Inde: Obama sermonne Modi sur la liberté religieuse

New Delhi, 29 janvier 2015 (Apic) «L’Inde sera freinée dans son développement tant qu’elle sera divisée religieusement». C’est par ces mots que le président américain Barack Obama a mis en garde, le 27 janvier 2015, le Premier ministre indien nationaliste Narendra Modi, souvent accusé d’encourager les dissensions religieuses dans le pays.

C’est seulement à la fin de sa visite de trois jours aux allures d’idylle politico-médiatique que le président américain a lancé cet avertissement au leader de l’Inde nationaliste, rapporte Eglises d’Asie (EdA), l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris. S’adressant à un auditoire constitué de 1’500 jeunes, Barack Obama a tenu à rappeler que la Constitution indienne était fondée sur la liberté religieuse et devait assurer à chacun la possibilité de pratiquer sa foi sans crainte de persécution. «Nulle part ailleurs qu’en Inde il n’est plus important, il n’est plus nécessaire, que ces valeurs fondamentales et la tolérance religieuse soient préservées», a-t-il affirmé.

Premier président américain à être l’invité d’honneur des célébrations du Jour de la République indienne, célébré le 26 janvier, Barack Obama est arrivé à New Delhi le 24 janvier au soir. Bien plus qu’un simple échange de courtoisie, la venue du président américain marquait l’aboutissement d’une politique de séduction menée par Narendra Modi, en vue de réchauffer les relations entre les deux grands pays, sérieusement refroidies depuis quelques années, en particulier depuis son élection à la tête du pays, affirme EdA. En 2005, l’actuel Premier ministre indien, qui souffre d’une réputation sulfureuse aux Etats-Unis, s’était vu refuser un visa pour Washington en raison des émeutes antimusulmanes de 2002 qui avaient ensanglanté l’Etat du Gujarat, dont il était alors le dirigeant et qu’il est accusé d’avoir encouragé.

Un rapprochement?

Comme l’espérait Narendra Modi, outre le dégel des relations indo-américaines, la rencontre a pu déboucher sur un accord de relance de la coopération entre les deux pays sur le nucléaire civil, bloquée depuis 2008. Durant la visite d’Obama, les journaux indiens se sont unanimement extasiés sur la bonne entente manifestée par les deux chefs d’Etat, lesquels ont multiplié les accolades et plaisanteries amicales. «Barack et moi avons développé une véritable amitié», a ainsi déclaré le Premier ministre indien, soulignant que cela rapprochait «Washington et New Delhi mais également les peuples des deux pays».

C’est dire combien le dernier discours d’Obama a été ressenti comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu. S’adressant aux «forces vives et à la jeunesse de l’Inde», le président américain a parlé durant 40 minutes aux étudiants réunis à New Delhi de la responsabilité de l’Etat indien dans le réchauffement climatique, mais aussi et surtout de liberté religieuse et de non-discrimination. Il a fustigé le fondamentalisme et rappelé que la Constitution indienne et la démocratie assuraient l’égalité de chacun quels que soient sa classe sociale, sa religion, son sexe ou encore son origine ethnique.

273’000 «reconvertis» à l’hindouisme

Depuis l’élection du nationaliste Narendra Modi en mai dernier, les violences interreligieuses ont considérablement augmenté en Inde, suscitant l’inquiétude de la communauté internationale. Selon un récent rapport de l’ONG «Catholic Secular Forum», basée à Bombay, environ 273’000 personnes issues des minorités ont été «reconvertis» à l’hindouisme dans le seul Etat de l’Uttar Pradesh en 2014. Des chrétiens ont été tués dans des attaques menées par des hindouistes, de nombreux lieux de culte ont été détruits et des lois et des décrets restreignant la liberté religieuse au profit de l’hindouisme ont été promulgués. (apic/eda/rz)

29 janvier 2015 | 09:31
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
Barack Obama (13), Inde (266), Narendra Modi (33)
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