Immeuble de Londres : le cardinal Filoni entendu comme témoin
Le cardinal Fernando Filoni, actuel grand maître de l’Ordre équestre de Jérusalem, a brièvement témoigné n’avoir jamais été au courant du montant des conséquentes rétrocessions versées par la banque UBS à l’accusé Fabrizio Tirabassi, lors de la 59e audience du procès de l’affaire dite ›de l’immeuble de Londres’, qui s’est tenue au Vatican le 25 mai 2023. Il s’agit probablement d’un des derniers témoignages du procès.
De 2004 à 2009, l’accusé Fabrizio Tirabassi, ex-fonctionnaire de la secrétairerie d’État, a touché plus de 1,3 million d’euros en rétrocessions versées par la banque suisse UBS, en tant que mandataire administratif de fonds appartenant à son administration. Une méthode que le promoteur de justice du Vatican considère aujourd’hui comme de la corruption.
Lors de la dernière audience, le 12 mai, le cardinal Leonardo Sandri, préfet émérite du dicastère pour les Églises orientales et substitut de la secrétairerie d’État de 2000 à 2007, était venu témoigner sur cette affaire en tant que supérieur de l’accusé pendant cette période. Successeur du cardinal argentin de 2007 à 2011, le cardinal Filoni a aussi travaillé avec Fabrizio Tirabassi, a reconnu comme le cardinal Sandri avoir signé un document confiant à son fonctionnaire le mandat de gestion des comptes.
Comme l’Argentin, l’Italien a aussi affirmé connaître la clause qui prévoyait les rétrocessions, mais a expliqué qu’elle était « générique ». Il a affirmé n’avoir « jamais su combien ou ce qui a été payé » à Tirabassi, ni même que son mandat avait été révoqué en 2009. Cette année correspond au départ de Mgr Gianfranco Piovano, chef du bureau administratif de l’époque, remplacé par Mgr Alberto Perlasca, témoin clé du procès. Interrogé le 28 octobre dernier, Tirabassi avait affirmé que Mgr Piovano était au courant des rétrocessions.
Dernière chance pour les témoins
Alors que la partie du procès concernant l’audition des témoins – avec le cardinal Filoni, ils auront été 31 à venir s’exprimer – touche bientôt à sa fin, les avocats de la défense se sont pressés de présenter leurs dernières objections et demandes au tribunal. Le juge Giuseppe Pignatone leur répondra lors de l’audience du 26 mai.
Le juge du Tribunal du Vatican a fait une nouvelle ordonnance à propos du Père Mario Curzu, directeur de la Caritas d’Ozieri, diocèse d’origine du cardinal Angelo Becciu. Convoqué comme témoin par la défense de ce dernier, le Sarde ne s’est jamais présenté. Le juge a lu une lettre de l’intéressé lors de l’audience, dans laquelle le Père Curzu justifie son absence par « des engagements pastoraux particulièrement intenses ».
Un argument qui a laissé le juge dubitatif, faisant remarquer que des cardinaux et archevêques avaient été en mesure de trouver le temps de venir témoigner. Il a donc déclaré « illégitime » et « invraisemblable » la raison avancée par le prêtre sarde. L’ordonnance sera transmise au promoteur de justice afin d’évaluer une possible infraction pour refus de témoigner.
La prochaine audience, le 26 mai, sera aussi l’occasion d’interroger l’accusé Raffaele Mincione sur des nouveaux chefs d’accusations qui ont été rajoutés lors de l’audience du 30 mars dernier. (cath.ch/imedia/ic/cd/mp)