Islam: reprise du dialogue entre le Saint-Siège et l’Université Al-Azhar
Le dialogue entre le Saint-Siège et l’Université Al-Azhar va reprendre. Le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, se rendra en effet au Caire du 22 au 23 février 2017 pour participer à un séminaire à l’Université islamique Al-Azhar.
Il s’agit d’un premier pas dans le rétablissement des relations entre le Saint-Siège et Al-Azhar, estime-t-on au Vatican. Prévue sur le thème «Le rôle d’Al-Azhar al-sharif et du Vatican pour contenir le fanatisme, l’extrémisme et la violence au nom de la religion», le séminaire du Caire accueillera une délégation catholique emmenée par le cardinal Tauran.
Deux membres du dicastère en font partie: son secrétaire, Mgr Miguel Angel Ayuso Guixot, et Mgr Khaled Akasheh, chef du bureau pour l’islam, ainsi que le nonce apostolique en Egypte, Mgr Bruno Musaro.
Après la rencontre inédite entre le pape François et Ahmed Al-Tayeb, grand imam de la mosquée d’Al-Azhar au Caire, le 23 mai 2016, le secrétaire du dicastère pour le dialogue interreligieux, Mgr Ayuso, s’était en effet rendu plusieurs fois au Caire, en juillet et en octobre derniers, pour préparer la reprise des échanges.
«Mettre fin aux fleuves de sang» du terrorisme
Née en 1998, la commission de dialogue entre le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et l’université Al-Azhar ne s’était plus réunie depuis début 2011. L’université cairote avait alors rompu les relations de manière unilatérale, en réaction aux propos de Benoît XVI condamnant un attentat meurtrier, survenu fin décembre 2010, devant une église copte orthodoxe d’Alexandrie.
Le pape de l’époque avait demandé aux responsables des nations un «engagement concret» pour protéger les chrétiens et condamné la «stratégie de violence» menée envers ces mêmes fidèles. Les propos du pape avaient été vus comme une ingérence par l’imam d’Al-Azhar.
Après sa rencontre de mai dernier avec le pape François au Vatican, le grand imam Ahmed Al-Tayeb, plus haute autorité de l’islam sunnite, avait lancé un appel au monde entier afin de «mettre fin aux fleuves de sang» du terrorisme. «Ceux qui tuent les musulmans, et tuent aussi les chrétiens, ont mal interprété les textes de l’islam, soit intentionnellement, soit par négligence», avait-il affirmé.
Dans des propos controversés, il avait aussi ajouté que la question du terrorisme ne devrait pas être «présentée comme une persécution à l’égard des chrétiens en Orient».
Promouvoir «le respect mutuel entre catholiques et musulmans»
Avant 2011, une session de dialogue entre le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et le Comité permanent de dialogue avec les religions monothéistes – structure de l’Université islamique Al-Azhar du Caire spécialement créée pour les rapports avec le Saint-Siège – se réunissait chaque année en alternance au Caire et à Rome.
La date du 24 février avait été retenue par les deux parties en commémoration de la visite de Jean Paul II au grand cheikh Mohamed Sayed Tantawi, alors chef d’Al-Azhar, le 24 février 2000. Ces conversations bilatérales annuelles faisaient suite à l’accord du 28 mai 1998, qui engageait les deux parties à «promouvoir la compréhension et le respect mutuel entre catholiques et musulmans grâce à un échange d’informations».
Une nouvelle réunion de l’instance de dialogue devrait se tenir «probablement vers la fin de avril 2017» à Rome, avait annoncé en octobre le Bureau de presse du Saint-Siège. (cath.ch/imedia/ap/be)