Eleanor Roosevelt, femme du président américain, présente la déclaration universelle des Droits de l'Homme le 10 décembre 1948 | DR
Suisse

Impulsions des Eglises pour la Journée des droits humains

La Journée des Droits de l’homme du 10 décembre 2024 est l’occasion pour la Communauté des Eglises chrétiennes de Suisse (CTEC) d’attirer l’attention des fidèles sur l’article 7 de la Déclaration universelle des Droits de l’homme (DUDH) concernant l’interdiction de toute discrimination.

L’article 7 de la DUDH de 1948 stipule que «tous ont droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la présente Déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination», souligne la CTEC.

La Déclaration universelle des droits de l’homme est fondée sur la conviction de la parfaite égalité de toutes les personnes humaines en dignité et en droit (art.1). De cette commune dignité découle le refus de toute discrimination. Cette question est très sensible et actuelle dans nos sociétés occidentales, note la CTEC. D’une part, des discriminations relatives à l’origine, à la nationalité, le ‘délit de faciès’, entraînant des inégalités dans l’accès aux procédures judiciaires ou d’asile par exemple, sont régulièrement dénoncées. D’autre part, l’opinion publique est devenue très attentive aux risques de discriminations relatives à l’orientation sexuelle. 

La Déclaration universelle des droits de l’homme condamne également toute provocation et incitation à une telle discrimination. Cet aspect est devenu encore plus nécessaire depuis la généralisation des réseaux sociaux qui favorisent une communication (trop) spontanée et sans filtre, remplaçant le pilori du Moyen Âge, relève le message des Églises. Personne ne doit jamais être mis à l’écart de la société, pour quelque motif que ce soit. Le mot lui-même,«discrimination» – qui vient du latin discriminis et signifie séparé – insiste sur la dimension sociale de la personne humaine.

Sur le plan civil 

La CTEC reconnaît de nombreuses réalisations significatives comme l’accès élargi aux soins, à l’éducation ou à la culture. Toutefois, bon nombre de chantiers demeurent encore ouverts. Pourquoi tant d’obstacles subsistent-ils à une véritable intégration ou inclusion des migrants et requérants d’asile dans notre société? Qu’en est-il de sujets comme le droit de vote des étrangers ou les conditions de naturalisation? Et que dire des lenteurs à réaliser des choses aussi élémentaires que l’accès aux bâtiments publics pour des personnes à mobilité réduite? La production d’émissions en langage des signes pour malentendants, ou la meilleure intégration des personnes en situation de handicap? N’y a-t-il pas là de nouvelles formes de discriminations à questionner?

Sur le plan social

 Sur le plan social, notre pays est connu pour l’importance de ses engagements bénévoles, de son réseau solidaire et de son tissu associatif. Cependant, de nombreuses personnes «passent entre les mailles» du filet social. Comment renforcer la lutte contre les discriminations en matière d’accès à des conditions de vie dignes pour chacune et chacun?   

Sur le plan sociétal 

 Sur le plan sociétal, les thématiques relatives à l’orientation sexuelle ou aux questions de genre sont largement débattues dans nos régions. Les Églises sont régulièrement interpellées et évoluent plus ou moins vite dans ces domaines. L’article 7 de la Déclaration universelle des droits de l’homme est pour elles un élément important, tout à la fois comme un encouragement et un appel à poursuivre ces réflexions : comment toujours mieux lutter contre toute discrimination sexuelle?

Sur le plan religieux

Sur le plan religieux, les diverses confessions chrétiennes et les religions s’engagent régulièrement pour la promotion de la justice et de la paix. Pourtant, il faut bien reconnaître que de multiples discriminations se fondent sur un certain discours religieux, et que toutes les confessions doivent actuellement redoubler d’efforts pour lutter notamment contre l’antisémitisme et l’islamophobie. Comment pouvons-nous y contribuer, en tant que chrétiens, en tant que chrétienne?   

Sur le plan du dialogue œcuménique

Sur le plan du dialogue œcuménique, les Églises ont également une contribution essentielle à délivrer: comment, par leur manière d’être et de cheminer ensemble dans un esprit synodal, peuvent-elles donner témoignage d’un christianisme ouvert à la différence, accueillant à toutes et tous et attentif au respect de chaque personne et de toute situation?  

Sur le plan international  

Sur le plan international, l’engagement commun des chrétiennes et des chrétiens apparaît aussi comme une chance et une exigence: les Églises ne peuvent-elles pas apporter, par leur dimension internationale, une contribution significative à la recherche commune de la justice, de la paix et de la sauvegarde de la Création, comme autant de lieux où lutter contre toute forme de discrimination?  

Et à titre personnel

Et qu’en est-il de chacun, dans sa vie de tous les jours, au travail, dans ses loisirs ou sur les plateformes de communication, Instagram, Facebook ou autre? Nous arrive-t il de rejeter quelqu’un parce qu’il ou elle n’a pas le même «look» que celui de notre bande ou communauté, parce qu’il ou elle porte des lunettes, est «trop grosse» ou ne parle pas tout à fait comme nous, parce qu’il ou elle «performe» moins (ou trop, à l’école), n’a pas toujours les mêmes opinions, vient d’une autre culture?  Les réseaux sociaux sont devenus de véritables instruments de  discrimination où l’on peut «effacer»  quelqu’un («ghosting»), le harceler, l’isoler  sans prendre de risques et, parfois, sans réaliser  la violence du phénomène et l’impact que cela a sur la personne visée. C’est l’occasion de  réfléchir à une utilisation des réseaux qui soit  moins «discriminante», plus inclusive, plus  accueillante à la diversité. (cath.ch/com/mp)  

Eleanor Roosevelt, femme du président américain, présente la déclaration universelle des Droits de l'Homme le 10 décembre 1948 | DR
10 décembre 2024 | 16:57
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 4  min.
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