Conseil Suprême Musulman défavorable à la mosquée de Nazareth

Israël-Palestine: Fermeture des lieux saints chrétiens malgré les pressions israéliennes

Jérusalem/Nazareth, 22 novembre 1999 (APIC) Malgré les pressions israéliennes de dernière heure et les demandes de l’Autorité palestinienne, les grandes Eglises chrétiennes ont maintenu lundi leur grave décision de fermer les plus importants lieux saints de la chrétienté en Terre Sainte. Shlomo Ben-Ami, le ministre israélien de la Sécurité intérieure qui a autorisé la construction d’une mosquée à côté de la Basilique de l’Annonciation à Nazareth, a qualifié la mesure prise par les chefs chrétiens de «lamentable». Il a nié que la politique israélienne obéissait à la devise «diviser pour régner».

En donnant des gages aux islamistes qui occupaient illégalement depuis deux ans le square près de la Basilique de l’Annonciation à Nazareth et en les autorisant à y bâtir une mosquée, les autorités israéliennes ont profondément divisé la ville – avec plus de 60’000 habitants, Nazareth est la plus grande localité arabe d’Israël – et se sont aliénés pour longtemps nombre de sympathies chrétiennes. La place en question, qui est propriété publique et non religieuse, devait être aménagée par la mairie pour accueillir les pèlerins et les touristes dans le cadre de Nazareth 2000, à l’occasion du Grand Jubilé.

Pour la première fois depuis de nombreuses années, le saint Sépulcre à Jérusalem, la Basilique de la Nativité à Bethléem (Palestine) et la Basilique de l’Annonciation à Nazareth (Israël) ont gardé portes closes pour les pèlerins et les touristes. Lors de la semaine sainte, des sanctuaires avaient déjà été fermés une première fois pour protester contre les agressions des militants islamistes contre les chrétiens de Nazareth, qui avaient fait plusieurs dizaines blessés lors de véritables batailles rangées.

La mesure sera à nouveau appliquée mardi pour protester contre l’érection de ce que d’aucuns appellent déjà «la mosquée de la discorde». Au-delà des motivations religieuses, les islamistes ont dans le collimateur la prise de la mairie de Nazareth, occupée par un chrétien grec-orthodoxe, Ramiz Jaraisy, élu sur la liste communiste du Hadash.

Les Eglises chrétiennes n’ont pas pris cette mesure extrême – qui porte atteinte à l’image d’Israël au plan international – de gaieté de cœur, mais après avoir longuement mis en garde les autorités israéliennes, qui n’ont tenu aucun compte des avertissements. La pose de la première pierre de la nouvelle mosquée devrait avoir lieu le 23 novembre, près de la Basilique de l’Annonciation où, selon la tradition chrétienne, l’archange Gabriel annonça à la Vierge Marie qu’elle porterait l’enfant Jésus.

Le Conseil Suprême Musulman se désolidarise des islamistes de Nazareth

Dimanche, le Conseil Suprême Musulman à Jérusalem a critiqué le projet de pose de la première pierre de la mosquée de Nazareth, mardi 23 novembre, sur la place près de la tombe du Cheikh Shehab el-Din, un parent de Saladin qui a combattu les croisés en Terre Sainte. Le Conseil Suprême Musulman explique son opposition par le fait que la proposition d’édifier une mosquée à cet endroit a été lancée par le gouvernement israélien, alors que ce sont seulement les fidèles musulmans qui ont le droit de décider d’établir une mosquée.

Le Conseil met en exergue l’unité entre les habitants de Nazareth – musulmans et chrétiens, et parmi tous les Palestiniens – existant traditionnellement depuis l’époque du Khalife Omar Ibn el-Khatab. Les autorités religieuses musulmanes rappellent également que selon la tradition séculaire, les places considérées comme saintes par l’islam et la chrétienté sont protégées, dans un esprit d’apaisement et d’unité nationale.

Des sources religieuses et politiques au sein de l’Autorité Palestinienne ont laissé entendre que le combat entêté mené à Nazareth par le Mouvement islamiste israélien a causé de grands dégâts à la cause palestinienne en suscitant la colère des Eglises chrétiennes et du Vatican, en général sensibles aux revendications nationales palestiniennes. Il semble bien que la prise de position de Conseil Suprême Musulman, qui se désolidarise des militants islamistes israéliens, a été dictée sous la pression de l’Autorité Palestinienne. Il est probable que le Mufti de Jérusalem, Akrama Sabri, ne participera pas à la cérémonie de la pose de la première pierre de la mosquée de Nazareth.

Du côté des islamistes du parti de la Liste Unie – qui visent la conquête de la mairie de Nazareth – on exprime la détermination d’aller jusqu’au bout. «L’interférence des gens de Yasser Arafat ne nous intéresse pas. Pour nous, l’édification de la mosquée sur cette place est un événement historique de grande importance», confirme Aziz Shehada, porte-parole de la Liste Unie au Conseil municipal de Nazareth. Tentant de calmer les esprits, le ministre israélien Shlomo Ben-Ami s’est engagé à sauvegarder la liberté d’accès des chrétiens à la Basilique de l’Annonciation, en construisant un poste de police sur la place convoitée. Ben-Ami a déclaré à la presse que l’Autorité Palestinienne devait rester en dehors de cette dispute, en déclarant qu’elle ne doit pas «s’immiscer dans les affaires intérieures d’Israël.» Pour ne pas jeter davantage d’huile sur le feu, aucun ministre israélien ne devrait se rendre mardi à la cérémonie de Nazareth. (apic/haar/be)

22 novembre 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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