Invité sur la RAI, le pape promeut une «éducation à la douceur»

«La douceur est considérée comme une faiblesse alors que c’est une force», a assuré le pape dans l’émission religieuse de la RAI A Sua Immagine,* diffusée le 4 juin 2023. Invité durant une heure à dialoguer sur le plateau de la journaliste Lorena Bianchetti, François a pris appui sur plusieurs témoignages de vie.

«Les médias doivent aider à se comprendre, à faire des amitiés, à cultiver l’humanisme», a déclaré le pape François, tout en reconnaissant en savoir peu sur le monde de la télévision qui n’existait pas dans l’Argentine de son enfance.

«Le complexe du paon»

Le pape a dénoncé «le complexe du paon» qui se répand dans la société actuelle, soit le culte des apparences qui s’oppose aux engagements de vie. «Dieu nous aime gratuitement, mais nous devons donner de notre personne, faire des efforts», a-t-il expliqué après un échange sur le thème du sport avec Fausto Desalu, athlète originaire du Nigeria et champion olympique avec l’équipe italienne de relais aux JO de Tokyo, en 2021. Le sprinteur a remercié le pape pour «inspirer tant de personnes, tant de générations».

«Dieu nous aime gratuitement, mais nous devons donner de notre personne, faire des efforts»

À sa question sur sa santé, le pontife argentin a répondu: «Tout va bien, encore vivant», alors qu’un épisode de fièvre l’avait contraint à annuler ses audiences le 26 mai, à la veille de l’enregistrement de l’émission.

Du bienfait des gestes de consolation

Serena et Matteo, les parents d’une jeune fille décédée dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2023, ont témoigné de la consolation ressentie suite à l’étreinte du pape François, le lendemain matin de sa sortie de l’hôpital Gemelli. Le pape avait vu la petite fille «encore vivante, une journée auparavant, mais on savait qu’elle était en fin de vie», s’est-il souvenu.

Très émue, Serena a expliqué que l’attention du pape avait allégé sa peine et que «les mamans qui se trouvent dans cette situation ne doivent pas se sentir seules». «Moi aussi, j’ai été accompagné dans les moments de douleur», a répondu le pape, qui a rappelé avoir failli mourir à 21 ans pour une maladie du poumon. «Dans ces moments, ce sont les gestes qui comptent, et le silence, pas les paroles», a insisté François.

Promouvoir la douceur et une saine inquiétude

Diana, une étudiante de 19 ans anciennement victime de harcèlement à l’école en raison de son surpoids, a témoigné avoir pensé au suicide. Le pape a reconnu que «des enfants ressentent le plaisir de torturer», ce qui se voit dans les guerres mais aussi dans la vie scolaire. En éduquant les enfants «avec affection, on peut leur faire comprendre que la voie de l’amour, de la tendresse est plus forte que celle de l’agression ou de l’indifférence», a-t-il noté.

«La vraie victoire est douce, harmonieuse, elle n’est pas agressive», a insisté François, invitant à assumer «une éducation à la douceur». «Dieu est proche, compatissant et tendre», a martelé le pape, qui a reconnu avoir rendu les coups dans son enfance bagarreuse, mais avoir ensuite évolué et mûri. Il a appris à prendre les coups et les critiques comme des opportunités de remise en question et de croissance personnelle.

«L’inquiétude est une grâce»

Interrogé sur la fragilité des jeunes en termes de santé mentale, le pape a répondu que «l’inquiétude est une grâce, car avoir le cœur inquiet» vient de Dieu. François a confié avoir «peur des cœurs tranquilles: on ne sait pas comment ils vont finir», a-t-il insisté. Mais les jeunes doivent être «éduqués dans les limites», car «ne pas leur fixer de limites, ce serait leur faire du mal». Le pape a encore insisté sur l’importance pour les parents de les élever «dans la gratuité», en leur consacrant du temps et sans se rendre «esclaves» de leur travail.

«La vraie dévotion mariale ne doit pas être centrée sur elle-même, mais pointer vers Jésus.»

Don Marco Pozza, aumônier de la prison de Padoue et proche ami du pape François, a témoigné du «regard de miséricorde» dont les détenus ont besoin malgré «le mal qu’ils ont commis dans leur vie». Le pape a insisté sur «l’harmonie du refaire», malgré le péché qui a brisé l’harmonie de la création. S’il agit avec amour, l’être humain devient «co-créateur», a-t-il souligné.

La vraie dévotion mariale

Après la diffusion d’un reportage sur l’abbaye de Montevergine, le pape a redit que sa piété mariale venait de sa grand-mère Rosa, car «Marie est celle qui nous a apporté Jésus», et Joseph est «l’homme bon qui a pris soin de Jésus». Le pape a cependant mis en garde contre certaines rumeurs d’apparitions mariales trompeuses, car «la vraie dévotion mariale ne doit pas être centrée sur elle-même, mais pointer vers Jésus».

Il a enfin rappelé que le Jubilé de 2025 a pour sens de promouvoir le rapprochement des gens entre eux et avec Dieu, et de les inciter à «imiter Dieu qui pardonne, qui ne garde pas de rancœur en Lui». (cath.ch/imedia/lb)

* Ce programme a été enregistré le 27 mai dernier dans les studios de la télévision publique italienne. Il constitue la première participation d’un pape à une émission télévisée en plateau, excepté le dialogue du pontife argentin avec des jeunes diffusé sur la plateforme Disney + en avril dernier. La participation de François à l’émission était déjà prévue le 29 mars dernier, mais elle avait été annulée au dernier moment, le pape ayant été hospitalisé d’urgence au Gemelli suite à une pneumonie.

A Sua Immagine, une émission appréciée par le pape François
Le 4 mars dernier, alors qu’il recevait au Vatican l’équipe d’A Sua Immagine, le pape François leur a confié regarder cette émission du dimanche midi, avant les angélus qu’il préside place Saint-Pierre. «Avant d’apparaître à la fenêtre, cela me plaît de la suivre pendant quelques minutes et j’ai mentionné parfois quelque contenu qui m’a particulièrement frappé.» Le pontife argentin, qui a fait le vœu il y a une trentaine d’années de ne pas regarder la télévision, fait donc une exception pour ce programme.