Intenses tractations diplomatiques au Vatican entre le président colombien et son prédécesseur
Pour la première fois depuis la signature des accords de paix en Colombie, le pape François a reçu ensemble, le 16 décembre 2016 au Vatican, l’actuel président colombien Juan Manuel Santos Calderón, en compagnie de son prédécesseur Alvaro Uribe. Ce dernier est le principal opposant à l’accord de paix entre les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie, extrême gauche) et le gouvernement colombien.
Un peu plus tôt dans la matinée, le Souverain pontife avait reçu au Vatican pendant une vingtaine de minutes chacun des deux protagonistes séparément, a annoncé le Bureau de presse du Saint-Siège. L’audience entre le pape et l’actuel chef d’Etat colombien, Juan Manuel Santos Calderón, prix Nobel de la paix 2016, était déjà prévue au programme pontifical. C’est la troisième fois que le pape François le reçoit, signe de l’implication du Saint-Siège. «Nous avons besoin de votre aide», a lancé le président au pontife, en préambule de l’entrevue.
Selon le communiqué du Saint-Siège, «les discussions se sont déroulées dans un climat de grande cordialité, confirmant les bonnes relations existantes entre le Saint-Siège et la Colombie». Le soutien du pape au processus de paix a été «apprécié» par l’Etat colombien, est-il aussi précisé. Le Saint-Siège a aussi souligné «l’importance de la rencontre et de l’unité des forces politiques colombiennes», y compris les FARC. L’Eglise locale pourra continuer à offrir sa contribution, poursuit le communiqué, «en faveur de la réconciliation nationale et de l’éducation au pardon et à la concorde». Le président Santos Calderón a également rencontré le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, et Mgr Paul Richard Gallagher, Secrétaire pour les relations avec les Etats.
Un dialogue sincère pour un moment historique
Son prédécesseur, Alvaro Uribe, a en revanche été invité au Vatican seulement la veille, 15 décembre, par le cardinal Pietro Parolin, a fait savoir la présidence colombienne. Alvaro Uribe avait rencontré le 12 juillet dernier au Vatican le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège. L’ex-président avait expliqué son opposition à la signature des accords de paix, notamment du fait de «l’amnistie totale pour le trafic de drogue» mis en place par les FARC.
Lors de la rencontre privée avec le pape François, le Saint-Siège précise qu’a été évoquée la «culture de la rencontre» et l’importance d’un dialogue «sincère» en ce moment «historique».
Le gouvernement colombien avait conclu en août dernier un accord historique avec les FARC, signé par le président Juan Manuel Santos et le chef de la guérilla des FARC, Timochenko. Après quatre ans de négociations, ce traité avait mis fin à un conflit armé de 52 ans, ayant fait des dizaines de milliers de morts. Le 2 octobre, les Colombiens avaient rejeté par référendum cet accord de paix. L’accord a depuis été renégocié pour intégrer les propositions de l’opposition, signé le 24 novembre puis ratifié par le Congrès. (cath.ch/imedia/mfa/ap)