Il en savait trop sur les activités de Cosa Nostra
Italie: Le banquier Calvi a été assassiné par la mafia sicilienne
Rome, 24 juillet 2003 (Apic) Le banquier Roberto Calvi, retrouvé pendu sous un pont à Londres en 1982, a été descendu par la mafia sicilienne. C’est ce qu’affirment les procureurs Anna Maria Monteleone und Luca Tescaroli, selon un article publié aujourd’hui par le quotidien «La Republica».
Selon les deux procureurs de Rome, Calvi avait perdu une forte somme, que lui avait confiée Cosa Nostra, en raison de mauvaises spéculations. De plus, le banquier en savait trop sur les affaires de la mafia sicilienne, notamment sur le recyclage de l’argent mafieux à travers la Banco Ambrosiano et l’Institut des Oeuvres de Religion (IOR), la banque du Vatican.
Quatre personnes mêlées à son assassinat ont été mises en accusation par les procureurs. Le mandataire principal du meurtre a été identifié en la personne du parrain Pippo Calo, en prison depuis 1985, relève le quotidien italien. Les magistrats romains ont également inculpé les entrepreneurs Ernesto Diotallevi et Flavio Carboni, ainsi que l’amie de ce dernier, Manuela Kleinszig, résidant en Autriche. Tous sont accusés de «meurtre aggravé et prémédité».
Lorsque Roberto Calvi a été retrouvé au bout d’une corde sous le «Blackfriars Bridge» à Londres, le 18 juin 1982, la justice britannique a d’abord conclu à un suicide. Sa famille affirmait alors qu’il avait été assassiné et avait demandé aux autorités italiennes d’ouvrir une nouvelle enquête. Ce qui a été fait en 1992.
Des transactions peu transparentes
Le banquier a dirigé la «Banco Ambrosiano», de Milan, de 1975 jusqu’à sa faillite en 1981. Roberto Calvi a cherché à empêcher cette banqueroute par tous les moyens, y compris par des transactions qui ne se distinguaient pas par leur transparence. A cette fin, selon les médias, il a également blanchi de l’argent pour la mafia et pour la loge maçonnique P2. Puis il a utilisé des lettres de créance de l’archevêque américain Paul Marcinkus, alors directeur de l’IOR, la banque du Vatican. La presse italienne de l’époque a émis l’hypothèse selon laquelle la mafia, la loge P2 et le Vatican avaient un intérêt dans l’assassinat de Roberto Calvi. Sa gestion a laissé un trou de 1,4 milliard de dollars, puis un second trou, d’environ 250 millions de dollars, dans les caisses de l’IOR, son principal actionnaire.
La justice italienne avait inculpé Mgr Marcinkus dans cette affaire mais le cardinal américain a bénéficié de la protection du pape Jean Paul II. Il a quitté en 1990 le Vatican pour se retirer aux Etats-Unis. (apic/cic/ag/bb)