Juifs de Cochin, en Inde (Illustration:  Jewish Encyclopedia, Wikimedia Commons)
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Israël: Des rabbins créent un tribunal indépendant pour les conversions au judaïsme

Tel Aviv, 12.08.2015 (cath.ch-apic) Un groupe de rabbins nationalistes, issus du mouvement sioniste religieux établi dans les colonies juives de Cisjordanie occupée, a mis sur pied un tribunal rabbinique indépendant pour les conversions au judaïsme. Cette initiative est en totale opposition avec le Grand rabbinat d’Israël et ces conversions ne vont probablement pas être reconnues par l’Etat.

Six enfants mineurs, nés dans des familles d’immigrants originaires de l’ancienne Union soviétique, ont été convertis au judaïsme lundi 10 août au cours d’une cérémonie privée présidée par le rabbin Nahoum Rabinovich, qui dirige une yeshiva (centre d’étude de la Torah et du Talmud) dans la colonie juive de Maale Adumim.

La réforme des conversions annulée

Cette démarche a eu lieu dans le but de faciliter le processus de conversion difficile à surmonter, selon les milliers d’Israéliens qui ont dû passer par là. Le gouvernement israélien, issu des dernières élections, a annulé le 5 juillet dernier la loi sur la conversion jusqu’ici en vigueur, redonnant au ministère des cultes, aux mains du parti orthodoxe sépharade Shas, les prérogatives des tribunaux rabbiniques qui étaient sous l’autorité du ministère de la Justice depuis 2004.

Suite à l’accord de coalition passé entre le Likoud et le parti ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah, le gouvernement a ainsi abrogé la réforme des conversions qui permettait aux rabbins municipaux de se réunir en tribunaux religieux pour procéder à des conversions,.

Le monopole des conversions remis en question

Suite à la décision du gouvernement, d’importants rabbins – qui affirment cependant «ne pas être en rébellion» contre le Grand rabbinat – ont décidé de procéder à ces conversions privées, rapporte mercredi le quotidien israélien «Haaretz».

Le Grand rabbinat d’Israël ainsi que les communautés juives orthodoxes – qui veulent conserver le monopole des conversions – se sont insurgés contre cette initiative. Ils ont d’ores et déjà déclaré qu’ils ne reconnaîtraient pas de telles conversions.

Le groupe de rabbins, qui a mis sur pied ce tribunal rabbinique indépendant appelé à procéder à des conversions alternatives, est dirigé par le rabbin David Stav, président de l’organisation Tzohar, et le rabbin Nahoum Rabinovich. Les responsables de la nouvelle cour rabbinique veulent traiter des cas de conversions dont le Grand Rabbinat refuse de s’occuper.

Des citoyens israéliens pas reconnus comme juifs

Bien qu’ils soient citoyens israéliens en vertu de la loi du retour (*), nombre de juifs ayant émigré de l’ancienne Union soviétique sont nés de mariages mixtes (entre un parent juif et son conjoint non juif). Ils ne sont pas reconnus comme juifs par les autorités religieuses d’Israël. Ils parlent cependant couramment hébreu et servent dans l’armée israélienne. Cette initiative dissidente a été saluée par le président de l’Agence juive, Nathan Sharansky.

L’organisation juive orthodoxe Tzohar, présidée par le rabbin David Stav, affirme sur son site internet qu’au cours de ces dernières décennies, «l’establishment religieux d’Israël est devenu bureaucratique, dysfonctionnel et hautement politique… Cela a créé des obstacles à la pratique du judaïsme, du ressentiment envers la tradition juive et continue d’alimenter une vague alarmante d’assimilation et de mariages mixtes en Israël». (apic/com/be)

(*) La loi du retour, votée le 5 juillet 1950 par la Knesset, garantit à tout juif, ainsi qu’à son éventuelle famille non juive, le droit d’immigrer en Israël.

Juifs de Cochin, en Inde (Illustration: Jewish Encyclopedia, Wikimedia Commons)
12 août 2015 | 12:34
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 2  min.
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