L'immeuble du scandale est situé sur Sloane Avenue, à Londres | © Timitrius/Flickr/CC BY-SA 2.0
Vatican

Immeuble de Londres: l'IOR réclame un million d'euros

Après la pause estivale, le procès de l’affaire dite ›de l’immeuble de Londres’ a repris ce 27 septembre 2023, avec la première plaidoirie d’une partie civile, celle de l’Institut des œuvres de religion (IOR), la banque privée du Vatican. L’entité financière vaticane a repris les accusations présentées par le promoteur de justice dans son réquisitoire en juillet et a demandé 987’494 euros de dommage pour préjudice réputationnel.

En juin 2019, Gian Franco Mammi, président de l’IOR, avait été le premier à dénoncer à la justice vaticane les opérations financières menées par la secrétairerie d’État concernant l’immeuble londonien. Il avait ainsi pointé du doigt les positions prises par l’Autorité d’information et de surveillance financière (ASIF, à l’époque AIF) en faveur d’un prêt demandé par la secrétairerie d’État. L’avocat de l’IOR, Me Roberto Lipari, a estimé que les dirigeants de l’AIF – institution en charge de la lutte contre le blanchiment d’argent au Vatican -, les accusés René Bruhlart (président) et Tommaso Di Ruzza (directeur), avaient « ridiculisé le système financier du Vatican ».

Mais ce n’est pas tout : Me Lipari a estimé lors de l’audience que l’argent versé chaque année par l’institution bancaire à la secrétairerie d’État a été détourné de sa destination initiale, le service du pape, pour être utilisé « dans des investissements spéculatifs ». Le promoteur de justice avait ainsi expliqué que la banque avait versé 700 millions d’euros à la secrétairerie d’État entre 2004 et 2020, afin de financer la mission du pape.

L’investissement initial dans l’immeuble de Londres a principalement été financé avec cet argent – et, marginalement, avec le Denier de Saint-Pierre, a souligné l’avocat. Un investissement décrit comme « incompatible avec le droit canonique » par le promoteur comme par l’avocat de la partie civile.

Pendant près de quatre heures, Me Lipari a déploré que l’argent de l’Église ait été employé « sans aucun contrôle ni précision » dans cette affaire, déplorant une « gestion autoréférentielle par un monsignore expert en droit canonique et un comptable sans expérience en matière d’investissements financiers ». Une référence au témoin Mgr Alberto Perlasca et à l’accusé Mgr Fabrizio Tirabassi. « Nous avons vu l’utilisation de l’argent sans diligence, nous avons vu le chantage à l’extorsion, nous avons vu des initiés sympathiser avec les extorqueurs, nous avons vu d’énormes ressources économiques gérées sans tenir compte des contraintes imposées par les donateurs », a-t-il poursuivi, avant de conclure que « la personne offensée par le comportement des prévenus est avant tout le Saint-Père ».

L’avocat de l’IOR, qui s’était constitué partie civile contre tous les chefs d’accusation et pour tous les prévenus, a affirmé que la mauvaise gestion de l’argent de l’Église dans cette affaire a eu un impact négatif sur les bénéfices dégagés chaque années par l’IOR. Il a donc demandé 987.494 euros pour préjudice de réputation. En revanche, l’estimation des préjudices moraux n’ont pour l’heure pas été présentés au tribunal. (cath.ch/imedia/ic/cd/mp)

L'immeuble du scandale est situé sur Sloane Avenue, à Londres | © Timitrius/Flickr/CC BY-SA 2.0
28 septembre 2023 | 10:10
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!