Jérusalem: arrestations après une agression contre un chrétien
Deux juifs israéliens ont été arrêtés pour des crachats et des insultes contre un religieux bénédictin, le 3 février 2024 à Jérusalem, rapporte le média Times of Israel. Les agressions contre des chrétiens sont en augmentation dans la ville sainte.
La victime de l’agression est Nikodemus Schnabel, un religieux bénédictin allemand de l’Abbaye de la Dormition, à Jérusalem. Il marchait dans les rues de la vieille ville lorsqu’il s’est fait appréhender par deux jeunes portant la kippa et le tallit katan, un sous-vêtement traditionnel juif. L’un des jeunes lui aurait craché dessus. Le bénédictin a alors voulu prendre les deux individus en photo pour les dénoncer à la police.
Plusieurs vidéos de l’incident ont été postées sur le réseau social X (anciennement Twitter). Sur l’une d’elles, on voit l’un des deux jeunes tentant d’intimider Nikodemus Schnabel pour qu’il ne le prenne pas en photo. Alors que d’autres personnes interviennent, les deux jeunes décident finalement de partir sur l’injonction d’un passant armé. Avant de s’en aller, ils crient «Fucking Jesu» en direction du moine allemand.
Selon le Times of Israel, les deux suspects ont été interpellés quelques heures plus tard. L’un des deux serait âgé de 17 ans. Aucun détail n’a été révélé sur l’autre. Ils ont été mis en détention provisoire.
Indignation en haut lieu
Nikodemus Schnabel a déclaré que la vidéo montrait «une partie de ma réalité quotidienne qui est rarement filmée. Je n’ai pas cherché de publicité en faisant cela, alors que des choses bien plus terribles se passent ici et que des gens souffrent. Prions pour la paix et la réconciliation.»
L’affaire a suscité des réactions d’indignation également dans les hautes sphères. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israel Katz, a parlé d’un «incident odieux». «Sous le gouvernement israélien, les membres de toutes les religions bénéficient d’une totale liberté de culte, comme cela n’a jamais été le cas auparavant», a-t-il assuré. Le ministre des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne a également condamné l’incident, affirmant que c’était le résultat de l’incitation exercée en ce sens par le gouvernement israélien d’extrême droite.
L’ambassadeur d’Allemagne en Israël, Steffen Seibert, a qualifié le comportement des deux jeunes juifs «de scandaleux». «Mais ce qui me met vraiment en colère, ce sont ceux qui leur enseignent que le judaïsme signifie mépriser les chrétiens ou toute autre religion. Cela doit cesser», a-t-il ajouté.
Le Patriarcat latin de Jérusalem (PLJ) a par ailleurs dénoncé une agression «non provoquée et honteuse». «La poursuite des auteurs de ces crimes de haine est un moyen important de dissuader et de renforcer le sentiment de sécurité des ecclésiastiques chrétiens en Terre Sainte, en particulier à Jérusalem», affirme le PLJ dans un communiqué.
Minimisation de responsables
Selon le Times of Israel, il s’agissait du premier incident de ce type reporté depuis le mois d’octobre. 17 agressions similaires avaient été enregistrées dans les six mois précédents, ce qui constituait, d’après la police, une importante augmentation.
Cinq personnes ont été arrêtées le 4 octobre dernier, soupçonnées d’avoir craché sur des chrétiens alors que la fête de Souccot était célébrée dans la ville. Des actes sévèrement dénoncés par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, mais minimisés par d’autres politiciens. Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et le député de la Knesset Simcha Rothman, ont affirmé que de telles attaques étaient condamnables mais que les réactions étaient disproportionnées. «Je pense que le fait de cracher sur des chrétiens n’est pas une affaire criminelle, a déclaré Itamar Ben Gvir. De tels actes ne justifient pas une arrestation.» (cath.ch/timesofisrael/kna/arch/rz)