Le procès dit "de l'immeuble de Londres" a repris au Vatican le 28 septembre 2022 | © Vatican Media
Vatican

Immeuble de Londres: un proche du pape «instrumentalisé»?

La 35e audience du procès de l’affaire dite ‘de l’immeuble de Londres,’ le 10 novembre 2022, a été l’occasion d’entendre deux nouveaux témoins: Giuseppe Maria Milanese et Robert Lee Madsen. Ce dernier est un conseiller financier, alors que le premier est un proche du pape qui a expliqué avoir été instrumentalisé dans l’affaire. Les deux ont donné de nouveaux détails sur deux volets différents de l’affaire.

Giuseppe Milanese se dit «instrumentalisé» à cause de son amitié avec le pape 

Giuseppe Milanese, président d’une coopérative médicale et ami du pape François, a été le premier témoin entendu. Il est entré dans l’affaire de l’immeuble de Londres en décembre 2018, après que la secrétairerie d’État a signé des contrats donnant le contrôle de la propriété au courtier Gianluigi Torzi.

Le professeur Renato Giovannini, un homme d’affaires proche de Gianluigi Torzi, a approché Milanese pour lui présenter la situation en lui expliquant sa version des faits concernant l’immeuble.

À Giuseppe Milanese, Renato Giovannini a confié qu’il y avait dans cette affaire «les chevaliers blancs», à savoir l’avocat Manuele Intendente lui-même et le courtier Gianluigi Torzi, et de l’autre Raffaele Mincione, Enrico Crasso et Fabrizio Tirabassi. Renato Giovannini a assuré que les premiers avaient permis de trouver une solution aux problèmes de l’immeuble de Londres en donnant le contrôle de l’immeuble à Gianluigi Torzi.

Selon eux, la gestion de Raffaele Mincione avait fait perdre des sommes importantes à la secrétairerie d’État les années précédentes. Renato Giovannini a expliqué que si les accords avec Gianluigi Torzi échouaient, le Vatican subirait de nouveau des dommages importants.

En entendant ces informations, Giuseppe Milanese discute avec le substitut Mgr Edgar Pena Parra et comprend que Gianluigi Torzi a pris le contrôle de l’immeuble avec ses 1’000 actions avec droit de vote et que le Saint-Siège n’a plus la main sur l’immeuble.

Pour tenter de trouver une solution, Giuseppe Milanese organise une réunion avec le pape François, Giovannini et Torzi, le 26 décembre 2018. Durant la rencontre, Gianluigi Torzi semble prêt à rendre le contrôle de la propriété à la secrétairerie d’État, ne récupérant au passage qu’une somme d’argent, d’environ 3 millions d’euros, pour les frais encourus jusqu’à ce moment.

Mais Giuseppe Milanese a expliqué lors de l’audience que, le 5 janvier 2019, il avait retrouvé Manuele Intendente et Renato Giovannini et avait compris que Gianluigi Torzi avait changé d’avis et souhaitait recevoir 12 millions d’euros pour sortir de l’affaire. Le dirigeant de la coopérative s’est alors retiré définitivement de l’affaire.

«Il me semblait comprendre que j’avais été instrumentalisé à cause de mon amitié avec le Saint-Père», a commenté Milanese. «Ce qui me fait le plus de peine, c’est que j’ai dû mettre cette amitié sur la place publique», a-t-il ajouté.

Robert Lee Madsen et ses avertissements à la secrétairerie d’État

Après Giuseppe Milanese, Robert Lee Madsen, un consultant financier américain, a été entendu. Bien qu’il ne se soit jamais occupé directement de l’investissement de la propriété de 60 Sloane Avenue – il a expliqué n’avoir aucune expertise immobilière -, il est entré en contact avec les accusés et autres personnages impliqués dans l’affaire à plusieurs reprises au cours des différentes négociations.

Robert Madsen a travaillé au sein du comité d’investissement de l’APSA de 2010 à 2015, puis est devenu le conseiller financier principal du secrétariat pour l’Économie. Pendant cette période, il a également travaillé de manière informelle, en «donnant son appui» à Fabrizio Tirabassi et à Mgr Alberto Perlasca, dans le bureau administratif de la secrétairerie d’État. L’Américain a expliqué qu’il y avait une «bonne coopération» et qu’il assistait occasionnellement à des réunions avec des gestionnaires d’actifs et aidait les officiels du bureau administratif à évaluer les possibilités d’investissement.

Le financier a expliqué que, par exemple, il était présent lors d’une réunion entre Mgr Perlasca et Raffaele Mincione concernant l’immeuble de Londres. Robert Madsen avait alors eu «comme un pressentiment» que Raffaele Mincone «ne disait pas tout» sur l’investissement et avait dit à Mgr Perlasca de faire attention.

Plus tard, Robert Madsen a également rencontré à plusieurs reprises le substitut Mgr Edgar Pena Parra qui s’inquiétait de l’évolution des négociations concernant la propriété. Le financier lui a alors dit qu’à son avis «il faisait une erreur» et «qu’il aurait dû demander à des personnes indépendantes d’examiner la solution, et non aux mêmes personnes qui ont créé le problème», à savoir Mgr Perlasca et Fabrizio Tirabassi, qui n’étaient pas des experts du secteur immobilier anglais et ne connaissaient pas «les règles du jeu».

L’investissement en Angola

À une précédente occasion, Fabrizio Tirabassi a également demandé à Robert Madsen d’évaluer l’investissement proposé dans une structure pétrolière en Angola en 2013, projet présenté par le cardinal Angelo Becciu, alors substitut, qui précède celui de Londres. Fabrizio Tirabassi ne lui avait pas dit que la secrétairerie d’État était en train d’évaluer l’investissement et que ce projet venait du cardinal Becciu.

Robert Madsen avait évalué négativement l’investissement. Cependant, son évaluation ne concernait pas le fonds Athena, détenu par Raffaele Mincione et créé pour l’opération. Celui-ci a ensuite été utilisé pour acquérir l’immeuble de Londres.

Un autre témoin et des auditions à venir

Un troisième témoin a également été brièvement entendu par le tribunal : Antonio Perno, directeur administratif de l’hôpital pour enfants Bambino Gesù du Saint-Siège.

L’audience du 11 novembre a été annulée en raison de l’indisponibilité des témoins. La prochaine audience aura lieu le 23 novembre avec le témoignage de l’architecte en charge de l’immeuble de Londres, Luciano Capaldo. Le 24 novembre, il sera encore entendu, ainsi que Manuele Intendente, Fabio Perugia et Mgr Perlasca. Ce dernier sera également entendu le 25 novembre. (cath.ch/imedia/ic/rz)

Le procès dit «de l'immeuble de Londres» a repris au Vatican le 28 septembre 2022 | © Vatican Media
11 novembre 2022 | 16:22
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 4  min.
Partagez!