gottfried Locher, président du Conseil de l’Eglise évangélique réformée de Suisse, et Mgr Markus Büchel, évêque de St-Gall, dans un camp de réfugiés syriens à Zahlé, au Liban | @ Jacques Berset)
6 décembre 2019 | 12:28
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 2  min.
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