Inde: On ne touche pas à Mère Teresa
New Delhi, 24 février 2015 (Apic) Les propos d’un chef nationaliste hindou accusant Mère Teresa d’avoir agi dans «le but précis de convertir au christianisme les personnes à qui elle venait en aide» ont suscité une vive réaction des responsables catholiques indiens.
«L’œuvre réalisée par Mère Teresa aurait pu être bonne, mais elle était menée dans un but précis: convertir au christianisme les personnes à qui elle venait en aide» a déclaré le 23 février Mohan Bhagwat, chef de l’organisation nationaliste Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS – Corps national des volontaires), rapporte l’agence d’information des Missions étrangères de Paris «Eglises d’Asie»
Cette mise en cause de la fondatrice des Missionnaires de la Charité a poussé l’Eglise catholique à réagir vivement. La Conférence des évêques catholiques d’Inde (CBCI), dans un communiqué du 24 février, a dénoncé avec douleur et inquiétude le fait que la réputation d’une personne aussi sainte que Mère Teresa soit mise en cause en attribuant des motifs cachés à une vie toute entière consacrée à l’aide humanitaire apportée aux pauvres et aux malades. .
«A la question sans cesse répétée des motifs qui la poussait à offrir un service si effacé aux pauvres et aux souffrants, elle a toujours répondu qu’elle voulait aider un hindou à vivre en meilleur hindou, un musulman à vivre en meilleur musulman et un chrétien à vivre en meilleur chrétien, dans le respect de la dignité d’être humain de chacun», rappellent les évêques.
Une déclaration politique
Selon les observateurs, la déclaration du chef du RSS sur Mère Teresa a une visée politique. Elle intervient en effet au moment où le Premier ministre Narendra Modi et certains des membres de son gouvernement multiplient les déclarations d’apaisement en direction des minorités religieuses.
Après une série d’attaques contre des églises chrétiennes, à Delhi et dans sa région, ainsi que des cérémonies de prétendues ‘re-conversion’ à l’hindouisme de musulmans le Premier ministre s’était vu reproché son silence. Il s’est finalement exprimé le 17 février. Alors qu’il assistait à un rassemblement national de catholiques syro-malabars, en présence du cardinal George Alencherry, il déclarait: «Nous ne pouvons accepter aucune violence contre aucune religion sous aucun prétexte que ce soit et je condamne fermement de telles violences. Mon gouvernement agira avec fermeté à cet égard.» La mise en cause de Mère Teresa par le chef du RSS peut aussi signifier que le Premier ministre devra continuer de compter avec l’aile la plus militante du mouvement hindouiste.
Entre-temps, des organisations chrétiennes et musulmanes ont appelé à une grande manifestation le 28 février prochain, à Chennai (Madras), pour dénoncer les attaques contre les églises et les cérémonies de re-conversion. Tous les partis politiques ont été invités à y participer, à l’exception du BJP et de ses alliés. (apic/eda/mp)