Jamais autant de personnes n'ont quitté l'Eglise
En 2019, les sorties de l’Eglise catholique en Suisse ont été plus nombreuses que jamais, révèlent les statistiques de l’Institut suisse de sociologie pastorale (SPI). Fait troublant: des personnes plus âgées qu’auparavant tournent le dos à l’Eglise.
31’772 personnes ont quitté l’Eglise catholique en 2019. C’est un quart de plus qu’en 2018, souligne le SPI, basé à Saint-Gall, dans un rapport publié le 19 novembre 2020. La tendance à la hausse se confirme donc, alors qu’en 2018, également un quart de plus de départs avaient été observés par rapport à 2017 (19’893).
Selon Urs Winter-Pfändler, directeur de projets au SPI, ces sorties massives s’expliquent par plusieurs facteurs. Il note une «accumulation de problèmes d’image» pour l’Eglise. La continuation des scandales d’abus sexuels a certainement joué un rôle. Les critiques de discrimination à l’égard des femmes dans l’Eglise se sont aussi accentuées ces dernières années. Elles ont été médiatisées avec le départ d’éminentes femmes catholiques et la grève des femmes, organisée également au sein de l’Eglise en 2019.
L’exemple des jeunes
Le sociologue suppute en outre que le fait de sortir de l’Eglise est socialement de mieux en mieux accepté. Et ce dans de nouvelles couches de population. Le SPI a relevé que, dans le canton de Saint-Gall, pris comme «échantillon» représentatif, 24 % des départs concernaient des personnes âgées entre 51 et 65 ans. Ils ne représentaient que 16% du total en 2011.
Les jeunes entre 25 et 35 ans constituent toujours la majorité des sorties d’Eglise. Cela correspond à l’âge où ils réalisent qu’ils doivent payer un impôt ecclésiastique. Les chercheurs du SPI estiment que l’exemple des jeunes pourraient rendre cette démarche davantage acceptable chez les personnes plus âgées.
Même tendance chez les protestants
L’institut saint-gallois a également relevé des différences importantes entre les cantons. Genève, le Valais, Neuchâtel et Vaud, par exemple, n’ont pratiquement pas enregistré de départs. Cela s’explique par les différents systèmes d’imposition selon les cantons. Dans les cantons romands «épargnés», la motivation de quitter l’Eglise pour économiser des impôts n’existe pas. Le canton de Bâle-Ville a le taux de retrait le plus élevé, à 4,9%. De manière générale, les départs sont moins importants dans les cantons de tradition catholique.
A noter que le taux moyen suisse de sorties d’Eglise (1,4%) est similaire à celui des pays voisins (1,2% en Allemagne et 1,3% en Autriche).
Le SPI note que la tendance est semblable dans les Eglises protestantes de Suisse. Le nombre de départs y a augmenté de 18% en 2019. Fin 2018, l’Église réformée comptait encore 2,15 millions de membres. En comparaison, environ 3,1 millions de catholiques vivaient en Suisse fin de 2019. Alors qu’ils étaient 3,18 millions fin 2018. (cath.ch/com/rz)