JMJ: précisions sur les «polémiques eucharistiques»
Des polémiques ont surgi, notamment sur les réseaux sociaux, concernant le traitement des hosties aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) de Lisbonne. Le média américain The Pillar donne des précisions sur ce qui s’est réellement passé.
Les JMJ de Lisbonne, du 1er au 6 août 2023, ont été unanimement saluées comme une réussite et un moment historique de communion entre catholiques du monde entier. La fête a toutefois été quelque peu «ternie» par des critiques concernant les conditions de conservation des hosties consacrées. cath.ch a entre autres rapporté l’utilisation comme ciboires de bols en plastique fabriqués par Ikea.
Le média américain The Pillar, qui a mené son enquête sur le sujet, précise le 11 août 2023 que les bols en question n’ont pas été utilisés dans le cadre des JMJ en tant que telles. Cela s’est en fait passé lors d’une messe donnée au sein du très important contingent espagnol, dans un parc d’Estoril, près de Lisbonne.
Hosties protégées du vent
Le Père Nuno Coelho, curé de Cascais, qui a été l’agent de liaison des Pèlerins espagnols pour les JMJ a expliqué: «D’après ce que nous savons, il s’agissait des ciboires que l’apostolat des jeunes en Espagne utilise généralement pour les grandes messes en plein air. Ils ressemblent en effet un peu à des bols pour le petit-déjeuner.» Le prêtre portugais précise que «les ciboires officiels des JMJ ont été conçus par des artisans, ils sont faits de plaques d’argent et ont un couvercle articulé coulissant pour protéger les hosties du vent pendant la distribution. Les ciboires espagnols n’avaient pas de couvercle. Or, il y avait un vent très fort dans le parc, c’est pourquoi les participants les ont recouverts d’un film plastique pour les protéger.»
Le prêtre assure avoir laissé des instructions strictes pour recueillir tout le film plastique après la messe. «Il a été brûlé parce qu’il avait été en contact avec Notre Seigneur.» Quant aux ciboires eux-mêmes, la délégation espagnole les a conservés, a affirmé Nuno Coelho, Mais ils sont restés au Portugal, avec la garantie qu’ils ne seront plus utilisés dans les liturgies, ni pour des fins profanes.
Des boîtes en plastique comme tabernacle
Une seconde question litigieuse a surgi au sujet de la façon dont l’Eucharistie a été conservée pendant la nuit dans des tentes, avant d’être distribuée à 1,5 million de catholiques lors de la messe de clôture du 6 août. Une photo largement diffusée sur les réseaux sociaux montre trois boîtes en plastique empilées les unes sur les autres sur une table. Deux filles et un garçon sont agenouillés en prière devant les boîtes. Le cliché a été diffusé par la pèlerine américaine Savannah Dudzik, qui est l’une des personnes sur la photo. Elle explique avoir été furieuse de cette situation et être allée chercher un chapelet pour prier sur place.
La Fondation des JMJ a refusé de commenter officiellement la controverse. Mais The Pillar s’est entretenu avec un prêtre connaissant bien les détails de la veillée et de la messe finale, qui se sont déroulées dans le Parc Tejo, à Lisbonne.
Le prêtre a confirmé que la situation observée sous la tente par Savannah Dudzik n’était pas conforme aux directives des organisateurs des JMJ. «Nous avions demandé que dans chaque tente, les boîtes soient rangées sous les tables, qui étaient recouvertes de nappes faites sur mesure pour cette veillée. Cinq ou six ciboires auraient dû être placés sur les tables, pour l’adoration.» Pour une raison quelconque, ces instructions n’ont pas été suivies. «Mais il s’agissait d’une exception», a expliqué le prêtre.
Des défauts, mais pas de «sacrilèges»?
Les caisses grises dans lesquelles étaient entreposés les ciboires ont été offertes aux JMJ et n’ont pas servi à d’autres fins, selon lui. «La seule façon de transporter 6’000 ciboires était de le faire par ces caisses. Mais nous avons pris soin de le faire avec la plus grande dignité. Ces récipients ne sont pas esthétiques, mais c’est la solution que nous avons trouvée.»
Les photographies envoyées à The Pillar par d’autres pèlerins qui assistaient à la veillée suggèrent que la situation vécue par Savannah Dudzik et ses amis semble être l’exception, et non la règle, souligne le média américain.
Malgré cela, des termes assez durs, tels que «sacrilèges» ou «blasphèmes» sont apparus par rapport à ces situations. Le prêtre britannique Sean Gough, qui était présent au Portugal, estime «disproportionné» d’utiliser de tels termes ou de parler de nécessité de réparation. «Ce n’était certes pas parfait, mais ce qui m’a surtout exaspéré, c’est l’incroyable surréaction des gens, qui n’ont pas vu, à cause de tout cela, la grande joie qu’il y avait (…)»
De son côté, Savannah Dudzik regrette que son message sur les réseaux ait été instrumentalisé. «Les JMJ ont montré que l’Eglise catholique est vraiment universelle, a-t-elle confié, et c’est une belle chose. Mes paroles ne visent pas à attaquer les JMJ dans leur ensemble. Il y a eu des abus, mais si je ne trouvais pas cela magnifique, je n’y serais pas allée.» (cath.ch/thepillar/arch/rz)