Irlande du Nord: Prison avec sursis pour un avortement
Une femme de 21 ans a été condamnée, en Irlande du Nord, à trois mois de prison avec sursis, pour avoir avorté à l’aide de médicaments. L’opinion publique nord-irlandaise est profondément divisée sur ce cas.
La femme s’était procurée les pilules abortives par internet, rapporte le 5 avril 2016 le journal britannique catholique The Tablet. L’affaire est sans précédent dans cette région du Royaume-Uni.
L’avortement reste illégal, en Irlande du Nord, dans presque toutes les circonstances, ce qui n’est pas le cas dans le reste du pays.
La femme incriminée avait 19 ans lorsqu’elle est tombée enceinte. Elle a expliqué avoir été incapable, à l’époque, de payer son déplacement en Angleterre, où l’avortement est légal.
Ses colocataires ont trouvé le fœtus avorté dans un sac en plastique, à l’extérieur de la maison. Ils ont prévenu la police, qui a confirmé que le fœtus, âgé de 10 à 12 semaines, appartenait à la jeune femme.
Opinion divisée
Selon son avocat, l’accusée se sentait prisonnière du système, isolée et pensait n’avoir personne vers qui se tourner. Elle a maintenant un autre enfant avec son partenaire et tente de reconstruire sa vie.
Beaucoup d’associations en Irlande du Nord se sont insurgées contre ce verdict. Pour Patrick Corrigan, directeur local d’Amnesty International (AI), «une femme qui a besoin d’un avortement n’est pas une criminelle (…) Ce cas tragique révèle encore une fois que le fait de rendre l’avortement illégal n’empêche pas les femmes d’en avoir besoin ou de vouloir le faire».
Dans l’autre camp, les groupes pro-vie ont demandé un appel du verdict, estimant la sentence trop clémente. Bernadette Smyth, directrice d’un groupe anti-avortement, s’est inquiétée qu’un jugement «si indulgent» puisse constituer un «dangereux précédent». (cath.ch-apic/tab/rz)