JMJ: Louis, une leçon de résilience
Louis, jeune Fribourgeois de 25 ans, attendait ces JMJ depuis longtemps, malgré son handicap. En s’adaptant à son rythme, le groupe qui l’accompagne a bénéficié du sourire de cette force tranquille.
«Anne, je lui donne le ‘permis’, sans problème. Mais je ne le ferais pas pour tout le monde. Avec elle, on ne se prend jamais de poteaux». Louis est espiègle. Il déborde d’humour. C’est pour cela que les gens l’aiment et qu’ils oublieraient même sa chaise roulante.
Anne, 21 ans, n’est pas la seule à se proposer pour aider Louis. Tout le groupe se mobilise pour lui. «On essaie de le garder le plus possible avec nous, explique Fabrice. Mais hier, on n’a pas pu. On était dans le grand parc de Blonia pour l’accueil du pape et le sol était trempé. Il a suivi la cérémonie depuis un autre endroit», explique ce jeune fribourgeois bonhomme, en attendant le tramway pour le Sanctuaire Jean-Paul II, au sud de Cracovie.
Tout est compliqué
Trois trains passeront avant qu’un quatrième n’arrive, muni d’un plancher abaissé. On s’active autour de la chaise de Louis, puis tout le monde s’installe. Le tramway s’en va. Au bout de quelques minutes, on rit aux éclats en écoutant Fabrice, grand spécialiste du détournement de chants religieux.
C’est un défi pour Louis de participer à ce genre de rassemblement. Dans les rues de Cracovie la foule est compacte. Tout est compliqué, même à pied. «On va à son rythme», explique Fabrice, qui a retrouvé son sérieux. «Il faut un peu s’adapter, ajoute Paul Salles, l’animateur de ce groupe de Fribourgeois. Je suis devenu un spécialiste pour trouver les meilleurs trottoirs et les bons plans pour avancer en ville».
«Je ne demande jamais rien. Tout le monde m’aide spontanément», explique Louis. Mais parfois, la bonne volonté de ses amis est mise à rude épreuve. Pour accéder au Sanctuaire Jean-Paul II, depuis les rails, il faut emprunter une grande passerelle, avec une centaine de marches. Le groupe s’en approche, sceptique. Heureusement, il y a un ascenseur.
«M…! ‘Broken!», s’exclame Fabrice en apercevant le petit panneau qui en barre l’accès. Un policier, un scout et quelques costauds du groupe se chargeront de le porter. «Eh, tu voles!» Fabrice a le don de faire sourire Louis, malgré son embarras.
La foi d’un Philippin
Louis a la foi depuis tout petit. «Mais c’est un combat! Un peu comme les JMJ». Jusqu’à 17 ans, il a vécu aux Philippines, terre catholique. «J’ai rencontré un athée pour la première fois à l’hôpital de Fribourg. Je suis resté avec lui trois mois, dans la même chambre. Au début, j’étais choqué. Et puis, en discutant, j’ai un peu compris ses raisons».
«Parfois j’envie les autres, mais je n’éprouve jamais de colère»
Sa grand-maman est une femme très pieuse – «Quand j’étais chez elle, l’été, je me levais à 05h30 pour réveiller mes cousins et on devait prier ensemble» – et son oncle est prêtre. Au-delà du défi, les JMJ sont donc pour Louis un rêve. «J’ai vécu deux JMJ nationales à Fribourg. Je voulais les voir en plus grand».
Mon secret, la confiance
Louis ne se plaint jamais, il a toujours le sourire, un regard clair et le tout couronné d’un humour désarmant. Quel est son secret? «Je ne sais pas, je suis toujours allé à l’école normale, avec d’autres camarades. C’était dur aux Philippines, parce qu’on se moquait de moi. J’ai dû me battre. Je suis arrivé en Suisse à 17 ans, juste après l’école secondaire, j’ai suivi mon père qui a trouvé du travail ici. Je ne parlais pas un mot de français, j’avais perdu tous mes amis. Je devais tout recommencer à zéro». Et Louis s’est surpassé. «J’ai fait un apprentissage d’employé de bureau. J’ai appris le français très rapidement».
Il a perdu l’usage de ses jambes progressivement. «A quatre ans, je commençais à tomber et ça s’est empiré avec le temps». «Parfois j’envie les autres, mais je n’éprouve jamais de colère. Je me suis rendu compte que je devais accepter d’être en chaise. Sans quoi, je ne pourrais jamais être heureux».
Après avoir visité le Sanctuaire Jean-Paul II, le groupe se dirige vers celui de la divine miséricorde, à quelques pas. Le petit chemin est pentu. «Tire le frein moteur», lui lance Jean-Marc Buchs, l’un des animateurs du groupe. Louis semble impressionné par les lieux et l’histoire de sainte Faustine, entendue plus tôt dans la journée. Il sort son appareil photo et prend le temps d’immortaliser ce moment. En silence, le groupe s’approche de l’imposante basilique. «Tu sais, mon secret, c’est la confiance». (cath.ch-apic/pp)