«Jean Paul II – le dialogue entre la science et la foi»

Fribourg: Journée d’études sur le pape Jean Paul II à l’Université de Fribourg

Fribourg, 20 mars 2012 (Apic) Près de 200 personnes ont participé le 20 mars 2012 à l’Université de Fribourg à une journée d’études intitulée «Jean Paul II – le dialogue entre la science et la foi». L’intervenant principal de la journée était un ami du pape polonais, le cardinal Zénon Grocholewski, préfet de la Congrégation pour l’Education catholique. Soulignant l’»authenticité» de son célèbre compatriote, «un homme qui aimait les autres», le prélat de la curie romaine a révélé qu’à son contact, des personnes sont devenues catholiques.

Le cardinal polonais, originaire du diocèse de Poznan, a travaillé dès 1972 au Tribunal suprême de la Signature apostolique à Rome, avant d’être nommé préfet de la Congrégation pour l’éducation catholique en 1999. Pour le canoniste polonais, qui a côtoyé Jean Paul II dès son élection comme pape, ce dernier était «amical, proche des gens».

#L’Université est confrontée au phénomène de la fragmentation du savoir

La Journée d’études du 20 mars, organisée par le rectorat et le décanat de la Faculté de théologie de Fribourg en collaboration avec l’ambassade de la République de Pologne à Berne et la Mission catholique polonaise en Suisse, avait pour but de mettre en relief certains aspects centraux du magistère de Jean Paul II. Comme l’a rappelé le recteur Guido Vergauwen, il s’agit avant tout de la pensée du pape polonais dans le domaine du dialogue de la foi avec les sciences, surtout avec la bioéthique et les sciences sociales.

Accueillant le cardinal Grocholewski, préfet de la Congrégation pour l’Education catholique, le recteur Vergauwen a rappelé que l’Université de Fribourg est née en 1889 de la volonté des instances politiques du canton de Fribourg, et n’est pas ainsi une institution catholique à proprement parler.

«Mais si elle est une Université de l’Etat, elle voulait toujours et veut encore aujourd’hui offrir à ses 10’000 étudiants une formation qui les sensibilise aux valeurs de l’humanisme chrétien et qui les encourage à poursuivre avec passion une recherche authentique de la vérité. Comme toute Université, notre Université est confrontée au phénomène de la fragmentation du savoir et à la pluralité des théories qui se disputent la réponse».

Le Père Vergauwen a souligné le souci déclaré du rectorat qu’à Fribourg les étudiants puissent trouver, avec une bonne formation scientifique, également «des routes qui mènent vers un sens ultime de la vie, au-delà du scepticisme et de l’indifférence». Le bienheureux Jean Paul II, dans son enseignement et aussi dans sa propre vie, représente «une aide sur cette route de la vérité», a-t-il insisté.

#Jean Paul II n’a jamais recherché les applaudissements ni la reconnaissance

Dans son intervention, teintée d’une admiration chaleureuse pour son compatriote, le cardinal Zénon Grocholewski a relevé que le pape Jean Paul II n’a pas recherché son propre avantage, ni les applaudissements ni la reconnaissance: «Il était uniquement au service de la vérité de l’homme, conscient de la mission que lui avait confiée le Christ». Et pour mener à bien la lourde tâche de gouverner la Barque de Pierre, «le secret intérieur de Jean Paul II, c’était l’expérience de la prière, la clef pour comprendre la riche mosaïque et la dynamique de sa personnalité exceptionnelle».

Mentionnant les nombreuses œuvres accomplies pendant les 26 ans et demi de son pontificat, notamment la promotion des institutions d’enseignement catholiques – plusieurs centaines d’instituts et d’Université catholiques ont été fondés aux quatre coins du monde durant cette période – le cardinal Grocholewski a encore relevé l’importance des multiples rencontres du pape avec les hommes de la science et de la culture. Il a mis en exergue le souci de Jean Paul II de développer les sciences théologiques et morales de l’Eglise, de favoriser la compréhension adéquate du contenu de la Révélation, «c’est-à-dire de l’approfondissement et de la transmission fidèle du dépôt de la foi».

On retrouve cet enseignement dans ses nombreuses encycliques, exhortations et lettres apostoliques, messages, catéchèses, constitutions apostoliques, homélies et autres discours.

#Jean Paul II est toujours demeuré cohérent

Mgr Zénon Grocholewski a encore mis en avant le fait que Jean Paul II, par «sa profonde spiritualité et son union avec Dieu», est «un exemple fascinant de dialogue authentique»: le pape polonais parlait avec tout le monde, avec les juifs, les musulmans, les bouddhistes, avec les membres de toutes les religions, ainsi qu’avec les non-croyants.

«Je ne pense pas qu’il soit facile de trouver parmi les grandes figures du vingtième siècle un autre exemple de dialogue authentique, de dialogue qui rapproche et qui n’éloigne pas, qui conduit à chercher la vérité, et non à la relativiser… Son attitude était l’expression naturelle de son être, la richesse de son cœur, de son authentique amour du prochain, enraciné dans l’amour de Dieu… Ce pape parlait avec tout le monde, il n’y a aucune catégorie de personnes avec laquelle il n’a pas parlé. Jean Paul II a même voulu parler avec celui qui avait tenté de le tuer!».

Alors qu’il est facile de trouver tellement d’incohérence chez les politiciens qui apparaissent dans les médias, prenant position au gré des circonstances, a-t-il lâché, «Jean Paul II est toujours demeuré cohérent». La journée d’études s’est conclue par les interventions du doyen de la Faculté de théologie, le professeur Mariano Delgado, doyen de la Faculté des sciences économiques et sociales, le professeur Jean-Jacques Friboulet, ainsi que de celles de Thierry Collaud, professeur de théologie morale, et du Père Jan Gora, un dominicain polonais. Elles ont été suivies du témoignage de Marco Schmid, directeur national de Migratio, la Commission de la Conférence des évêques suisses (CES) pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement.

#Le pape n’achetait pas la faveur des jeunes

Aumônier des étudiants à Poznan, le Père Jan Gora, qui connaissait personnellement le pape défunt, a souligné que, dans une Europe vieillie et au christianisme fatigué, «Jean Paul II a révélé l’authenticité de ceux qui sont à la recherche de la vérité et de l’amour; il a cru en la jeunesse en quête de vérité, en la jeunesse étudiante».

A l’inverse des politiciens, affirme-t-il, «il n’achetait pas la faveur des jeunes, il ne diminuait pas ses exigences pour leur plaire. Il n’avait pas peur des jeunes qui sont particulièrement sensibles à toute fausseté. Il les rencontrait et ne craignait pas ceux qui lui posaient des questions difficiles. Il les traitait sérieusement en donnant des réponses difficiles. Il leur apprenait l’amour et la responsabilité». Qualifiant le pape polonais de «poteau indicateur», il rappelle qu’il a laissé en héritage ce que l’on a appelé «la génération JPII», une génération de jeunes qui n’ont plus peur, ne craignent plus, qui ont commencé à ouvrir au Christ les portes de la politique, de l’économie, de la civilisation et de la cultures. «Ces espaces, qui jusqu’alors avaient été gardés et réservés au monde profane, à la laïcité, ont connu à nouveau la présence vivante du Christ!» (apic/be)

20 mars 2012 | 18:14
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 5  min.
Fribourg (616), Université (84)
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