Inde, les violences antichrétiennes au Chhattisgarh empirent
«Les chrétiens du Chhattisgarh sont devenus des réfugiés dans leur propre État et vivent dans la peur.» Une délégation d’Ecclesia United Forum a fait appel, le 23 février 2023, à Bhupesh Baghel, chef du gouvernement de cet État indien, l’exhortant à prendre des mesures immédiates pour mettre fin à la violence extrême dont les chrétiens sont victimes.
«Les attaques brutales lancées contre les chrétiens du Chhattisgarh, en particulier dans les régions tribales, se poursuivent sans relâche», a déclaré à UCA News le Père Johnson Thekkadayil. Ce prêtre catholique fait partie de la délégation qui a rencontré Bhupesh Baghel.
Une minorité peu protégée par l’État
Les 30 millions d’habitants du Chhattisgarh sont majoritairement hindous ou animistes. Les chrétiens ne représentent que moins de 2% de la population. Le gouvernement de cet État du centre de l’Inde est dirigé par le Congrès national indien, un parti laïc et d’opposition de centre gauche. Le chef du gouvernement affirme que son administration a établi la paix dans la région, que des mesures rigoureuses ont été prises depuis le début de l’année contre les auteurs des violences antichrétiennes et que les chrétiens qui ont dû fuir leurs foyers sont rentrés chez eux. Ce que dément Ecclesia United Forum.
Plusieurs rapports l’indiquent: dans la région très pauvre du Bastar, dominée par les Adivasis, la violence à l’encontre des chrétiens a encore augmenté ces six derniers mois, contraignant nombre d’entre eux à quitter leur maison pour sauver leur vie. «Des centaines de chrétiens vivent encore dans les champs, sans nourriture, ni abri ni vêtements. Ils ne peuvent rentrer chez eux par peur d’être attaqués et tués», affirme le Père Thekkadayil.
Des attaques contre leur foi
Les agressions antichrétiennes prennent différentes formes, détaillées dans un communiqué de la délégation: boycotts sociaux, arrestations et enfermements arbitraires par la police, agressions, défilés d’hommes et de femmes nus, empiètements sur les terres des chrétiens et attaques contre leur foi.
Des églises ne sont pas autorisées à ouvrir et la police interdit parfois aux chrétiens de se rassembler chez eux pour la prière. Les chrétiens qui ne veulent pas renoncer à leur foi sont chassés de leurs maisons ou de leur village, voire même torturés ou mutilés. «Les églises et les maisons chrétiennes sont attaquées, pillées et démolies avec des bulldozers, peut-on lire dans le communiqué. Les documents fonciers légaux des chrétiens sont emportés et réduits en cendres.»
Atteintes à la paix des morts
Les dirigeants du village «leur dicte ce qu’ils doivent croire, où ils doivent travailler, vivre ou déménager.» Ils n’ont pas le droit d’enterrer leurs morts. Pire, «des assaillants exhument les corps et obligent les chrétiens à les déposer hors de leurs villages», indique le communiqué. Il est en outre interdit aux commerçants des villages de vendre des biens de consommation aux chrétiens, et à ces derniers de puiser de l’eau dans les puits publics.
Arun Pannalal, président du Forum des chrétiens du Chhattisgarh, décrit sur RFI des attaques orchestrées et coordonnées depuis la période de Noël. Le 2 janvier dernier, l’archevêque Victor Henry Thakur de Raipur avait déjà appelé le chef du gouvernement à protéger les chrétiens après le vandalisme de l’église du Sacré-Cœur, dans le district de Narayanpur. La foule avait tout détruit à l’intérieur de l’église, y compris le crucifix. Les autorités locales avaient promis de rétablir l’ordre, mais rien n’a changé encore, estime l’Ecclesia United Forum. (cath.ch/uca news/lb)