On lapide en dépit du moratoire décrété en 2002
Iran : Lapidations en Iran – la plupart des victimes sont des femmes
Londres/Lausanne, 14 janvier 2008 (Apic). Neuf femmes et deux hommes attendent en Iran d’être lapidés à mort. Amnesty International lance un appel ce mardi 15 janvier aux autorités iraniennes pour qu’ « elles abolissent la peine de mort par lapidation et imposent un moratoire immédiat sur cette pratique horrible, spécifiquement conçue pour accroître la souffrance des victimes ».
Dans un nouveau rapport rendu public aujourd’hui, Amnesty International appelle les autorités iraniennes à abroger ou modifier de toute urgence la disposition du Code pénal iranien sur la lapidation. Et que soit appliqué entre-temps le moratoire sur les lapidations décrété par le responsable du pouvoir judiciaire en 2002 déjà.
La plupart des personnes condamnées à la lapidation sont des femmes. « Cela tient au fait que les femmes sont souvent victimes de discrimination », explique Reto Rufer d’Amnesty section suisse. Les femmes ont davantage de difficultés à obtenir le divorce. La déclaration d’une femme devant un tribunal ne compte que pour la moitié de celle d’un homme. En outre, les membres de minorités ethniques ne comprennent souvent pas le persan, la langue des tribunaux, d’autres ne savent souvent ni lire ni écrire. Et beaucoup de femmes n’ont tout simplement pas les moyens financiers de se payer un avocat. Les lapidations sont donc souvent la conséquence de procès inéquitables.
Un homme a été lapidé le 5 juillet 2007 alors que son exécution, contraire au moratoire en vigueur, avait été suspendue par décision judiciaire. Jafar Kiani, reconnu coupable d’adultère avec Mokarrameh Ebrahimi, avec laquelle il avait deux enfants, a été lapidé à mort dans le village d’Aghche-kand, près de Takestan, dans la province de Qazvin. La mère de ses enfants a également été condamnée à mort par lapidation.. Il est à craindre que Mokarrameh Ebrahimi ne subisse le même sort. Elle se trouve dans la prison de Choubin, dans la province de Qazvin, avec l’un de ses deux enfants semble-t-il.
Le code pénal iranien stipule la façon dont se déroulent les lapidations. « Les pierres utilisées pour infliger la mort par lapidation ne devront pas être grosses au point que le condamné meure après en avoir reçu une ou deux ; elles ne devront pas non plus être si petites qu’on ne puisse leur donner le nom de pierres. » La lapidation est exécutée sous les yeux du juge, des témoins et de spectateurs. Depuis le moratoire de 2002 plusieurs exécutions ont été conduites de cette manière. « Les lapidations sont particulièrement cruelles », a déclaré Reto Rufer, de la Section suisse d’Amnesty International. « L’objectif est clair : la mort par lapidation doit être longue à venir et provoquer le plus de souffrance possible. »
La mort par lapidation condamne une action qui n’est même pas poursuivie pénalement dans la plupart des pays du monde : l’adultère. La « discrimination » règne jusque dans l’application de cette peine barbare. Ainsi, les déclarations d’un témoin femme ne sont valables que si elles sont confirmées par deux hommes au moins. Lors de lapidations, les hommes sont enterrés jusqu’à la taille et les femmes jusqu’à la poitrine.
Amnesty International s’inquiète également dans son nouveau rapport du sort de huit autres femmes et de deux hommes qui pourraient subir la même peine. Amnesty International demande au gouvernement iranien de suspendre toutes les lapidations prévues et de supprimer définitivement la peine de mort par lapidation du code pénal, de même que la condamnation de « relations sexuelles adultérines ». De plus, en tant qu’Etat signataire du Pacte international sur les droits civils et politiques, l’Iran doit travailler à l’abolition de la peine de mort. (apic/com/vb)