Ils ne peuvent se marier, car Israël ne connaît pas le mariage civil
Israël: Près de 250’000 immigrants en Israël ne sont pas reconnus comme juifs
Shoham, le 17 janvier 2002 (APIC) Le mariage civil n’existe pas en Israël, de même que le mariage entre conjoints qui n’ont pas la même religion. Près de 250’000 immigrants en Israël, originaires principalement d’ex-URSS, ne sont pas reconnus comme juifs. Ils ne peuvent par conséquent pas se marier dans l’Etat hébreu. Certains se rendent à Chypre pour convoler en justes noces.
Une élue locale, l’avocate Irit Rosenblum, qui milite dans le mouvement «Nouvelle Famille», tente de faire avancer l’idée du mariage civil. En effet, les enfants des couples d’immigrants non reconnus comme juifs ne peuvent pas marier des juifs en Israël. Malgré les sévères mises en gardes du procureur général d’Israël, Elyakim Rubinstein, la vice-présidente de Conseil régional de Shoham, près de Lod, a civilement uni un homme non reconnu comme juif avec une juive. La cérémonie a eu lieu devant les bâtiments du Conseil, sous les quolibets du public présent.
Doutes sur la judaïté de la mère
Irit Rosenblum, qui a célébré dimanche en toute illégalité ce mariage civil mixte, a expliqué qu’il s’agissait d’un couple d’immigrants issus de l’ancienne Union Soviétique. Tous deux ont servi dans l’armée et fréquenté l’Université. Ils sont considérés comme bien intégrés dans la société israélienne. Pourtant, le simple fait qu’il existe des doutes sur la judaïté de la mère du conjoint rend officiellement impossible tout mariage de ce type. Avoir une mère juive est, en effet, la condition essentielle de la reconnaissance d’un juif comme tel.
Il y a six mois Irit Rosenblum a demandé au Ministère israélien des Affaires religieuses d’aménager un registre de mariage pour les personnes ne pouvant être unies par le rabbinat en Israël. Cependant, déplore-t-elle, «aucune solution n’a été trouvée pour les immigrants de l’ancienne Union Soviétique, alors qu’il existe pourtant un registre spécial à l’intention des falachas, les immigrants juifs d’Ethiopie».
Dans sa mise en garde, le procureur général Elyakim Rubinstein a déclaré que les cérémonies de mariage ne font pas partie des prérogatives d’un conseil régional ou de sa vice-présidente. Il explique que «chaque citoyen a le droit ne pas être d’accord avec le statu quo légal, mais quand un élu conduit une telle cérémonie dans l’enceinte d’un conseil régional, c’est un défi ouvert à la loi, de même qu’un usage illégal des locaux d’un conseil régional».
Un état de détresse
Le ministre israélien de l’intérieur Eli Yishai a confirmé que «ce genre de cérémonie n’est pas valable et elle peut induire le public en erreur». Il a ajouté qu’un avocat ne peut pas exploiter sa position de membre d’un conseil régional pour traiter de sujets qui ne sont pas de son ressort. La directrice du Forum pour la liberté de choix dans le mariage, Zamira Segev, a pour sa part déclaré que cette cérémonie de mariage est un acte symbolique et exprime la détresse due à la situation légale actuelle. Il y a notamment en Israël environ 250’000 immigrants de l’ex-Union Soviétique qui ne sont pas reconnus comme juifs et «dont les enfants pourraient vouloir épouser des juifs israéliens», précise Zamira Segev. Certaine que la loi a une chance de changer, elle conclut qu’il est «inconcevable que dans un Etat démocratique, des personnes doivent se rendre dans un autre pays pour pouvoir se marier». (apic/jpost/sh)