La basilique de l'Abbaye de Saint-Maurice éclairée à la flamme. Lumina 2017 | © Bernard Hallet
Suisse

Jean-Michel Girard: «Je suis sûr que la lumière va faire du bien»

Nommé administrateur apostolique de l’Abbaye de Saint-Maurice, le chanoine Jean-Michel Girard s’attelle à une lourde tâche. L’ancien prévôt  du Grand Saint Bernard est d’abord là pour aider la communauté dans une situation dramatique. «Je suis sûr que la lumière va faire du bien», relève-t-il.

Dans une longue interview au Nouvelliste, Jean-Michel Girard répond aux objections sur sa nomination par Rome et explique le rôle qu’il entend jouer à la tête de l’Abbaye. Les révélations des cas d’abus sexuels et les retraits successifs de l’Abbé puis du prieur ont conduit le Vatican à le nommer, le 28 novembre 2023, comme administrateur apostolique de la communauté qui compte aujourd’hui 28 chanoines.

«Ma mission est d’occuper la fonction d’Abbé à titre temporaire. En temps normal, il s’agit de maintenir l’unité de la communauté, de la présider et de faire en sorte que chacun s’y sente bien pour accomplir sa mission», explique d’emblée le chanoine Girard.

Dans le contexte actuel des dénonciations d’abus sexuels commis par des chanoines, Jean-Michel Girard veut «que la lumière complète soit faite sur ces situations, par respect pour les victimes, c’est le moins que l’on puisse faire, mais aussi pour éviter de fausses accusations et pour prendre toutes les mesures nécessaires.»

Pas désigné pour s’occuper des abus, mais de la communauté

L’ancien prévôt des chanoines du Grand-Saint-Bernard espérait pouvoir passer une retraite paisible au Simplon où il s’était établi depuis la fin de son mandat, au printemps 2023. «Honnêtement je ne suis pas là de gaieté de cœur, mais je viens volontiers donner un coup de main temporaire.» (…)

«Quelqu’un d’extérieur me semblait un choix plus approprié. Mais pour que la communauté continue de vivre, le fait que j’ai présidé une communauté semblable au Grand-Saint-Bernard faisait sens. Il faut bien avoir à l’esprit que je ne suis pas désigné pour m’occuper des abus en tant que tels.» Le chanoine Girard réfute aussi l’idée de nommer un laïc pour diriger l’Abbaye. «Ça n’aurait eu aucun sens, de mon point de vue, à ce poste pour diriger la communauté.»

Faire appel à des laïcs pour traiter les cas d’abus

L’administrateur apostolique précise cependant que «pour traiter des cas d’abus sexuels en tant que tels, faire appel à des laïcs me paraît indispensable. On a besoin de gens plus compétents que nous, avec plus de recul et avec un point de vue plus neutre sur la situation. (…) Comme nous n’avons pas été capables de faire la lumière par nous-mêmes sur ces cas, il me semble évident qu’il faut avoir l’humilité de demander une aide externe.»

Vers des mesures provisoires ?

Le chanoine Girard confie qu’il n’a pas encore eu l’occasion de se pencher sur les cas des quatre chanoines présents à Saint-Maurice et mis en cause par les révélations des médias (cinq autres sont décédés NDLR). «S’il y a une instruction du point de vue civil ou canonique, il est possible et souvent nécessaire de prendre des mesures provisoires (habituellement une interdiction ou une restriction de ministère NDLR).»

Interrogé sur l’avenir de l’Abbaye, son administrateur se veut optimiste: «Je suis sûr que la lumière va faire du bien. L’institution a tout à gagner d’accepter cette lumière. Il faut aller jusqu’au bout. Ce sera bénéfique, bien entendu d’abord pour les victimes, mais aussi pour l’Abbaye.» (cath.ch/nv/mp)

La basilique de l'Abbaye de Saint-Maurice éclairée à la flamme. Lumina 2017 | © Bernard Hallet
6 décembre 2023 | 10:21
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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