Irak: le cardinal Sako débouté par la Cour suprême
La Cour suprême d’Irak a rejeté la demande du patriarche des Chaldéens Louis Raphaël Sako, d’annuler un décret présidentiel qui lui retirait sa «reconnaissance institutionnelle». Le 14 novembre, le tribunal a en effet déclaré qu’il n’avait «rien trouvé qui puisse porter atteinte à la validité des procédures» qui ont révoqué le décret.
«Le patriarche considère toujours la révocation du décret le concernant comme une décision injuste et sans justification et ne restera pas silencieux dans la revendication de ses droits», a communiqué l’Eglise chaldéenne suite à la notification de la Cour suprême irakienne, raporte The Tablet. Le cardinal Louis Raphaël Sako avait saisi la Cour suprême après que le président Abdul Latif Rashid a révoqué, en juillet, le décret 147 qui reconnaissait officiellement le cardinal Sako comme chef de l’Église chaldéenne et «responsable des dotations de l’Église», lors de sa nomination en 2013.
Le bureau du président a insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’un affront mais de «corriger une divergence juridique et constitutionnelle». Le chef de l’Eglise chaldéenne a répliqué qu’il s’agissait d’une attaque contre l’Église qui menaçait sa position et ses biens. Suite à la révocation du décret, Louis Raphaël Sako a transféré sa résidence dans la région du Kurdistan.
Le président Rashid s’est rendu au Vatican le 18 novembre et a eu des «discussions cordiales» avec le pape, le cardinal Pietro Parolin et l’archevêque Paul Gallagher, selon un communiqué du Saint-Siège.
Confrontation avec Rayan al-Kildani
Depuis des mois, le cardinal Sako est engagé dans une confrontation avec le chef des Brigades de Babylone, Rayan al-Kildani («Rayan le chaldéen»), qui voudrait s’attribuer le rôle de représentant des chrétiens en Irak. Le patriarche chaldéen accuse al-Kildani de profiter de son influence pour saisir illégalement des propriétés appartenant à des chrétiens dans la Plaine de Ninive. «Une milice ne peut pas dicter l’avenir des chrétiens», a-t-il déclaré, faisant référence aux Brigades de Babylone, soutenues par l’Iran qui, selon lui, menacent la présence chrétienne dans la plaine de Ninive.
La décision de révoquer l’autorité du cardinal Sako pour administrer les biens et les finances de l’Église chaldéenne pourrait rendre ces biens vulnérables à leur accaparement par le chef des brigades de Babylone, en particulier dans la Plaine de Ninive, dans le nord de la province de Mossoul, où se trouvent des villages historiques de chrétiens assyriens, chaldéens et syriaques et où la milice de al-Kildani est active.
Le patriarche s’est publiquement opposé à leur chef qui fait l’objet de sanctions américaines pour violation des droits de l’homme. Le cardinal Sako l’a accusé de «détourner» la cause chrétienne et de tenter de s’emparer des biens de l’Église. Dans un entretien accordé à Asia News fin octobre, le patriarche a déclaré que «les Brigades de Babylone autoproclamées persécutent les chrétiens au lieu de les défendre» et que les chrétiens peinent à trouver une protection «parce que tout est sectaire».
Il a exprimé ses craintes pour l’avenir de la population chrétienne d’Irak, qui est passée d’environ 1,5 million avant l’invasion menée par les États-Unis en 2003 à environ 250’000 aujourd’hui. «Le tableau est toujours celui d’une extrême fragilité, mais les chrétiens ne peuvent pas vivre dans un climat d’insécurité et de précarité persistantes», a-t-il déclaré. (cath.ch/tt/arch/bh)