Le cardinal Becciu, impliqué dans l'affaire de l'immeuble de Londres, clame son innocence | © Vatican Media
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Immeuble de Londres: le nouvel interrogatoire du cardinal Becciu

La 15e audience du procès de l’affaire de l’immeuble de Londres qui s’est tenue au Vatican le 18 mai 2022 a permis de poursuivre l’interrogatoire du cardinal Angelo Becciu, entamé lors de l’audience précédente. L’agence I.MEDIA a sélectionné les principales informations fournies pendant ces huit heures d’échanges – parfois musclés – entre la défense et le promoteur de justice Alessandro Diddi.

1. Le Saint-Siège n’aurait pas payé de rançon

Interrogé par le promoteur de justice sur les sommes employées pour libérer Sœur Gloria Cecilia Narvaez – une religieuse colombienne tombée aux mains des djihadistes entre 2017 et 2021 – le cardinal Becciu a refusé de répondre. Lors de l’audience précédente, il avait évoqué le versement d’un million d’euros à une agence britannique par l’intermédiaire de Cecilia Marogna.

Le fait de parler plus dans le détail de cette somme pourrait mettre en péril «la protection du Saint-Père, du Saint-Siège et des nombreux missionnaires encore présents dans des territoires éloignés et dangereux», a assuré le cardinal. Il a aussi vigoureusement réfuté l’emploi du terme de «rançon» concernant cette somme.

2. Sur Cecilia Marogna

Le cardinal est rentré plus dans le détail concernant sa relation avec celle qui se présente comme une experte en diplomatie informelle. Notamment concernant la nuit qu’elle aurait en effet passée chez lui: il a expliqué qu’elle était simplement «restée discuter jusqu’à tard» puis qu’au moment de partir, les religieuses qui travaillent chez lui ont dit «qu’elle ne voulait pas retourner à l’hôtel par peur du Covid» et qu’elle avait donc «dormi dans leurs quartiers».

Citant Les Fiancés d’Alessandro Manzoni – une des lectures favorites du pape François – il a rappelé l’épisode où Frère Christophe ouvre la porte de son monastère à la jeune Lucie pour lui venir en aide. Et a rappelé sa réponse à ceux qui protestaient: «Omnia munda mundis» – Tout est pur pour les purs, en latin.

Le cardinal a aussi assuré avoir téléphoné à la femme au moment où la presse l’avait accusée de dépenser en biens de luxe les sommes qu’on lui confiait pour libérer la religieuse. Il dit avoir été «convaincu» par ses explications, et par la suite lui avoir téléphoné quelquefois puis l’avoir rencontrée à une reprise après sa brève incarcération.

3. Une «bonne campagne de presse» contre les magistrats

Lors de l’audience, le cardinal a en revanche reconnu avoir écrit ce message à Enrico Crasso: «Au moment opportun, nous devrions avoir une bonne campagne de presse pour démasquer nos magistrats». Il a expliqué l’avoir rédigé pour soutenir un homme qui semblait «désespéré».

Le cardinal a en outre été interrogé sur ses relations avec la presse pendant cette audience.

4. Le cardinal s’est entretenu récemment avec le pape

«Ces derniers jours, j’ai demandé au pape si je pouvais parler librement et il a dit oui», a déclaré spontanément le cardinal à propos du cas de la démission de l’ancien réviseur général Libero Milone. Lors de l’audience précédente, il avait refusé par «amour envers le Saint-Père» de dire quel rôle il avait joué dans cette éviction, survenue en juin 2017.

Le pape François lui aurait en fait simplement demandé d’informer Libero Milone «qu’à partir d’aujourd’hui, il ne bénéficie plus de la confiance du Saint-Père et de lui demander de présenter sa démission», a-t-il expliqué, et il se serait exécuté le jour-même. Il a nié avoir la moindre responsabilité dans sa démission, et a assuré n’avoir fait qu’exécuter «un ordre reçu» du pontife.

5. Le cardinal continue à pointer la responsabilité de Mgr Perlasca

Le cardinal Becciu a une nouvelle fois expliqué que les investissements de la Secrétairerie d’État étaient faits «uniquement sur la base des vérifications et propositions du Bureau administratif» dirigé par Mgr Alberto Perlasca. «Je n’ai jamais pris de décisions d’investissement stratégiques», a-t-il insisté, assurant que ce fut notamment le cas pour l’acquisition de l’immeuble de Londres.

Mgr Perlasca n’aurait averti le cardinal sur «aucun aspect critique des investissements». «J’avais confiance en Mgr Perlasca», a-t-il insisté, considérant qu’il était un «expert et un connaisseur» des questions financières.

6. Une audience longue et tendue

La plus grande partie de l’audience a été occupée par l’interrogatoire mené par Alessandro Diddi, qui a présenté des centaines de documents au cardinal, ce dernier répondant inlassablement: «Je ne sais pas, je ne me souviens pas». Une situation qui a généré de nombreuses tensions, le juge Giuseppe Pignatone étant forcé de recadrer sèchement le promoteur de justice à un moment, puis d’interrompre la séance.

7. Mgr Perlasca partie civile

La constitution comme partie civile de Mgr Alberto Perlasca, demandée lors de la précédente audience, a été partiellement acceptée. Seule a été retenue la charge de subornation, dont celui qui apparaît comme le témoin clé du procès aurait fait l’objet de la part du cardinal Becciu.

8. La suite du procès

Deux audiences sont encore planifiées cette semaine, les 19 et 20 mai. Elles devraient permettre d’entendre la fin de l’interrogatoire du cardinal Becciu puis le premier interrogatoire de l’official de la Secrétairerie d’État Fabrizio Tirabassi. (cath.ch/imedia/ic/cd/rz)

Le cardinal Becciu, impliqué dans l'affaire de l'immeuble de Londres, clame son innocence | © Vatican Media
19 mai 2022 | 11:55
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 3  min.
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