Indonésie: les femmes de Banda Aceh interdites dans les bistrots après 11 heures
Banda Aceh, 11 juin 2015 (Apic) Les femmes de la ville de Banda Aceh, au nord-ouest de l’Indonésie, ne peuvent plus, depuis début juin, fréquenter certains lieux publics, comme les bistrots, après 11 heures du soir. De nombreuses voix critiquent la politique discriminatoire imposée par les islamistes radicaux qui règnent en maître dans la province.
Les cafés internet, les sites touristiques, les infrastructures sportives et les salles de loisirs sont tenues de refuser leurs services aux femmes après 11 heures, à moins qu’elles ne soient accompagnées de leur mari ou d’un membre de leur famille. Les femmes ne peuvent pas non plus travailler dans ces endroits après le couvre-feu, rapporte le 10 juin 2015, l’agence d’information catholique Ucanews.
Illiza Sa’aduddin Djamal, maire de Banda Aceh, a déploré que la mesure ait été «politisée». Il a expliqué qu’au départ, elle avait pour objectif de protéger les femmes contre le harcèlement sexuel.
Banda Aceh est le chef-lieu de la province d’Aceh, la seule province indonésienne appliquant la charia (loi islamique) et punissant l’homosexualité, les jeux de hasard et la consommation d’alcool par la flagellation.
La violence est surtout domestique
Yuni, une jeune employée de café interrogée par Ucanews, s’inquiète de l’impact de la nouvelle mesure sur son salaire. Elle se dit également sceptique sur la capacité du couvre-feu à empêcher le harcèlement sexuel, notant que ce dernier peut se produire à n’importe quelle heure de la journée.
Rosalina Rasyid, activiste pour le droits des femmes dans la province se demande pourquoi les femmes sont toujours la cible des nouvelles mesures du gouvernements. Elle remarque que le couvre-feu ne représentera pas une grande protection pour les femmes contre la violence, du moment que beaucoup d’abus se produisent dans le cadre domestique. Rosalina Rasyid craint que l’initiative du maire de Banda Aceh ne se répande dans toute la province.
Les directives de couvre-feu ont néanmoins attiré l’attention du gouvernement national. Le vice-président indonésien Jusuf Kalla s’est demandé publiquement si la mesure était opportune. (apic/ucan/rz)